Le processus d'inscription des électeurs libyens est engagé depuis quelques semaines, en prévision de nouvelles élections générales prévues pour la mi-2018. Mais les conditions ne semblent pas être tout à fait réunies pour la tenue de ce scrutin. Le président du Conseil présidentiel et non pas moins chef du gouvernement d'Union nationale, Fayez al-Serraj, a été reçu hier à Alger par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, une visite qui coïncide avec l'an deux de la conclusion de l'Accord politique inter-libyen de Skhirat, sous l'égide de l'ONU. Ce déplacement à Alger intervient également dans un contexte de blocage quasi général en Libye, sur le plan politique, et une situation sécuritaire difficile, en raison des rivalités opposant le camp de l'Est libyen à celui de l'Ouest. Si M. al-Serraj tient à rester optimiste quant à l'avancée du processus politique en Libye, ce ne semble pas être le cas de son adversaire, le controversé maréchal Khalifa Haftar qui, dans un discours à la télévision, a réaffirmé, hier matin, ne pas reconnaître l'Accord de Skhirat (Maroc), alors que l'ONU, les pays voisins et les autres pays impliqués dans ce processus estiment que ce texte demeure le seul cadre valable pour sortir la Libye de l'impasse politique et du chaos sécuritaire dans lesquels elle est plongée depuis l'intervention de l'Otan dans ce pays et la chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi fin 2011. Le maréchal Haftar a estimé que la date du 17 décembre marquait un tournant historique et dangereux avec l'expiration de l'accord politique libyen, ajoutant que tous les corps issus de cet accord perdent automatiquement leur légitimité contestée (déjà) dès le premier jour de leur prise de fonction. Sans afficher ouvertement ses ambitions à diriger le pays, il a déclaré : "Nous annonçons sans équivoque notre obéissance totale au peuple libyen, maître (...) de son destin." Le maréchal Khalifa Haftar dispose d'un fort soutien des autorités de l'Est, installées à Tobrouk, où s'est également implanté le Parlement élu qui n'a jamais voulu accorder sa confiance au gouvernement d'union de Tripoli. Il avait rencontré à deux reprises Fayez al-Serraj à Abou Dhabi et à Paris, sous médiation émiratie et française. Mais depuis, ce rapprochement ne semble pas avoir marché, malgré l'engagement des deux hommes à engager des discussions sérieuses pour modifier l'Accord de Skhirat et tenir des élections durant l'année 2018. Hier, le nouveau représentant du Secrétaire général de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé, a appelé les Libyens à poursuivre sur la voie du dialogue politique, seul à même de ramener la paix dans ce pays que les réseaux de trafics ont transformé en passoire pour les migrants clandestins en partance vers l'Europe. "J'exhorte ainsi toutes les parties à écouter leur voix et à s'abstenir de toute action qui pourrait menacer le processus politique", a-t-il dit. Lyès Menacer