Les patrons français demandent un certain nombre de garanties pour pénétrer le marché algérien. En déplacement aujourd'hui à Paris pour la première fois depuis son retour à la tête du département des Finances, Mourad Medelci compte jouer la carte de la transparence aux fins de convaincre le patronat français, encore très hésitant, à prendre une part active dans le programme de privatisations en Algérie. Intervenue sur invitation du ministre français de l'Economie, Thierry Breton, la visite de deux jours de M.Medelci coïncide avec une conjoncture des plus favorables, dans le sens d'une relance effective des relations économiques entre les deux pays. Mais plus encore, le séjour du ministre algérien des Finances à Paris constitue une réelle opportunité pour recentrer le débat sur l'investissement français en Algérie. Dans l'agenda de rencontres de M.Medelci, l'on signale un entretien avec Mme Christine Lagarde, ministre déléguée au Commerce extérieur, qui a récemment fait un déplacement à Alger. Le ministre algérien, fort d'une loi de finances complémentaire portant plan de relance économique, est appelé à définir les contours de l'orientation économique soutenue par des réformes stratégiques dictées par les nouvelles donnes internationales. Dans les rencontres avec les responsables français, la réforme bancaire, adoptée par le gouvernement Ouyahia, constituera, sans l'ombre d'un doute, l'un des sujets de discussion les plus importants. Et pour cause, au programme figure aussi une entrevue avec des représentants des banques et des compagnies d'assurances. Faut-il rappeler, à ce propos, que le système financier algérien ne cesse d'être au centre des controverses et est considéré par nombre d'opérateurs économiques français comme l'un des principaux freins à leurs investissements sur le marché algérien. Aussi, le grand argentier du pays a pour mission essentielle d'expliquer la tendance adoptée par l'Algérie qui se base sur une stratégie de privatisation des banques publiques. Une politique traduite par l'ouverture du capital au privé à hauteur de 51%. D'ailleurs, en référence aux dernières déclarations du ministère français des Affaires étrangères, la visite de M.Medelci «consacre la densité de notre coopération économique, financière et technique avec l'Algérie, ainsi que la volonté partagée d'enrichir encore cette coopération», a déclaré la porte-parole adjointe du Quai d'Orsay. Cette première visite depuis sa succession à Abdelatif Benachenhou sera aussi l'occasion de reprendre sérieusement langue avec le patronat français qui, faut-il le signaler, accuse un énorme retard. Dans la foulée, il est prévu que le ministre des Finances rencontrera mardi le Comité Algérie du Medef (Patronat français). Les concertations s'articuleront autour des perspectives d'investissements français en Algérie, un projet renvoyé aux calendes grecques et qui demeure en deçà de l'attente souhaitée par Alger. Faut-il dire aussi que les autorités de notre pays attendent toujours le partenariat tel que souhaité par le chef de l'Etat, à savoir dans le respect des intérêts des uns et des autres. Y aura-t-il le déclic tant attendu? C'est une question qui se pose avec acuité, sachant que l'orientation du gouvernement vers les privatisations est incontournable, nonobstant les carences que contient le projet et les réticences exprimées par les investisseurs.