Cette commune a connu une mobilisation sans précédent de ces jeunes de la ville, chacun derrière un parti. Ils étaient sur le qui-vive durant la dernière bataille marquée par la crainte, la bagarre, la colère, la manipulation, les jeux tactiques pour finir avec une ambiance de fête...Suivez-nous! Il fait très beau à Rouiba (banlieue est d'Alger), ce 23 novembre 2017. Il est 7 h 30 du matin, la ville grouille de monde en ce jour férié, élections locales obligent! La foule y est composée essentiellement de jeunes. Pourquoi sont-ils aussi matinaux alors que d'habitude ils profitent des élections pour faire la grasse matinée? Ont-ils prévu une petite échappée pour ce long week-end électoral? «El Vote, khouya, el vote (le vote, mon frère, le vote)», nous lance tout existé un jeune d'à peine 20 ans. Que se passe t-il? Nous nous sommes réveillés dans une autre galaxie avec des jeunes qui s'intéressent à la politique et se lèvent aux aurores pour aller voter? «On est tous partisans d'un candidat. On est certes debout pour aller voter, mais surtout pour surveiller les urnes et essayer de convaincre ceux qui hésitent encore», assure un autre jeune qui semble être le «superviseur» de tout un groupe. Il est 8 h du matin, les bureaux de vote de la ville ouvrent leurs portes. Mis à part la présence de ces jeunes qui «rodent» dans la cour des centres de votes et ceux qui ont été engagés comme représentants des partis politiques au niveau des bureaux de vote. C'est la panique chez ces jeunes qui ne s y connaissent pas trop en politique. Il est 8h 15, et voilà un petit ouf de soulagement. Le premier votant arrive. C'est un vieil homme, panier de provisions à la main, qui entre dans la cour de l'école primaire dite des Orangers. Il lance directement aux «rabatteurs» qui essayaient de l'accoster que lui était un «Flniste» pur et dur. Malgré cette déclaration d'amour solennelle de ce premier votant au FLN, cela n'a pas refroidi les supporters des autre partis. Bien au contraire, ils étaient contents de voir que leur journée allait enfin commencer! Et ils ne se trompaient pas! Car, juste après ce vieillard, d'autres électeurs suivirent. «El hadj nous a apporté sa baraka», lance avec un sourire un surveillant de boîte. Plus les minutes passent, plus le nombre de votants augmente. «Mais cela reste insuffisant», soulignent, dans leur majorité, les candidats à ces élections. Insuffisants, car les enjeux sont énormes dans cette petite commune qui est l'une des plus riches d'Algérie avec les taxes et autres impôts provenant de sa zone industrielle qui s'étale sur une superficie de 1000 hectares. Mais le cadre de vie ne reflète en rien le budget qui avoisine le «milliard de dinars», affirme la majorité des candidats qui se rejoignent tous dans la critique du maire sortant. Les corps constitués font monter la...tension! Le temps passe, les candidats et leurs amis continuent à faire campagne, à la sortie des quartiers, mais aussi devant les commerces. Les personnes âgées étaient les plus ciblées. On leur chuchote à l'oreille le numéro à glisser dans l'urne. Dans les autres bureaux de vote à Rouiba l'ambiance est pratiquement la même: rien d'anormal à signaler, tout se passe dans de bonnes conditions. Seulement voilà, aux environs de 11 h, c'est l'effervescence au centre M'hamed Ishak de la même commune. Deux bureaux de vote de ces centres sont pleins de monde. Des jeunes inconnus de Rouiba. Les partis politiques et les citoyens sont surpris par ces «intrus». La tension monte d'un cran lorsque les citoyens ont appris qu'il s'agit de corps constitués. L'information fait le tour de la ville. Les citoyens commencent à crier leur colère. «Comment des gens qui ne sont pas de la ville, qui vont y rester quelques mois, vont-ils choisir ceux qui vont gérer la commune?», pestent-ils. Ces jeunes sont mal à l'aise. L'un d'eux «ose» quand même prendre la parole pour se défendre. «Pour ne pas influer sur le vote, on vous promet que l'on votera blanc», s'engage-t-il. Ce qui a donc de calmé les ardeurs! Mais pas pour longtemps! Des candidats ont saisi le wali délégué pour dénoncer le fait que «20 bureaux qui ne disposent d'aucun surveillant ou représentants d'aucun parti ont été découverts». En attendant l'intervention des autorités, les jeunes «rabatteurs» ont été chargés de jeter un coup d'oeil sur les urnes. Ce qui a eu tendance a déplaire aux employés des bureaux. Ils les accusent d'intimidations! Cela n'altère en rien leur détermination citoyenne! «On est là pour défendre nos voix», lancent-ils déterminés. Mis à part, ces petits «couacs», rien d'anormal à signaler, tout se passe dans de bonnes conditions dans tous les bureaux de vote de cette ville, que l'on nommait jadis la Petite «Suisse». La journée s'est poursuivie au même rythme jusqu'à 20 h, moment de fermeture des bureaux de vote. Panne électrique et feu d'artifice... C'est l'heure du dépouillement au bureau de vote de l'école primaire des Orangers, qui selon tous les observateurs allait déterminer le grand vainqueur de cette bataille électorale, étant le fief des deux favoris le représentant du FLN, Mohamed Djouahra et l'outsider du parti El Moustakbel, Mourad Tikli que ces acolytes surnomment «Tiklinton» et du numéro deux de la liste du Parti des travailleurs, Farouk Kibi. Mais alors que le dépouillement n'a pas encore commencé, un cri est entendu sortant d'une salle. Que se passe t-il? «La lumière a été éteinte pour quelques minutes», racontent les témoins. Il n'en fallait pas plus pour réveiller les vieux démons de la fraude. Néanmoins, cet incident n'a pas perturbé le début du dépouillement qui s'est fait sous une forte présence des habitants de la ville. «On est là pour empêcher toute tentative de fraude», s'exclament-ils avant que l'opération de comptage ne commence. «FM, FM, FM, FM, FM, FM, PT, PT, PT, FLN, FLN, RND et quelques bulletins des autres partis...», sont les bulletins majoritaires tirés au fur et à mesure des urnes sous les cris et les youyous des partisans de chaque parti. Dépouillement terminé, les partis prennent la direction de leurs «QG» respectifs de campagne. C'est l'heure des comptes. Les partisans du Front El Moustakbel sont les premiers a dégainer, au vu des résultats qui leur sont parvenus de tous les bureaux, ils sont sûrs de leur victoire. Pendant que les chefs font les comptes, les militants défilent en voiture. Ils est presque minuit quand les résultats officiels tombent: le FM arrive en tête avec six siéges, il est suivi du PT, du FLN, du FFS, du RND et du MPA avec trois siéges chacun et enfin le TAJ avec deux siéges. C'est donc le moment de faire la fête, feu d'artifice et défilés étaient au rendez-vous jusqu'aux aurores...