Une foule compacte a pris part à la manifestation du jour, initiée par le FFS à Tazmalt. Le Front des forces socialistes de Béjaïa a entrepris, depuis hier, sa campagne de riposte contre la dissolution des assemblées locales de Kabylie, considérée au demeurant comme «un coup de force juridique contre les élus, représentants légitimes de la population». Comme lors de l'annonce de la signature en janvier 2004 de l'accord additionnel portant dissolution des assemblées locales, le choix a été porté sur la ville de Tazmalt, fief par excellence du FFS, pour marquer la désapprobation et tenter de mobiliser la base militante et sympathisante. Une foule compacte a pris part à la manifestation du jour, initiée à Tazmalt, par la section locale du parti. La mobilisation n'a pas été à la hauteur si l'on considère l'enjeu de l'heure, mais étant une action locale concernant uniquement la population de Tazmalt, les responsables du FFS l'estiment conséquente. Il était environ 9 heures du matin lorsque des citoyens, tous âges confondus, affluèrent vers la place de la mairie, lieu du départ de la manifestation. Les organisateurs mettaient en place le cordon de sécurité pendant que le premier carré se formait avec une unique banderole sur laquelle on pouvait lire: «Pour l'avènement d'une 2e République». A dix heures, la procession humaine s'engage dans l'artère principale scandant des slogans hostiles à Ouyahia et aux archs. «Assa azekka FFS yella yella», «Ulach rouah ulach», «Si Hocine, nous restons des opposants» criaient à tue-tête les marcheurs. Après un tour dans la ville, la marche s'achève sans incident au point de départ. Un meeting s'est tenu devant la même foule qui n'a pas grossi. Le 1er secrétaire de la section sera le premier à intervenir pour saluer la participation «qui honore la ville», dira-t-il avant de souligner que «le combat continuera pacifiquement comme depuis 1963.» S'adressant à ceux qu'il qualifie de «destructeurs de la Kabylie», l'orateur lancera «nos élus ne partiront pas.» «Nous avons ramené la paix à Tazmalt, nous l'avons retirée des mains de la mafia et nous demeurerons aux côtés du peuple», soutiendra Bouzid Amara avant de s'interroger: «Si nos élus sont des indus élus, qu'en est-il de ceux qui les ont élus? Sont-ils des indus citoyens?» Lui succédant, le vice-président axera son intervention sur la gestion de l'APC: «Nous ne sommes pas venus pour des terrains et des logements», clame-t-il sous les applaudissements de la foule. Bouaïche Ikhlef, nouveau fédéral de Béjaïa, a tenu un discours purement politique lançant des flèches directement à l'endroit du chef du gouvernement et des délégués des archs. «Les archs sont les ambassadeurs d'Ouyahia», tonne-t-il et comme pour être plus explicite, il rappellera «l'exclusion d'Abrika du MCB en 1991 lorsqu'il avait négocié au nom du mouvement». «Aujourd'hui, il est toujours là, soutenu par ceux qui ont cassé la grève du cartable», souligne-t-il. «Il y a des lignes rouges à ne pas franchir» déclare l'ex-député du FFS qui soutient que «le FFS sera toujours là pour faire barrage au projet totalitaire». Il terminera par l'annonce d'un conseil fédéral, vendredi à Akbou, en présence de tous les élus et responsables du parti pour donner suite aux événements. Tout comme il a fait appel à une participation massive à une autre marche à Souk El Thenine jeudi prochain. Khaled Tazaghart, enfant de la région et ex-secrétaire national à la jeunesse, sera le plus virulent en s'en prenant particulièrement au chef du gouvernement et à «ses supplétifs de la région de Kabylie». «Ce coup de force juridique ne vise que le FFS, sinon comment expliquer que seules les communes de Béjaïa et Tizi Ouzou sont concernées par cette décision raciste et régionaliste prise contre le FFS et la Kabylie qui représentent le cauchemar du pouvoir central», dit-il en lançant un défi à Ouyahia et Abrika de venir mobiliser la population de Kabylie. Sur un ton plus menaçant il tonnera: «Le pouvoir assumera seul sa responsabilité». Et de préciser, «ce n'est pas une menace mais une promesse populaire». On ne se laissera pas faire, conclut-il. Ainsi donc, le FFS entame sa réponse à la dissolution, dans son bastion, à Tazmalt.