Peu importent les circonstances exactes dans lesquelles on les prononce, il arrive que les mots tuent aussi brutalement que les balles et les propos caricaturaux sur l'islam et les musulmans présentés comme la source du terrorisme sont là pour en témoigner. Chassez le naturel, il revient au triple galot! L'ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls qui se veut en première ligne sur les sujets brûlants de société comme la laïcité et qui vient récemment de croiser le fer avec Edwy Plenel, directeur de Médiapart, a franchi un pas de plus, mardi dernier, à la faveur d'un débat en Espagne que rapportait le quotidien El Pais. Le désormais député apparenté LREM grâce à son ralliement opportun au nouveau président, Emmanuel Macron, a brodé sur «la société française face au problème de l'islam et des musulmans», occultant pour l'heure l'islamisme et plus largement l'intégrisme religieux sur les terres de l'inquisition. Il aura fallu la réaction indignée de Stéphane Le Fol qui est monté au créaneau dans une tribune intitulée «pour l'avenir, je choisis Jaurès» pour tirer la sonnette d'alarme. «C'est tout ce qu'il ne faut pas faire et tout ce qu'il ne faut pas dire» a clamé l'ancien ministre également socialiste en dénonçant un amalgame insupportable. «L'islam est une religion et elle a sa place en France, dans la République. Il y a une forme de l'islam radical, anti-occidental, anti-républicain, qui utilise l'islam comme un vecteur politique. Cet islam dévoyé doit être condamné et combattu. On est dans l'idée qu'il y aurait un problème avec l'ensemble des musulmans, je ne le pense pas et il ne faut surtout pas faire cet amalgame-là.» a ainsi développé Stéphane Le Foll sur France 2, suivi par Didier Guillaume, président du groupe PS au Sénat, qui s'est dit étonné par les propos du député devenu adepte de La République en marche. Repéré par les internautes, le discours de Valls a suscité une vive polémique, beaucoup rappelant les multiples allusions et les dérapages contrôlés d'un élu qui navigue en permanence entre plusieurs courants, au gré de ses intérêts. Mais en ciblant avec une telle outrecuidance «l'islam et les musulmans», le député de l'Essonne vide cette fois son sac ou plutôt il jette le masque dont il avançait affublé, usant et abusant du non-dit pour aussitôt se repaître de slogans à la gloire de la laïcité et de la culture judéo-chrétienne dont il se gargarise à l'excès. Qui veut faire l'ange fait la bête, et c'est justement ce qui pend au nez de Manuel Valls dont bon nombre d'observateurs connaissent les sombres dédales de la pensée et des convictions factuelles, assénées avec la force d'un «esprit» qui s'entend porté par la vague médiatique dominante. Il y a des «glissades» sémantiques qui ne pardonnent pas, c'est ce qui est arrivé à un certain François Hollande qui avait tenu le même propos dans le livre «Un président ne devrait pas dire ça...» (Plon, 2016). L'ancien président, que l'on ne saurait suspecter d'une égale propension à la tartuferie, avait provoqué la consternation en considérant qu' «il y a trop d'immigration qui ne devrait pas être là» et en ajoutant in fine qu'il existe «un problème avec l'islam». Le Parti socialiste en est encore à s'interroger sur les causes de sa décrépitude mais un jour viendra où il lui faudra assumer pleinement les conséquences évidentes de ces propos à l'emporte-pièce. Peu importent les circonstances exactes dans lesquelles on les prononce, il arrive que les mots tuent aussi brutalement que les balles et les propos caricaturaux sur l'islam et les musulmans présentés comme la source du terrorisme sont là pour le signifier. Les criminels qui ont tué vendredi 305 fidèles dans une mosquée du Sinaï, en Egypte, trouveront-ils grâce aux yeux de Valls qui papote sur un culte et une communauté à partir de ce qu'on lui assène comme confidences sur l'oreiller? Qu'il ne s'embarrasse plus de précautions oratoires, on sait depuis belle lurette quelle est précisément sa doctrine et ses idéaux socialistes, aujourd'hui malaxés à la sauce macronienne, car il suffit pour cela de se référer au Canard enchaîné de mercredi dernier qui rapporte comment l'élu de l'Essonne a exigé des policiers du quartier du XIème arrondissement de Paris où il réside «une tolérance zéro pour les SDF sur les trottoirs», sur demande expresse de son épouse, Anne Gravoin, qui supporte mal la présence de femmes Rom avec leurs bébés sur les bras...