Hier, c'était la Journée internationale des migrants. Leur situation s'est détériorée à Béjaïa, en ces jours de froid. En cette Journée internationale, ces migrants venus des pays subsahariens se risquent dans la rue. Ils tentent de gagner leur vie en quémandant des sous auprès des citoyens qui marquent de plus en plus de l'indifférence à leur égard. Leurs conditions de vie laissent à désirer. Dans le froid et sous la pluie, ces migrants accostent les automobilistes au moindre bouchon qui se forme, tant au niveau des carrefours de la ville, que sur les routes nationales. La seule organisation, qui a pensé à eux, reste la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme, qui dans une déclaration tendue publique hier, estime qu'en «dépit des promesses non tenues du gouvernement de mettre en place un cadre légal pour l'accueil des réfugiés et la prise en charge de la question, les migrants continuent à être des victimes de toutes les discriminations et persécutions: du racisme, de la haine, de l'exploitation et tout genre de trafic humain» et ce, ajoute la Laddh «malgré les appels incessants et le plaidoyer de la Laddh et de la société civile algérienne pour la mise en place d'un cadre légal, d'une loi et des mécanismes de protection et d'accueil des réfugiés et de migrants conformément au standard international des droits humains et des engagements de l'Algérie en matière de droit d'asile et de protection des réfugiés». En cette occasion, la Laddh interpelle le gouvernement à cesser les opérations d'expulsions massives et forcées déguisées en rapatriements humanitaires, car ces opérations sont «en flagrante contradiction avec le droit et les traditions du pays» d'autant que «l'Algérie a une dette envers son voisinage, le rapatriement doit être, individuel, consenti et au cas par cas avec une garantie de recours et d'accès au droit, alors que ce même droit n'existe pas encore». La Laddh rappelle en outre que «la lutte contre le trafic des migrants et des passeurs doit viser en premier lieu la protection des migrants et de la Sécurité nationale et s'exercer dans le cadre du respect des droits humains et de la dignité humaine». Ce n'est pas la première fois que la société civile de Béjaïa s'inquiète de la situation de ces migrants. A plusieurs reprises les organisations politiques et associatives ont manifesté devant le siège de la wilaya de Béjaïa pour pousser les pouvoirs publics à agir pour prendre leurs parts de responsabilité vis-à-vis de la situation effrayante des migrants. Les cris des militants ont porté leurs fruits, les migrants avaient été regroupés et transportés à Tamanrasset, par contre l'opération n'a pas changé la donne. Quelques jours après ils étaient déjà de retour. Pour cette année, il y eut une grande polémique entretenue par de grandes personnalités de l'Etat autour de la présence des migrants dans notre pays. Fallait-il les renvoyer chez eux ou bien leur accorder les moyens à même de leur garantir une vie décente? Le racisme, le doute, la peur, ces trois facteurs ont largement circulé sur la Toile et dans les discours politiques. Chacun y est allé de son point de vue sur la question. Les avis sont divers. Le gouvernement et la population ne sont pas sur la même longueur d'onde, ce qui est vu par le gouvernement comme un soutien aux Subsahariens, le citoyen le perçoit comme un risque sanitaire, car ils ne sont pas protégés. La wilaya de Béjaïa déjà menacée par les déchets que l'on voit dans ses quartiers, notamment ceux occupés par les migrants, affiche un état de désolation. A cela s'ajoute l'insécurité.