Une part substantielle de l'épargne «oisive» pourrait-être captée par les banques grâce à la commercialisation de produits conformes à la chariaâ ainsi que par l'émission d'obligations de type participatif. C'est officiel. Toutes les banques publiques du pays vont proposer à leurs clients, à partir du mois de janvier prochain, des produits de la finance islamique, avec cet enjeu: créer un modèle de financement islamique typiquement algérien. Ainsi, après la Badr (Banque de l'agriculture et du développement rural, la BDL (Banque de développement local) et la Cnep(Caisse nationale d'épargne et de prévoyance) qui avaient annoncé récemment le lancement de produits de financement islamique avant la fin de l'année, c'est au tour aujourd'hui du reste de la troupe, (BNA, CPA et BEA) de se mettre au diapason en ouvrant dès le mois prochain des guichets réservés aux produits de la finance islamique. Cette généralisation de la proposition de services de la finance islamique à toutes les banques a été rendue possible, selon le président de l'Association professionnelle des banques et des établissements financiers (Abef), Boualem Djebbar, dès lors où toutes les conditions ont été réunies après un travail de longue haleine. Ce dernier qui s'exprimait en marge d'un atelier, sur la finance islamique, qui c'est tenu hier au Palais des expositions (Pins maritimes, salle Ali Mchi) avec pour thème: «La finance au service du développement économique de l'Algérie», a souligné le fait que «ce nouveau produit va contribuer grandement à donner un plus à notre économie et de rappeler dans ce sens que le système financier est au coeur de la production nationale». Auparavant, le président de l'Abef a, lors du discours qu'il a prononcé en présence du ministre des Finances, Abderrahmane Raouïa, et devant un parterre de cadres de la finance et de représentants de banques publiques et autres, a expliqué:«L'introduction des services de la finance islamique démontre que les banques développent leur produit et les adaptent aux besoins de leur clientèle.» Le ministre des Finances a pour sa part indiqué que «la finance islamique, ou participative, est très importante actuellement, vu l'état de notre économie». C'est pourquoi les banques doivent adopter une nouvelle approche qui puisse répondre à toutes les demandes, y compris celles de la clientèle qui veut avoir une rémunération autre que les intérêts», a-t-il préconisé. Le grand argentier du pays a en outre mis l'accent sur l'intérêt de mettre en place des dispositifs spécifiques «afin de capter l épargne au maximum», a-t-il dit. Le ministre a par ailleurs estimé qu'une part substantielle de l'épargne «oisive» pourrait -être captée par les banques grâce à la commercialisation de produits conformes à la chariaâ ainsi que par l'émission d'obligations de type participatif. Et de faire remarquer à propos des produits participatifs que «leurs ventes à côté des produits bancaires classiques est loin d'être une tâche facile pour les banques car cette vente n'est pas aisée. Elle nécessite une organisation adaptée au sein des banques pour que ces dernières puissent gérer séparément les crédits conventionnels et ceux participatifs. Interrogé par la presse sur un éventuel recours de l'Etat à un emprunt obligataire halal, c'est-à-dire de type participatif, il a estimé qu'un tel dispositif ou tout autre option restent des possibilités pour diversifier l'économie et alimenter la croissance. A propos des réserves de changes, il a rappelé que les prévisions de son ministère tablent sur une baisse des réserves à 87 milliards de dollars à la fin 2019, mais il a estimé que la diversification économique et la croissance escomptée des exportations des hydrocarbures couplées à une réduction des importations devraient faire redresser les réserves de changes du pays. Pour sa part, Boualem Djebbar a expliqué à la presse que tous les produits bancaires classiques auront leurs équivalents en produits participatifs. Il a ainsi cité «l'ijarah» pour les crédits destinés à l'acquisition de logements, la «mourabaha» à court terme pour les crédits à la consommation et la «mourabaha» à long terme pour les crédits d'investissement, le leasing pour les équipements.