Après une campagne de propagande menée par ses partisans qui l'invitent à s'emparer du pouvoir «au nom du peuple libyen», le maréchal Haftar choisit donc la voie de la raison, tout en s'octroyant un droit de revirement en cas de carence des mécanismes onusiens actuels... Confirmant les bruits autour de la mise en garde adressée par l'ONU après qu'il se soit érigé en adversaire de la feuille de route de Ghassan Salamé, le maréchal Khalifa Haftar révèle sa «décision d'appuyer la tenue d'élections en Libye en 2018», conformément au souhait de la communauté internationale. Cependant, il a assorti sa concession d'une menace implicite dans laquelle il avertit qu'il prendrait le pouvoir au cas où le processus politique n'aboutirait à aucun résultat probant. Dans une déclaration, jeudi soir, à la télévision Libya al-Hadath, il a rejeté «les allégations tendancieuses» qui l'accusent de vouloir s'opposer à une solution politique en Libye et lui prêtent l'intention de préparer un coup d'Etat pour instaurer une dictature militaire. Au contraire, dit-il, «c'est nous qui avons poussé le monde à accepter à contrecoeur le processus électoral comme une solution fondamentale et de principe» à la crise. Ceci appelant cela, il lance un appel solennel à la tenue d'élections présidentielles et législatives «sans atermoiements, fraudes ou falsifications», tout en accusant ses rivaux, dans l'ouest du pays, de «retarder le processus électoral». Pendant des mois, le maréchal a entretenu le flou autour de ses intentions, notamment sur l'organisation des élections présidentielle et législatives en 2018. Fort du soutien du Parlement libyen basé à Tobrouk, l'homme a certes débarrassé Benghazi de l'emprise de Daesh et de plusieurs autres groupes terroristes mais sans souscrire à la politique du GNA soutenu à Tripoli par les milices de Misrata.En réaction au Conseil de sécurité qui qualifiait l'accord de 2015 comme «seul cadre viable pour mettre fin à la crise politique en Libye», le maréchal Haftar avait, quelques jours auparavant, affirmé qu'il le considérait comme caduc, ouvrant la voie à diverses interprétations. Mais c'est aller vite en besogne car Haftar n'a pas, malgré le soutien de l'Egypte et des Emirats arabes unis, les forces nécessaires pour venir à bout des multiples groupes armés qui occupent l'ouest de la Libye et lui sont farouchement hostiles, à commencer par les milices de Misrata.Après une campagne de propagande menée par ses partisans qui l'invitaient à s'emparer du pouvoir au nom du peuple libyen, le maréchal Haftar choisit donc la voie de la raison, tout en s'octroyant un droit de revirement pour le cas où la «procuration du peuple» deviendrait nécessaire et suffisante pour pallier à la carence des mécanismes actuels lancés sous la protection de l'ONU. En cas d'échec de la «transition pacifique via des élections libres et démocratiques, le maréchal Haftar qui a répété que l'Accord de Skhirat est à ses yeux bel et bien terminé et qui estime que «les instances nées de cet accord sont une chose et le travail de la mission de l'ONU une autre chose» n'entend pas abandonner l'objectif qu'il s'est assigné depuis 2011.