On n'est pas encore à la repentance, mais c'est déjà un grand pas vers ce que qu'a qualifié le président français de «page d'avenir»! «Entre nos deux pays, nous avons une histoire commune, tournée vers l'avenir.» C'est avec cette phrase lourde de sens que le président français Emmanuel Macron a résumé, sur sa page Facebook, son voyage en Algérie. Afin que cet avenir soit aussi radieux que le soleil d'Alger, le chef de l'Etat français a annoncé, mercredi dernier lors de sa visite officielle que la France avait «décidé de restituer les crânes des martyrs algériens, actuellement au Musée de l'Homme à Paris. Les autorités françaises ont pris la décision d'entamer cette opération et qu'un texte de loi nécessaire pour ce faire sera pris». Le lendemain (jeudi dernier, ndlr) à Paris lors du Comité intergouvernemental de haut niveau organisé régulièrement par les deux pays, c'est le Premier ministre Ahmed Ouyahia qui a fait une déclaration qui montre la volonté de la France «macronienne» «d'avancer dans un travail de mémoire conjoint». Ouyahia annonce qu' «Emmanuel Macron est prêt à remettre à l'Algérie une copie des archives de la période coloniale française (1830-1962), réclamée depuis des années par Alger». On n'est pas encore à la repentance, mais c'est déjà un grand pas en avant. D'ailleurs, même le ministre des Moudjahidine, seul poste officiel qui, à l'accoutumée, se permet d'«attaquer» les présidents français après leurs voyages respectifs en Algérie, a cette fois-ci été des plus cléments. En effet, Tayeb Zitouni a ainsi qualifié, jeudi dernier à Alger, les déclarations du président Macron d'«initiative positive et prometteuse». «Ces déclarations sont susceptibles de faire avancer le dossier de la mémoire et la question de la restitution des crânes des chouhada qui se trouvent en France, et ce dans le cadre de l'action des commissions mixtes entre les deux pays», a-t-il estimé. Dans ce sens, il a salué la présence du secrétaire général du ministère des Moudjahidine parmi la délégation ministérielle conduite par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia à Paris dans le cadre du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français. Pour rappel, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, avait auparavant affirmé que l'Algérie «ne sera satisfaite qu'une fois rendus les crânes de ses chouhada se trouvant au Musée de l`Homme à Paris, pour leur accorder les honneurs de la sépulture dans leur propre pays». La France nouvelle a donc affiché sa volonté d'ouvrir une nouvelle page avec l'Algérie en classant les douloureux dossiers du passé. «Le dossier du passé, l'Algérie ne le soulève pas pour enfermer les relations algéro-françaises dans le passé, mais pour alléger la démarche commune vers l'avenir, donner plus d'entrain, en prenant en charge quelques soucis que nous avons», a soutenu Ahmed Ouyahia comme pour dire que l'Algérie est en position de «wait and see» concernant ces nouvelles promesses françaises. En tout cas, pour le moment les choses semblent aller vers le positif surtout qu'il n'y a pas eu de levées de boucliers des deux côtés de la Méditerranée. Les voix des partisans de l'Algérie française que l'on entend à chaque fois qu'un politique français évoque l'Algérie, sont cette fois-ci restées inaudibles. Pourvu que ça dure...