Déclaration - L'homme fort de l'Est libyen, Khalifa Haftar, a estimé hier que l'accord politique libyen signé le 17 décembre 2015 au Maroc a expiré et avec lui le mandat du gouvernement d'union nationale (GNA) appuyé par la communauté internationale. Dans un discours télévisé, le maréchal Haftar a estimé que la date du 17 décembre marquait «un tournant historique et dangereux» avec «l'expiration de l'accord politique libyen». «Tous les corps issus de cet accord perdent automatiquement leur légitimité contestée (déjà) dès le premier jour de leur prise de fonction», a-t-il dit. Régulièrement accusé par ses détracteurs de vouloir prendre le pouvoir et instaurer une dictature militaire, il a indiqué avoir été «menacé de mesures internationales fermes» s'il osait prendre des initiatives en dehors du cadre mis en place par la communauté internationale et la mission de l'ONU en Libye. «Nous annonçons sans équivoque notre obéissance totale au peuple libyen, maître (...) de son destin», a-t-il conclu. Dans un communiqué, l'envoyé spécial de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé, a indiqué hier que les Libyens en avaient «marre de la violence» et «considéraient le processus politique comme la seule voie vers la stabilité et l'unité de leur pays». «J'exhorte ainsi toutes les parties à écouter leurs voix et à s'abstenir de toute action qui pourrait menacer le processus politique», a-t-il dit. La Libye a sombré dans le chaos après la chute en 2011 de Mouammar Kadhafi. Des autorités rivales, à Tripoli et dans l'est du pays, et de nombreuses milices continuent de s'y disputer le pouvoir. L'accord signé il y a deux ans à Skhirat (Maroc) sous l'égide de l'ONU, prévoyait la formation du GNA pour un mandat d'un an renouvelable une seule fois. Le maréchal Haftar n'a jamais reconnu ce gouvernement. Le mandat du GNA, dirigé par Fayez Al-Sarraj, a expiré théoriquement hier, même s'il n'a jamais pu obtenir la confiance du Parlement élu basé dans l'est du pays et qui appuie le maréchal Khalifa Haftar ainsi qu'un gouvernement parallèle. Mais le Conseil de sécurité de l'ONU a prévenu jeudi que l'accord de Skhirat «demeure le seul cadre viable pour mettre fin à la crise politique en Libye», en attendant la tenue d'élections prévues en 2018. R. I. / Agences l Les participants aux travaux de la réunion ministérielle tripartite (Algérie-Egypte-Tunisie) sur la Libye, tenue hier à Tunis, ont affirmé, lors d'une déclaration commune, l'importance de soutenir le processus du règlement de la crise dans le cadre de l'accord politique libyen et de poursuivre la consultation régulière entre les trois pays et annoncé la tenue de la prochaine réunion à Alger. Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, et ses homologues tunisien, Khemaies Jhinaoui, et égyptien, Sameh Choukriont, ont réitéré leur soutien à l'accord politique libyen en tant que cadre de la solution politique en Libye, saluant dans ce sens le communiqué émanant du Conseil de sécurité daté du 14 décembre en cours, concernant «la situation en Libye». Les trois ministres ont souligné le rôle central et la responsabilité politique et juridique de l'ONU, qui initie le dialogue politique libyen et assure le suivi de la mise en œuvre de ses dispositions et l'application de ses conclusions. Les ministres ont exhorté l'ensemble des parties libyennes à privilégier l'intérêt national du peuple libyen et à favoriser le dialogue et le consensus permettant de mettre en œuvre le «plan d'action pour la Libye», proposé par l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Ghassane Salame, qui était au cœur du communiqué du Conseil de sécurité rendu le 10 octobre 2017, de mettre fin à la phase transitoire le plus tôt possible dans une ambiance pacifique en concrétisant les échéances constitutionnelles et exécutives et assurant un climat sécuritaire et politique favorable pour l'organisation des élections présidentielle et législatives.