L'Egypte est, sans conteste, le premier pays arabe investisseur en Algérie. Avec un montant d'investissement global de 298.775 millions de dinars destinés à 231 projets au total devant créer le nombre appréciable de 20.675 emplois, les pays arabes occupent une place prépondérante dans la dynamique d'investissement en Algérie. Avec quelque 135.679 millions de dinars d'investissements, en cumul de 1997 au 1er semestre 2005, l'Egypte est, sans conteste, le premier pays arabe investisseur en Algérie. Lors d'un entretien accordé au quotidien L'Expression, M.Djamal Zeriguine, chef de la division IDE (Investissement Direct Etranger) au sein de l'Andi (Agence nationale de développement de l'investissement), a précisé que les investissements égyptiens, qui reposent sur 25 projets, ont engendré pas moins de 3510 emplois. Cette forte présence égyptienne s'est confirmée récemment, à travers la prise de participation d'Orascom construction industries Algérie (Ocia) dans la station de dessalement d'eau d'El Hamma (Alger). En effet, cette entreprise, spécialisée dans le bâtiment et les travaux publics, opère également dans les constructions d'usines et d'ouvrages divers. Une autre activité, et non des moindres, caractérise la présence de l'Ocia en Algérie, à savoir la téléphonie mobile (Djezzy), secteur dans lequel elle a investi 1,5 milliard de dollars en coût d'acquisition de la licence et des investissements des équipements du réseau y afférent. Orascom a, par ailleurs, investi 450 millions de dollars pour acquérir la cimenterie de M'sila, station équipée de 02 lignes de production d'une capacité globale équivalant à 4,3 millions de tonnes par an (mt/an). Il faut signaler que c'est la seule cimenterie en Algérie qui a atteint ce niveau de production comparée à celle de Chlef qui se limite à 2,2 mt/an, alors que les autres cimenteries évoluent entre 800.000 et 1,5 mt/an. Il y a lieu de citer les travaux de réalisation en cours menés par ce pays pour l'installation de 02 câbles sous-marins de liaison avec l'Europe et qui devraient «vraisemblablement» passer par la France, a relevé M. Zeriguine. Les intentions d'investissements d'Orascom ne s'arrêtent pas là, puisque la société étudie les possibilités d'investir dans la télévision et vise à la création d'une banque. Cette position d'avant-garde de l'Egypte dans l'investissement, de loin le premier pays arabe investisseur en Algérie, notamment après les dernières opérations d'Orascom, a été confirmée à notre collaborateur par un expert international de renom, M.Malek Serraï, expert international, directeur de l'office Algeria International Consult AIC. Il explique ainsi que l'Egypte concurrence même les grands pays occidentaux qui s'intéressent au marché algérien. Ce pays est suivi, toujours parmi les pays arabes, de près par l'Arabie Saoudite et le Koweït, a-t-il précisé, tout en citant un autre pays de la région, non arabe celui-là, l'Iran, qui est en train de se «placer» comme en témoignent les récentes visites de responsables économiques iraniens en Algérie. Bien que se trouvant encore loin de l'Egypte, le Koweït occupe néanmoins une place de choix, la seconde parmi les pays arabes, avec 88.525 millions de dinars d'investissements placés dans seulement deux importants projets qui ont permis la création de 1516 emplois, a-t-on appris auprès de l'Andi. Troisième opérateur dans la téléphonie mobile en Algérie, après Mobilis et Djezzy, la koweïtienne Watanya Télécom Algérie (WTA - Nedjma), s'apprête à proposer et diffuser dès 2006 à partir d'Alger la bien connue émission Akhar Kalima, transmise aujourd'hui par les studios tunisiens. C'est dire, si besoin est, l'importance croissante qu'accorde ce pays au marché algérien dans lequel il s'intéresse également aux secteurs bancaires et aux assurances. La Tunisie en tête de liste au Maghreb Dans le Maghreb, la Tunisie est d'attaque pour venir en tête avec beaucoup de tentatives pour se placer sérieusement, notamment dans les services, domaine dans lequel elle excelle et se trouve bien en avance par rapport aux autres pays de la région. Par cette stratégie économique déployée vers l'Algérie, la Tunisie entend « percer » pour atteindre par là les autres pays du Maghreb et pourquoi pas les pays du Sahel. La Libye, pour sa part a investi dans une multitude de petits projets, 31 au total, qui ont cumulé un total d'investissements de 25 654 millions de dinars, montant nécessitant l'emploi de 2424 travailleurs. Ce pays intervient surtout dans le financement de la construction et dans le bâtiment comme notamment, les hôtels Sheraton d'Alger et Oran pour lesquels il a opéré en partenariat à travers la société libyenne d'investissement de droit algérien, Lafico. De nombreux autres petits projets figurent en bonne place dans les programmes d'investissements libyens en Algérie dont on peut citer l'intérêt porté pour l'élevage avicole, les manufactures, les travaux de forage hydraulique. Le Maroc, encouragé par ces pays voisins entreprenants et «alléchés» par ce terrain vierge qu'est l'Algérie, n'a d'autre alternative que de suivre cette dynamique d'investissements en Algérie, pays qui constitue pour tous un marché porteur par excellence et «ouvert» vers les pays du Sahel, grâce notamment à la transsaharienne qui va relier Alger, porte de l'Europe, à Lagos au Nigéria dans le golfe du Bénin. Une autre panoplie de pays arabes, ceux du Golfe, est fortement intéressée par le marché algérien qui compte, selon eux, des potentialités énormes comme la jeunesse de sa population, la démocratie qui s'est installée et qui a devancé tous les pays arabes, sa face méditerranéenne de 1200 km de côtes tournée vers l'Europe, avec ses infrastructures maritimes, aériennes et routières. Rencontrés lors de la 38e édition de la Foire internationale d'Alger par M.Serraï lui-même, des représentants des Emirats arabes unis, du Qatar, du Koweït...à la recherche de marchés de distribution lui ont confié qu'ils sont «fort intéressés» par l'Algérie, qualifiée par eux de pays «d'avenir». Il faut également ajouter les institutions financières arabes lourdes d'Arabie Saoudite, du Qatar ou du Koweït qui lorgnent la construction d'infrastructures, de logements, de barrages...Ceux-ci s'intéressent aussi aux industries pétrochimiques, agroalimentaires et agropastorales à grande échelle. La plupart des pays du Golfe, souligne M.Serraï, ont opté pour l'Algérie, pays stratégique à l'avenir florissant qui va se concrétiser dans les 15 ou 20 années à venir. Ainsi l'Arabie Saoudite se trouve-t-elle intéressée par la mise en valeur des terres des Hauts-Plateaux, la production de fourrages, l'élevage ovin et bovin ainsi que par la production laitière et de produits laitiers, fromages, beurre et autres dérivés. Ce pays a investi 4 139 millions de dinars dans neuf projets employant 1541 personnes précise-t-on encore à l'Andi. Ce montant doit être révisé à la hausse si l'on prend en compte les partenariats créés en Algérie avec la Jordanie par exemple ou la Palestine pour la construction d'un centre d'affaires d'un coût estimatif de 16,5 milliards de dinars. Ce pays s'est pourvu de 35% de la cimenterie de Beni Saf et ses projets en cours s'intéressent au «tourisme haut de gamme» favorisé, et qui s'impose du reste, vu le panorama paradisiaque des côtes algériennes. Ces réalisations devant s'inscrire dans la classe des grands centres touristiques internationaux comme celui de Costa Del Sol ou d'ailleurs dans le monde, se plaît-on à souligner à l'Andi. C'est ainsi qu'il est en train de finaliser la réalisation de 02 villages touristiques, l'un à Zéralda (Alger) et l'autre dans la wilaya de Boumerdès. D'un coût global atteignant quelque 29 milliards de dinars (386 millions de dollars environ), ces deux villages seront dotés de résidences luxueuses, d'appartements grand standing et d'une panoplie de commodités «top-niveau» qui devraient embrasser aussi bien les aspects culturel, commercial ou de loisirs et de restauration. L'Arabie Saoudite est par ailleurs active dans le nord-ouest du pays, à Mostaganem plus précisément, dans un projet de traitement de minéraux qui servent dans des industries diverses, parfois alimentaires, et dans l'industrie pétrochimique, domaine dans lequel ce pays jouit d'une grande expérience. Trois grands centres d'affaires sont également en construction à Alger dont le premier se situera à Chéraga et sera opérationnel en 2006. Construit par un groupe d'actionnaires arabes, dont la majorité est saoudienne, ce projet, lancé au second trimestre 2003, s'étend sur 110.000 m². Cette tour devra comprendre des bureaux, des lieux de restauration, des centres de communication et de loisirs, des magasins et au dernier étage de ce building, un restaurant sera aménagé sous un dôme panoramique sur 360 degrés. Les autres centres d'affaires programmés, qui seront lancés selon des techniques internationales de financement, se situent à Mohammadia (Alger) et à Boumerdès.. Avec tous ces atouts, ces potentialités, ces compétences prouvées, la confiance, la sécurité retrouvée, l'Algérie demeure malheureusement «malade» de maux multiples qui exacerbent les investisseurs potentiels, rendant frileux les plus entreprenants d'entre eux. Parmi ces maux, la bureaucratie reste sur le podium avec ses lourdeurs, son incompétence, sa rigidité et passe encore... Les hommes d'affaires ou responsables économiques sont reçus chez nous en haut lieu avec tous les égards dus à leur rang. Ils sont cependant, hélas, reçus avec «un peu moins d'attention» par nos opérateurs économiques, a regretté M.Serraï, qui a relevé «un manque flagrant d'adaptation aux moeurs et coutumes de ces investisseurs arabes qui viennent dans un pays arabe pour faire des placements et travailler». Corruption et «espionnage économique» Il faut par ailleurs dénoncer les nombreuses tentatives de corruption incroyables qui gangrènent la classe économique (et politique) de notre pays. A cela, il faut ajouter l'existence d'un espionnage économique latent qui ne dit pas son nom. Sinon, comment expliquer des tentatives (vérifiées) de rafler un marché avec des investisseurs arabes potentiels en quête d'opportunités d'affaires qui sont «détournés» dès leur arrivée à l'aéroport ou à leur hôtel par des gens, souvent de double nationalité, qui leur proposent, affaire en main, d'investir ailleurs, c'est-à-dire dans le pays où ils opèrent. Si ce n'est l'espionnage économique ou pour le moins des complicités au sein des instances économiques dirigeantes, comment expliquer que ces gens-là soient au courant du moindre déplacement de ces investisseurs potentiels auxquels sont proposées toutes sortes de «déviations touristiques» agrémentées de fausses et négatives statistiques sur les résultats enregistrés par notre économie nationale. En termes de nombre de projets d'investissement étrangers répartis entre les pays arabes, l'on relève la position de la Syrie qui a réalisé le plus grand nombre d'actions soit 66 projets pour la plupart cependant de faible envergure. La Tunisie la suit avec 35 projets devançant la Libye qui affiche 31 actions d'investissement suivie de la Jordanie (28 projets), l'Egypte (25), l'Arabie Saoudite et le Liban (09 chacun), l'Irak et la Palestine (05 chacun), les Emirats arabes unis et Bahreïn (04 chacun), Qatar et Maroc (03 chacun) et enfin le Koweït et le Yémen (02 chacun).