Il y a exactement un siècle, jour pour jour, le 2 novembre 1917, intervenait la sinistre «Déclaration Balfour», du nom du Foreign Secretary de l'époque, appellation du ministre des Affaires étrangères britannique, par laquelle le gouvernement de Sa gracieuse Majesté reprenait à son compte le plan visant à la création d'un «foyer national juif» en Palestine. C'était durant la Première Guerre mondiale (1914-1918) au cours de laquelle a été opéré le démembrement de l'Empire ottoman. La Palestine était le dernier pays encore sous l'égide de la «Sublime porte» qui avait perdu, coup sur coup, ses différentes régions en Europe, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Le Royaume-Uni qui avait de grands espoirs de récupérer à son profit les «débris» de cet Empire - riches en ressources naturelles et énergétiques - s'engagea, opportunément en faveur du sionisme naissant. En effet, ladite «Déclaration Balfour» - par laquelle le peuple palestinien sera dépossédé de ses terres et plongé dans la souffrance et le martyre pendant 100 ans aujourd'hui - est en réalité une lettre adressée par Arthur Balfour au Lord Lionel Walter Rothschild, éminence de la communauté juive britannique et grand financier du sionisme. Le chef de la diplomatie britannique - proche des milieux juifs et sionistes de Londres- nommé à son poste à la fin de 1916 -informait ainsi la «Fédération sioniste» de la décision du gouvernement britannique d' «accèder aux aspirations des sionistes» qui voulaient s'installer en Palestine. Par cette lettre, le Royaume-Uni s'engageait en faveur de l'établissement en Palestine d'un foyer national juif. Et c'est cette déclaration qui fut la première étape dans la création de l'Etat d'Israël. En effet, la promesse qu'il contenait sera mise en oeuvre durant la conférence de Paris (1919), préalable au traité de Sèvres (1920), lui-même conforté par la conférence de San Remo (1920). Très vite, le plan mis en oeuvre a dépassé les contours initialement entendus. Les sionistes n'étaient pas aveugles et ils ont profité, décennie après décennie, de leur rôle de petit gendarme des puissances que sont le Royaume-Uni puis les Etats-Unis pour régenter le Proche-Orient où les majors occidentaux régnaient en maîtres absolus sur les gisements de pétrole. Montant en puissance, le «foyer national juif» a vite fait de grossir comme une tumeur mal cernée, spoliant des terres par l'argent ou par la force brutale et drainant dans des colonies sans cesse en métastase de nouveaux arrivants, majoritairement en provenance de la communauté ashkénaze, jugée plus virulente et plus déterminée face aux Palestiniens. Le rôle de la Grande-Bretagne a été, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, totalement assumé par la nouvelle grande puissance que sont les Etats-Unis, d'autant que le lobby sioniste s'y est puissamment développé jusqu'à faire d'Israël le 51ème Etat non déclaré, mais assumé sans condition aucune. Les territoires occupés au lendemain de la guerre des Six-Jours ont encore accru l'appétence expansionniste de cet Etat et aucun accord ni aucune négociation, que ce soit à Oslo ou à Camp David, ne sont parvenus à imposer le plan «la terre contre la paix» maintes fois tenté par les pays arabes. 100 ans plus tard, la politique de Netanyahu est encore à l'image de ce qu'ont mis en oeuvre les premiers artisans de l'expansionnisme israélien.