Une fête où tous les Algériens se reconnaissent La fête du jour de l'An berbère ou amazigh est célébrée dans les quatre coins d'Algérie et même dans les pays voisins comme le Maroc. En Algérie, chaque année, les médias font état des événements culturels, artistiques et traditionnels qui ont lieu un peu partout dans les quarante-huit wilayas du pays avec toutes les particularités propres à chaque localité. Il s'agit là d'un des vecteurs les plus importants de notre identité amazighe. Mais en dépit d'une telle adhésion populaire pour la célébration de Yennayer, les pouvoirs publics tardent à reconnaître cette journée comme fête nationale et de ce fait en faire une journée chômée et payée. Depuis plusieurs années, des militants de la cause berbère se battent par tous les moyens pacifiques pour que l'Etat reconnaissent enfin de manière officielle la «légitimité» de cette journée toute particulière. Même le Haut Commissariat à l'amazighité (HCA) et ses responsables n'arrêtent pas de rappeler et d'insister chaque année sur la nécessité que cette journée soit déclarée officiellement fête nationale. Mais jusque-là, rien ne se dessine à l'horizon. Pourtant, l'identité amazighe dans toutes ses dimensions est prise en charge constitutionnellement puisque la langue amazighe est reconnue comme langue nationale et officielle dans la Constitution algérienne depuis 2016. La classe politique, à l'unanimité reconnaît également que la dimension amazighe de l'Algérie est incontournable. Pourquoi alors la journée de Yennayer n'est toujours pas reconnue officiellement alors que chaque année, des responsables à tous les niveaux (ministres et walis) prennent part activement à la célébration de Yennayer? C'est dans l'optique de relancer le débat sur la question de la nécessité de reconnaître Yennayer officiellement que Brahim Tazaghart et d'autres écrivains comme Amine Zaoui et Lazhari Labter viennent de lancer une pétition à la veille de cette fête amazighe séculaire. «Dans quelques semaines, l'Algérie, ainsi que tous les pays de l'Afrique du Nord célébreront Yennayer, le Nouvel An amazigh», rappellenr les initiateurs de ladite pétition. Ces derniers précisent: «S'appuyant sur le préambule de la Constitution qui définit l'amazighité comme l'un des fondements essentiels de l'identité nationale, et sur l'article 4 de la Constitution de 2016 qui stipule que tamazight est langue nationale et officielle, et dans le souci de permettre des avancées effectives dans la prise en charge de cette réalité plusieurs fois millénaire, nous, signataires de ce texte, lançons un appel aux hautes autorités du pays afin de décréter Yennayer comme une journée de fête nationale, chômée et payée». La déclaration accompagnant la pétition en question ajoute: «Cette fête que célèbrent toutes les Algériennes et tous les Algériens, de l'Ouest à l'Est, du Nord au Sud est l'un des ciments de notre unité culturelle et nationale». Pour Brahim Tazaghart et ses cosignataires, la décision de faire de Yennayer une journée de fête officielle, chômée et payée renforcera la cohésion de notre nation et la mettra en phase avec sa profondeur historique: cette décision peut et doit être prise dans les meilleurs délais afin de permettre à l'Algérie de fêter Yennayer de cette année dans la gaieté et le bonheur. «Aujourd'hui plus que jamais, l'Etat est dans l'obligation et le devoir de remplir ses engagements envers tamazight, dans le strict respect de la Constitution. Ni la crise économique ni aucune priorité politique ne doit retarder la réconciliation de l'Algérie avec elle-même, à travers sa langue, sa culture et sa civilisation amazighes», conclut-on. Parmi les premiers signataires de cette pétition, on peut aussi citer le poète et universitaire Achour Fenni, la romancière Lynda Koudache, le chercheur Salim Souhali...