Rien de nouveau sur le dossier au moment où les experts estiment que la guerre de l'Irak a mis Londres en position difficile. Les progrès qu'a connus ces derniers jours l'enquête sur les attentats de Londres ne se sont pas confirmés, le dossier tend plutôt à piétiner en l'absence de faits nouveaux. Ce qui l'est, en revanche, est l'appréciation que portent les experts sur la participation de la Grande-Bretagne à la guerre en Irak et ses retombées sur le royaume. Ainsi, un rapport du Royal Institute of International Affairs (Riia, centre de recherche très connu à Londres) souligne que la guerre en Irak a constitué pour le Royaume-Uni une sorte de boomerang: «Il n'y a aucun doute que la situation en Irak a imposé des difficultés particulières au Royaume-Uni et à la coalition plus large contre le terrorisme» indique le rapport qui note d'autre part qu'«au milieu des années 90, les services de renseignement et la police du Royaume-Uni savaient parfaitement que Londres servait de plus en plus de base à des individus engagés dans la promotion, le financement et la préparation du terrorisme au Moyen-Orient et ailleurs». Démentant les affirmations du Premier ministre britannique, Tony Blair, qui nie tout lien avec la guerre en Irak et s'efforce de convaincre que les quatre attentats -qui ont fait 55 morts (chiffre provisoire) et 700 blessés- participent du terrorisme international, les experts relèvent à contrario que les nombreux islamistes qui ont trouvé refuge à Londres dans les années 1980/1990 «(...) n'étaient pas considérés comme une menace pour la sécurité intérieure du Royaume-Uni et on les laissait donc poursuivre leurs activités avec une relative impunité, une politique qui a causé une grande colère dans les gouvernements étrangers concernés». Les chercheurs relèvent par ailleurs que, «pour résultat d'avoir accordé une importance secondaire au terrorisme international, les autorités britanniques n'ont pas pris pleinement conscience de la menace représentée par Al-Qaîda». Les chercheurs londoniens mettent d'autre part en exergue le fait que Londres, jusqu'aux attentats du 11 septembre 2001, contre des intérêts américains, ont totalement négligé —voire ignoré— la menace islamique en continuant d'abriter une kyrielle de groupes se réclamant de l'islamisme radical, se mettant à dos de nombreux pays dont les populations en étaient victimes. Au plan pratique, l'enquête stagne quelque peu et les différentes pistes ouvertes ces derniers jours, qui ont toutes plus ou moins avorté, se sont révélées peu concluantes. La piste du «chimiste» égyptien semble devoir tourner court, celles du passage au Pakistan de l'un des kamikazes, Mohammed Sidique Khan, et les coups de téléphone, entre ce pays de l'Extrême-Orient et Leeds, connaissent aussi le même sort en montrant que c'étaient des coups de fil ordinaires n'ayant pas de lien avec le terrorisme. De fait, après avoir été bien mise sur les rails, au lendemain des attentats, —notamment grâce aux vidéos qui ont permis de cerner rapidement le problème par l'identification immédiate des quatre terroristes présumés—, l'enquête n'a pu avoir de prolongement plus fructueux. En fait, les pistes examinées jusqu'ici ont toutes abouti à une impasse, butant à chaque fois sur le mystère qui entoure les quatre jeunes terroristes présumés que rien, jusqu'au 7 juillet, ne distinguait des autres Britanniques, qui menaient une vie paisible et ordonnée dans le West Yorkshire d'où au moins trois d'entre eux sont originaires. Depuis la déclaration du chef du Scotland Yard, Ian Blair, selon lequel un «lien» existerait avec «le Pakistan et d'autres pays», rien de nouveau n'est venu confirmer cette hypothèse, de même que l'interrogatoire du chimiste égyptien, Magdi El-Nashar, arrêté au Caire en début de semaine, par les services de sécurité de son pays, n'a apporté aucun élément nouveau, confirmant plutôt qu'El-Nashar n'avait aucune relation avec Al-Qaîda ou avec les attentats de Londres. En l'absence d'éléments susceptibles de faire avancer le dossier, les enquêteurs concentrent leurs efforts dans la recherche du ou des «cerveaux» des attentats de Londres. Il se confirme toutefois que la quête sera longue et ardue.