A quelques mois des élections législatives, une échéance capitale pour le pays, les islamistes se cherchent toujours... Sont-ils capables de remporter, cette fois-ci, une échéance qu'ils ont lamentablement ratée il y a cinq ans? Il faut se méfier de l'eau qui dort. Divisée, dispersée, cette mouvance initialement composée par le MSP, le PLJ de Djaballah, Ennahda, du Front du changement de Menasra et El Islah, a du mal à trouver une place sur l'échiquier politique. A quelques mois des élections législatives, une échéance capitale pour le pays, les islamistes se cherchent toujours... Sont-ils capables de remporter, cette fois-ci, une échéance qu'ils ont lamentablement ratée il y a cinq ans, alors que la vague islamiste qui a succédé aux révoltes arabes emportait tout sur son passage? En mai 2012, les islamistes algériens se voyaient, avant même que le verdict de l'urne tranche, aux premières loges de l'APN. Le pouvoir était largement à leur portée, il fallait juste se pencher pour le ramasser, pensaient-ils. C'était sans compter sur la puissante machine à gagner les élections du FLN. Echec croissant, humiliation politique, ils se sont contentés de strapontins au niveau de l'Assemblée populaire nationale, mais sans pour autant démissionner. La patience est le propre des islamistes. Ils hibernent et s'entourent de leur carapace au point de donner l'impression d'avoir disparu. Mais il faut se méfier de l'eau qui dort. Un électorat discipliné, disposant de moyens. Ils trouveront une alternative à cette situation. Certes, ils ne drainent plus les foules qui faisaient trembler les démocrates et les dirigeants du pays, mais ils restent une force politique non négligeable. Si de par le passé ils s'exprimaient dans la rue, en bombant le torse, à présent, ils ont changé de tactique. Sans bruit, sans crier, ils accentuent le travail de prosélytisme, «squattent» les association caritatives et exploitent la détresse des populations. Underground, ils effectuent un immense travail rentabilisant un bouillonnement interne d'une société qui s'islamise de plus en plus. Certains médias aidant, le terrain leur a été gracieusement cédé et ils jouent seuls. En ordre de bataille électorale ils se préparent, s'allient et mobilisent. Il y a quelques semaines, Ennahda et le Front pour la justice et le développement (El Adala) de Djaballah ont annoncé leur décision de fusionner. Quelques jours plus tard, c'est Menasra qui se rallie au MSP. Ensuite, c'est le Mouvement Ennahda qui approuve son adoption et approbation du «Projet d'alliance politique stratégique d'intégration» avec le Front pour la justice et le développement (FJD) et le Mouvement pour la construction nationale (MCN- EL Bina). Pour Abdallah Djaballah, l'alliance de sa formation avec d'autres partis islamistes ne s'inscrivait pas «dans le cadre des prochaines législatives», mais visait «le rassemblement et l'unité». Un appel du pied pour une large réunification de la mouvance en Algérie. Qu'annoncent ces alliances? Les islamistes vont-ils se contenter d'un strapontin durant les prochaines législatives? Ils «creusent» une autre piste: il s'agit de trouver le moyen de mobiliser l'électorat islamiste de tous bords pour les prochaines législatives. Le projet en question se fixe sur une alliance islamiste au sens très large du terme autour d'une même personnalité de la même obédience ou conservatrice, mais qui exige uniquement le soutien de la mouvance et de son électorat traditionnel. Un vieux projet qui tarde à voir le jour, sachant que cette mouvance est minée par des divergences inconciliables. Toutes les démarches entamées par le leader du MSP, Abderrazak Makri pour dégager une feuille de route pour la présidentielle de 2014 ont échoué. Il en remet une couche deux années plus tard et tente une nouvelle recomposition. Mais telle qu'elle est menée ce n'est qu'un juste retour à la case départ. Menasra regagne sa maison-mère, à savoir le MSP et accepte de fondre dans ce parti et Djaballah retrouve son premier amour à savoir Ennahda. Donc fondamentalement, il n'y a eu aucune nouveauté. Il y a juste une impression de mouvement. Les islamistes sont comme ces orateurs qui n'ont rien à dire mais qui le disent très bien. Ils donnent l'impression de changement, mais en réalité rien ne change. Au plan médiatique, la tactique est payante dans la mesure où ils occupent le devant de la scène politique par la grâce de médias justement. Cela étant, la recomposition de la mouvance islamiste en Algérie mérite d'être observée de plus près. Elle intervient dans un contexte mondial marqué par une irruption fulgurante d'une organisation nommée Daesh.