Le programme Meda lance les prémices d'un marché régional du capital investissement au Maghreb. Selon une étude du réseau Anima, une plateforme multipays pour le développement économique de la Méditerranée, au Maghreb, cette connexion serait déjà matérialisée par Maroc Invest, qui a une succursale en Tunisie, Tuninvest Finance Group. Bien sûr, les auteurs de l'étude parlent plutôt de «naissance de marché régional». D'ailleurs, Amaury Mulliez de Proparco, agence française de développement, estime que le marché Meda «demeure encore difficile à concevoir comme un marché intégré». Même si Mulliez persiste à croire que le capital investissement participe à la mise en place de relations entre opérateurs de différentes parties géographiques, en l'occurrence gestionnaires, entrepreneurs, managers et investisseurs des deux rives de la Méditerranée. C'est à ce niveau, d'ailleurs, qu'il faudrait replacer l'action de la Banque européenne d'investissement. La BEI s'est, en effet, lancée dans le capital investissement dont l'objectif est d'accompagner le développement du secteur privé des pays ciblés par la facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat. Aussi, sur les 320 fonds, dans les 11 pays de la région Meda, 46 sont présents dans les 4 principaux pays du Maghreb, dont 18 au Maroc, pour un montant de 846 millions de dollars. Ce qui n'est pas négligeable. L'Egypte, particulièrement dynamique sur ce créneau, abrite 10 fonds et 611 millions de dollars en capitaux levés. Suit la Tunisie avec 9 fonds pour 64 millions de dollars. A noter que la Turquie, qui héberge 9 fonds, gère près de 1,2 milliard de dollars. La deuxième destination de ces fonds concerne surtout la Jordanie et le Liban où, notent les auteurs du rapport, «les activités de capital investissement demeurent limitées, mais offrent des perspectives prometteuses d'expansion». Allusion faite au Carlyle Mena Buyut Fund, dirigé par Walid Musallam, basé à Beyrouth depuis 2006 et au nombre de plus en plus important de fonds opérant dans le pays du Cèdre. Avec 5 fonds en activités, la Jordanie gère 432 millions de dollars et le Liban 36 millions pour 2 fonds. Les derniers de la classe régionale s'appellent Algérie, Libye, Syrie et Palestine. Ces quatre pays accueillent peu ou pas du tout d'activités de capital investissement. Cependant, les prospectives des enquêteurs prévoient que les privatisations en cours ou à venir dans ces trois premiers pays seraient l'horizon pour les investisseurs en capital. Avec 1 fonds en activité, l'Algérie gère 2 millions de dollars. D'autres prévisions laissent entrevoir un nouvel horizon pour l'ensemble des pays arabes, d'autant plus que l'on parle de plus en plus de l'hégémonie grandissante des fonds des pays du Golfe dans la région Meda. La tendance actuelle, qui reste la plus manifeste, c'est sans conteste l'engagement massif des fonds du Golfe investis dans la région, 14% du total des fonds Meda. Ces derniers ont levé quelque 6,8 milliards de dollars, soit près de 22% du total des capitaux levés dans la région Meda. A noter aussi que «les fonds du Golfe sont généralement plus importants en taille que les fonds Meda», souligne le rapport. Les Emirats arabes Unis, en particulier Dubaï, sont leaders à la fois en taille des fonds levés qu'en nombre créé. Abraaj Capital gère 5 fonds, Al Mal Capital 3 fonds, Shuaa Partners 2 fonds, Injazat Capital 2 fonds, ou encore Millenium Private Equity qui gère 2 fonds.