Dans cette histoire pas très drôle, on a mis la charrue avant les boeufs. La nouvelle donne du football algérien consiste à séparer les corporations des joueurs en 2 grands groupes, ceux qui vivent de la discipline et se font payer pour cela et ceux qui la pratiquent, surtout, par plaisir. Les premiers sont dénommés professionnels alors que les seconds se font appeler amateurs. La seconde catégorie de joueurs, les amateurs, se veut une entité qui ne touche rien si ce n'est l'argent dû au remboursement des frais qu'elle a engagés pour venir jouer, selon la version de la Fédération internationale de football, reprise par la Fédération algérienne. On veut bien admettre qu'il existe des gens pour qui le football est un moyen de s'évader et de se donner du plaisir mais on voudrait bien qu'on nous montre l'endroit, en Algérie, où l'on pratique ce sport, dans un club, sans toucher le moindre centime. Il est, malheureusement, admis chez nous que, dès que vous essayez d'opter pour une équipe, vous monnayez votre talent. Le marché du travail étant ce qu'il est avec sa courbe de croissance en matière de chômage chez les jeunes sans cesse grandissante, fait du football un centre d'intérêt de premier choix. Ce qui fait que de la plus petite des divisions de la hiérarchie de la discipline jusqu'à la plus élevée, n'importe quel athlète (senior s'entend) qui met un short, un maillot et des chaussures adaptées perçoit des dividendes (primes) dès lors qu'il dispute un match officiel. Bien mieux, ce sportif s'arrange pour trouver auprès de ses dirigeants assez de compréhension pour toucher un dû au titre de prime de signature. L'amateurisme, au sens propre du terme, n'est, de la sorte, chez nous qu'une simple vue de l'esprit. Il s'agit, également, de faire le distinguo entre le vrai professionnel et sa vague copie qui évolue en Algérie. S'il est vrai qu'être professionnel dans le sport, c'est faire de la discipline que vous pratiquez votre gagne-pain, il est tout aussi vrai que le professionnalisme obéit à des critères que nos joueurs sont loin de respecter. Le professionnalisme c'est pratiquer son sport selon des normes conventionnellement admises où l'hygiène de vie y est rigoureuse et sans faille, le rythme de maintien de forme soutenu et l'esprit compétitif complètement engagé. Force est d'admettre que le joueur algérien, même le mieux payé du pays, n'a pas la moindre once de notion de ce genre d'exigence. Pourtant c'est bien ce joueur qu'il va falloir appeler professionnel du fait qu'il recevra une fiche de paie à chaque fin de mois. Et une fiche de paie que lui délivrera un club qui, pour la loi, est toujours amateur. Chez nous on a du mal, quelquefois, à situer le normal par rapport à l'anormal. Cette histoire de clubs amateurs qui engagent des joueurs professionnels sera à inscrire dans le long répertoire du burlesque du sport algérien. En la circonstance, on a bien mis la charrue avant les boeufs mais la FAF ne pouvait faire autrement, tenue qu'elle était par les instructions de la Fifa. Avant de classer les joueurs en professionnels et en amateurs, il aurait mieux fallu sérier les clubs qui, d'un point de vue statutaire, sont toujours amateurs donc non susceptibles de générer des bénéfices, donc incapables de rémunérer un personnel. Il aurait donc été préférable de mettre en application, tout d'abord, les dispositions de l'article 46 de la nouvelle loi sur le sport qui offre aux clubs voulant devenir professionnels la possibilité de se transformer en sociétés commerciales selon l'une des trois formes suivantes: -une entreprise unipersonnelle sportive à responsabilité limitée, -une société sportive à responsabilité limitée, -une société sportive par actions. La loi indique que ces sociétés seront régies par les dispositions du code de commerce. Il faut noter que la loi, en ses articles 44 et 45, prévoit la possibilité de création d'un club semi-professionnel mais cela ne concerne pas le football puisque la Fifa ne reconnaît pas ce genre de club. Il apparaît donc comme primordial de promulguer des textes d'application pour que les clubs de la division 1 et de la division 2 mettent leurs statuts en adéquation avec les textes de la Fifa mais, surtout, pour se mettre en règle vis-à-vis de la législation du pays sur le plan du commerce et de la fiscalité. Sous l'influence de la Fifa, la FAF a pris les devants en déclarant ouvertement qu'il existe des joueurs professionnels en Algérie. Il reste, maintenant, à donner aux clubs la possibilité de s'aligner sur le processus. Il ne s'agit que d'une simple notion de volonté.