Constantine a reçu un président de parti euphorique. Le mouvement de dissidence, qui a failli «emporter» Djaballah et ses partisans, est bel et bien fini. C'est le numéro 1 du mouvement El Islah qui l'a annoncé, hier, à Constantine, lors d'un meeting populaire tenu au centre culturel Mohamed-Laïd Al Khalifa. Djaballah, qui est paru très en forme, a déclaré que le ministre de l'Intérieur a enfin disqualifié les redresseurs d'El Islah, dont le congrès a été jugé illégal. Visiblement conforté dans ses positions après que les autorités eurent tranché en sa faveur, le Cheikh a remercié publiquement le ministre de l'Intérieur. Pour le leader d'El Islah, les redresseurs se sont irrévocablement exclus du parti. Néanmoins, «les militants qui ont été induits en erreur, peuvent toujours réintégrer le mouvement», a-t-il dit. Il est opportun de souligner le fait que c'est à partir de Constantine que Djaballah a tenu à annoncer la bonne nouvelle à ses fidèles partisans. Considérée comme le bastion fort d'El Islah, Constantine a été touchée par le mouvement de dissidence, mais a tenu grâce aux liens solides qu'entretient Djaballah avec de nombreux cadres de son mouvement, originaires de cette ville, à l'image de Benkhalaf, numéro 2 du parti. A vrai dire, de nombreux observateurs n'avaient pas manqué de souligner que tant qu'il n'a pas perdu la bataille de Constantine, Djaballah avait encore les moyens de battre ses adversaires. Aujourd'hui, il semble que c'est chose acquise. Djaballah revient de loin, ragaillardi et tout à fait prêt à continuer la lutte. Pour lui, la question des redresseurs est classée. Il reste à attendre le verdict de la justice, prévu pour mardi prochain, à propos de la plainte déposée contre lui par ses adversaires où les infidèles, comme il aime à les appeler. Profitant de ce moment d'euphorie, il a réitéré les positions de principe défendues par son mouvement. Evoquant la dimension sociale de l'Etat algérien telle que définie par la proclamation du 1er Novembre 1954, il a longuement critiqué la situation dans laquelle vit la population algérienne sur les plans de l'emploi, du logement, et de la santé. Il s'est vivement interrogé sur l'absence de l'Etat face aux préoccupations populaires. «Les caisses sont pourtant pleines», a-t-il remarqué. Et d'ajouter: «Nombreux sont les Algériens qui souffrent encore de la faim.» Revenant sur la suppression de la filière des sciences islamiques, il a affirmé qu'il n'a pas été vraiment surpris. Selon lui, les réformes de l'école, du code de la famille et de la nationalité entrent dans le cadre d'un vaste plan appelé «mondialisation qui ne vise en fin de compte qu'à mettre en péril la souveraineté de l'Algérie». Pour Djaballah, tous les principes énoncés dans la proclamation du 1er Novembre 1954, «un Etat souverain, social et démocratique dans le cadre des principes islamiques», reste de la récupération. Pour lui, la souveraineté militaire, sécuritaire, économique et politique reste à parfaire.