Une trentaine de personnes qui se trouvaient sur un marché populaire ont été tuées hier dans le nord du Yémen, dans un raid aérien attribué par les rebelles houthis à l'aviation de guerre saoudienne. Au total, 29 personnes ont péri et 17 autres ont été blessées dans la localité de Sahar, a indiqué un responsable des services de santé des rebelles houthis. L'agence de presse Saba (proche des Houthisd) a accusé l'aviation de l'Arabie saoudite - qui intervient militairement au Yémen - d'être à l'origine de ce bombardement. Selon elle, le raid a fait 21 morts et 9 blessés, tous des civils. Le responsable des services de santé était, lui, incapable de dire si les victimes étaient toutes civiles. Le raid a visé un marché populaire de la localité de Sahar, l'une des sous-préfectures de la province de Saada, bastion des rebelles houthis, selon les deux sources. Saba a publié une photo montrant des corps déchiquetés et carbonisés, présentés comme des victimes du bombardement d'hier. La guerre au Yémen oppose les forces gouvernementales, qui ont été chassées en septembre 2014 de la capitale Sanaa, aux rebelles houthis, issus de la minorité zaïdite très présente dans le nord. En mars 2015, le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi a reçu le soutien d'une coalition arabe emmenée par Riyadh. Selon l'Organisation mondiale de la santé, le conflit a fait plus de 8.650 morts et quelque 58.600 blessés. La coalition anti-rebelles n'a pas réagi dans l'immédiat aux accusations des Houthis qui ont dénoncé un «nouveau crime odieux contre des civils innocents». Cette coalition a été à maintes reprises accusée de bombardements aveugles occasionnant des pertes parmi les civils. Ses commandants affirment tout faire pour minimiser ces pertes et accusent à leur tour les rebelles de se mêler aux civils ou de les utiliser comme «boucliers humains». La coalition mène ses opérations avec «professionnalisme pour préserver les civils, conformément au droit humanitaire international», a martelé dimanche le chef d'état-major saoudien, le général Adel Rahmane ben Saleh al-Banyane, lors d'une réunion à Riyadh des ministres des Affaires étrangères et des chefs militaires des pays de la coalition. «Nous ferons évoluer les règles d'engagement en tenant compte des résultats des enquêtes» sur les bavures attribuées à la coalition, a-t-il assuré. A cette même réunion, le chef de la diplomatie saoudienne a accusé l'Iran d'empêcher toute solution politique au Yémen et d'attiser le conflit. Les Houthis, qui contrôlent Sanaa et le nord du pays, «n'auraient pas pu poursuivre leurs exactions sans le soutien du plus grand parrain mondial du terrorisme qu'est le régime iranien», a déclaré Adel al-Jubeir. «L'Iran envoie des armes de contrebande aux Houthis et à leurs alliés», les partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, «et sabote tous les efforts pour une solution au Yémen, faisant échouer les négociations politiques entre le gouvernement légitime et ces milices», a ajouté le ministre. Dès le lendemain, Téhéran a qualifié ces accusations de «ridicules et sans fondement». «L'Iran a condamné dès le début l'agression (contre le Yémen) et a demandé l'arrêt de la guerre et (...) il fera tout pour arrêter cette guerre meurtrière et détestable», a déclaré le porte-parole de la diplomatie iranienne Bahram Ghassemi. Pour lui, les «fausses accusations (ne feront) pas baisser la responsabilité (...) de ceux qui ont commis des crimes hideux, notamment les meurtres, les destructions d'écoles et d'hôpitaux et la réduction de populations innocentes à la famine».