L'administration va-t-elle cautionner ce congrès, sachant que les raisons ayant entravé le congrès de Djaballah sont toujours d'actualité. Le mouvement de redressement du parti El Islah a surpris tout son monde, ce week-end, en décidant de tenir «le premier congrès du parti» à Aïn Benian. Les invitations ont été transmises aux rédactions des journaux dans la matinée de jeudi. Et pour cause, les organisateurs n'ont pu avoir l'autorisation des services de la wilaya d'Alger que le jour même à 12h. Au niveau de la salle des fêtes Prestige, le lieu choisi pour organiser le congrès, l'ambiance est assez tendue et à l'entrée tout le monde est fouillé, les intrus (les pro-Djabballah) sont indésirables. «Nous tenons à assurer toutes les conditions nécessaires pour la réussite de ce rendez-vous important pour l'avenir du parti», précise M.Miloud Kadri, quant à Djamel Benabdesalem, il nous a déclaré que «le groupe de Djaballah a tenté ce matin (jeudi) de saboter la rencontre». Le congrès a-t-il été autorisé par les services concernés? «Bien sûr» atteste Miloud Kadri, lequel nous exhibe le document de la wilaya d'Alger. Reste que dans l'objet de l'autorisation, il n'est point mentionné le mot congrès. En fait, le mouvement de redressement a introduit une demande au nom de trois personnes: Hacène Laribi, Ahmed Boulahia et Djahid Younsi. L'objet de la rencontre est de «débattre de la situation politique». Un détail qui semble très peu inquiéter les organisateurs. «Le congrès s'inscrit dans les questions politiques qui intéressent le parti», précise M.Kadri. Benabdeslam a été très clair en précisant que «c'est une ruse utilisée avec l'autre partie pour éviter l'affrontement». 16h. M.Ahmed Boulahia lance l'ouverture officielle du congrès et par là même, annonce la fin du mandat des institutions élues, cinq ans auparavant, par le congrès constitutif. Le siège réservé à Djaballah est resté vide. «On lui a transmis une convocation par le biais d'un huissier de justice pour assister à la rencontre afin de faire son bilan financier et moral, mais il a refusé d'assister», précise Boulahia. Ce denier a rendu hommage dans son intervention «aux 1172 délégués» venus des quatre coins du pays, mais il s'avère que leur nombre a été moins important. Certains n'étaient même pas militants au sein du parti. Nous avons rencontré des jeunes dont l'âge ne dépassait pas la vingtaine: «Je suis venu pour lever la main et appuyer les décisions prises par le bureau du congrès», dira Ahmed 19 ans venu d'Annaba. «Oui je viens d'Aïn Defla mais je ne suis pas militant, maâliche», dira un deuxième. D'autres congressistes nous ont fait savoir que la date du congrès été connue depuis deux semaines. Ahmed Boulahia a précisé que «l'ère de la dictature est révolue». «Nous allons instaurer les principes de la gestion démocratique dans les institutions du parti.» La séance a été ensuite levée «pour laisser le soin aux invités de quitter la salle». Sur ce point, l'on signale qu'excepté les cadres d'Ennahda et une députée du FLN, aucune formation politique n'a répondu à l'invitation des redresseurs. «L'on comprend que la crise au sein du parti met certains dans la gêne», précise Djahid Younsi. Hier matin, il a été procédé à l'élection du conseil consultatif présidé par M.Ahmed Boulahia, qui garde ainsi son portefeuille après son éviction par Djaballah. Par ailleurs, le bureau national a élu M.Djahid Younsi, secrétaire général et de surcroît, porte- parole du parti, sachant que le poste de président a été supprimé . Dans le communiqué final du congrès, lu par M.Kamel Soualah, les congressistes ont dénoncé le refus affiché par Djaballah de présenter son rapport financier et moral. Ces derniers «se félicitent» de la «réussite de la rencontre» et lancent un appel aux militants, notamment aux députés qui restent dans le rang du président «déchu» de rallier leur mouvement. Sur le plan politique, ces derniers qui se sont montrés compréhensifs par rapport à la décision de supprimer les sciences islamiques du secondaire, affichent leur soutien indéfectible au processus de la réconciliation nationale et plaident pour l'ouverture sur d'autres idées et visions. Quelles sont les limites de cette ouverture? El Islah sera-t-il prêt à intégrer la coalition gouvernementale? Djahid Younsi, qui a rappelé que le parti a créé une commission chargée de statuer sur les candidatures pour des postes de responsabilité au «sein ou en dehors du parti», n'a pas écarté cette thèse. «Si la base approuve cette démarche, nous participerons au gouvernement». Quant à la question de participer aux élections partielles, elle semble déjà tranchée: «Nous allons prendre part à cette échéance». Quel sort sera réservé à Djaballah? «Cela ne nous concerne pas», a t-il dit. Par ailleurs, dans un communiqué rendu public hier, et signé par le vice-président du parti, Abdelghafour Saâdi, celui-ci accuse l'administration «de jouer le rôle du complice avec les redresseurs dont l'objectif est de l'affaiblir sur la scène nationale». La question actuellement reste de savoir si l'administration va cautionner ce congrès, sachant que la principale raison ayant poussé cette dernière à interdire le congrès de Djaballah, est toujours d'actualité? «Nous allons communiquer la liste des instances élues au ministère de l'Intérieur et sommes confiants de la suite qu'on donnera à notre démarche», atteste Younsi.