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Ce qui attend les nouveaux élus
FACE À UN CONTEXTE ECONOMIQUE ET SOCIAL TRÈS DIFFICILE
Publié dans L'Expression le 26 - 11 - 2017

Les citoyens veulent des APC qui répondent à leurs doléances
Les élus du scrutin du 23 novembre dernier seront-ils à la hauteur de leur responsabilité, surtout que les nouvelles assemblées vont différer des précédentes de par leurs missions, rôle et place accordée au citoyen?
Il existe un adage bien de chez nous qui dit qu'«il ne suffit pas d'aspirer à un poste, mais d'être à la hauteur de la responsabilité». Cet adage est vraiment d'actualité au lendemain de l'élection de milliers de candidats au scrutin du 23 novembre pour présider aux destinées des 1541 communes et assemblées de wilaya en Algérie. Ces derniers sont-ils à la hauteur de la responsabilité qui vient d'être portée sur leurs épaules? A première vue, la réponse devrait être positive. Car, les nouveaux élus sont dans leur majorité des universitaires. Selon le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Nour-Eddine Bedoui, 62% des élus des APW et 38% de ceux des APC ont une formation «supérieure». Il est certes vrai que ce ne sont pas les études qui font le bon gestionnaire même si elles y sont pour beaucoup. Il y a aussi d'autres qualités à ne pas négliger pour un responsable: l'organisation, la planification, l'aptitude à gérer une équipe, la capacité de communiquer, motiver, négocier, influencer ou encore avoir la capacité d'affronter les problèmes, de les confronter et de les résoudre. Avoir l'étoffe d'un meneur d'hommes ne nécessite pas des études, mais plus un savoir-faire et une certaine vivacité.
Et si les chiffres du ministère de l'Intérieur n'ont pas encore révélé le nombre d'élus qui ont bénéficié d'un renouvellement de confiance des citoyens de leur commune, signe non trompeur d'une satisfaction totale de leur gestion, celui déterminant la tranche d'âge des élus est, lui, connu. Il fait état de plus de 37% d'élus qui ont moins de 40 ans. Un rajeunissement qui ne peut qu'être bénéfique donnant un nouveau souffre à la gestion de la commune. Et à propos de souffle, il faut dire que le nouvel élu et après avoir consommé son heure de fête, doit avoir le souffle long pour faire face à tout ce qui l'attend. En premier, il doit tenir ses promesses électorales. Faut-il rappeler que les leaders des partis politiques et les candidats indépendants, ou les candidats eux-mêmes aux élections locales ont rivalisé de discours et de promesses pour faire tomber dans leur escarcelle le maximum d'électeurs et avoir le plus de sièges possibles. Certains ont promis à tout-va des postes de travail, l'éradication des habitations qui menacent ruine, de meilleures prestations, une porte toujours ouverte pour les doléances et la prise en charge des préoccupations citoyennes ou encore le développement de la commune. Maintenant que les citoyens leur ont fait confiance en leur accordant leurs voix, ces derniers doivent répondre de leurs engagements. Ils ne pourront plus se cacher derrière l'excuse tant répétée d'avoir des prérogatives limitées. Car, très prochainement, le nouveau Code communal et de wilaya sera promulgué. Un code qui prévoit de larges prérogatives aux assemblées élues, conformément aux nouvelles valeurs constitutionnelles qui placent le citoyen au coeur du développement local. Faut-il rappeler que la Constitution révisée prévoit la consécration du nouveau rôle des communes dans les différents domaines de développement, de la décentralisation et de la démocratie participative. Ainsi, les nouvelles assemblées élues vont différer des précédentes de par leurs missions, rôle et place accordée au citoyen. L'autre chapitre sur lequel est attendu l'élu est celui de répondre aux attentes du gouvernement afin de permettre à la commune d'être au diapason du nouveau modèle de croissance économique, adopté par le pays en 2016. Ce nouveau modèle vise, faut-il le rappeler, à faire face à la crise économique et la chute drastique des revenus pétroliers avec l'émergence d'une base productive et industrielle moderne et compétitive tout en préservant la justice sociale. Il s'appuie d'une part sur une approche rénovée de la politique budgétaire et d'autre part sur la perspective de diversification et de transformation de l'économie à l'horizon 2030.
Mais pour relever ce pari, le gouvernement doit mettre tout le monde à contribution. C'est la raison pour laquelle d'ailleurs, le gouvernement a établi un nouveau «cahier des charges» pour les communes et wilayas où il exige leur participation à la relance de l'économie nationale en vue de créer de la richesse, d'apporter une plus-value et de renforcer l'emploi. Ainsi, les communes doivent avoir d'autres missions que de se limiter à des guichets destinés à la prise en charge de certains services publics de base en s'appuyant essentiellement sur le budget de l'Etat car il n'y a pas de commune pauvre en Algérie, mais un manque d'initiatives. Les gestionnaires des communes devront dynamiser l'économie locale, recouvrer les impôts, penser à tirer profit de l'exploitation de certains biens, mettre en avant les sites touristiques, veiller à la propreté de la ville afin qu'elle soit attrayante... Il ne s'agira donc plus de se limiter à fournir des documents administratifs, distribuer le couffin de Ramadhan ou encore à changer le carrelage des trottoirs. Le gouvernement qui invite les gestionnaires locaux à s'imprégner de la nouvelle politique de développement s'attend à ce que chaque élu réussisse à capter des investissements à forte valeur ajoutée afin de permettre à l'Etat de se désengager financièrement et d'aller vers la décentralisation.
Le rôle de l'administration publique, notamment locale, est primordial dans la réussite de ce pari économique.
Cette dernière est contrainte de s'adapter à la conjoncture économique actuelle. D'une manière générale, «les collectivités locales doivent passer du stade de collectivités locales providences à celui de collectivités locales entreprises et citoyennes responsables» comme l'a déclaré dans une analyse le docteur Abderrahmane Mebtoul.


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