Tamazight ne fait que reprendre ses droits historiques Plus de mesures de la part de l'Exécutif, ne font que rendre à César ce qui appartient à César. Tamazight, pour ainsi dire, a été laissé pendant des décennies «moisir» comme s'il s'agissait d'une pandémie dont il ne fallait pas s'approcher au risque de se voir emporter par ses conséquences ravageuses. Tamazight ne cesse d'engranger des exploits sur le plan politique. Ses exploits se font traduire au niveau technique, pédagogique et en matière de recherche en mettant en place une académie qui se chargera de sa réelle promotion et codification sur le plan scientifique. Le dernier conseil interministériel présidé par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a été ponctué par la prise de plusieurs mesures quant à la généralisation de l'enseignement de tamazight. Ledit conseil s'est attelé précisément à consacrer une «allocation de postes budgétaires supplémentaires pour renforcer l'enseignement de tamazight dans le secteur de l'Education nationale et pour élargir la formation et la recherche en tamazight au niveau des universités», précise le communiqué. C'est dire que cette prise rapide en charge de la généralisation de l'enseignement de tamazight obéit à une espèce de détermination de l'Etat à déployer toutes ses énergies pour que l'identité amazighe prenne tout son sens en tant que vecteur de la culture nationale et de sa personnalité comme socle et fondement de l'unité nationale. Ces mesures qui viennent d'être entérinées lors du dernier conseil interministériel, se veulent comme prolongement de l'application des directives émises par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lors du Conseil des ministres tenu le 27 décembre dernier. Cette succession de mesures renseigne sur l'importance de la question identitaire dans tous ses aspects, même ceux liés à sa mise en valeur sur le plan opérationnel. C'est dans ce sens que le conseil interministériel s'est attelé à la préparation d'un avant-projet de loi portant création de l'académie de langue amazighe. C'est un signal fort que les décideurs au sommet veulent donner à la société qui ballottait par rapport à cette question qui relève d'une préoccupation centrale de pans entiers d'Algériens qui affichent une adhésion sans ambages quant à cette revendication identitaire qui a connu tant d'ostracisme et d'occultation. La variante identitaire, tamazight en l'occurrence, est en train d'avancer vers sa consécration pleine et entière comme référent irréversible dans son expression politique, institutionnelle et pédagogique. Les sacrifices consentis font qu'aujourd'hui cette variante n'est plus une forme revendicative, elle s'impose en termes d'urgence, étant donné que son expression en tant qu'identité à la recherche d'une affirmation a connu des embûches dans son parcours historique et politique. Cette accumulation qui renseigne sur le processus de lutte dont elle était l'objet, exige qu'aujourd'hui sa prise en charge soit rapide et intelligente pour extirper les racines d'un danger «mortifère» qui risque de provoquer l'effritement et l'étripement du corps sociétal et le réduire à une espèce de loque où le sens de l'unité et de l'appartenance nationale se transformera en un contenu dépourvu de substance et de sève. Cette implication dans la réhabilitation de tamazight en sa qualité de variante identitaire, n'est pas née d'un vide, elle est le produit des enjeux qui se trament au niveau régional et international. Le monde actuel est animé par une «dynamique» géostratégique en pleine mutation, engendrant par la même des nouvelles situations en géopolitique, faisant émerger d'autres formes et entités politiques sous le fallacieux énoncé de respecter l'émergence des micro-Etats au nom des «minorités» et des communautés en droit de s'affirmer en tant que telle. L'Etat algérien et son personnel politique se doivent de faire face à toutes les formes de menaces qui se dissimulent derrière le prétexte ethnique et communautaire pour bien entamer les véritables enjeux de renforcement de la souveraineté nationale et de la défense du territoire du pays au moment où l'on assiste à la désintégration des Etats-nations et leur amoncellement en des entités hybrides pour servir le plan expansionniste des anciennes puissances en mal de performance économique et de positionnement sur l'échiquier mondial qui secrète d'autres forces nouvelles en totale contradiction avec les anciennes forces et puissances animées par la logique de la recolonisation et la domination pour esquisser une sortie à sa crise profonde sur le plan économique et géostratégique. Tamazight doit être encadrée dans la perspective nationale qui lui donne sa pérennité comme valeur sûre dans l'objectif de cimenter l'algériannité de l'Etat et sa consolidation au niveau interne. C'est la meilleure manière de faire disqualifier les tentatives de la division et les velléités de la dislocation telles qu'elles se présentent aujourd'hui à travers des exemples concrets qui ne sont pas à démontrer. Plus de mesures de la part de l'Exécutif, ne font que rendre à César ce qui appartient à César. Tamazight, pour ainsi dire, a été laissé pendant des décennies «moisir» comme s'il s'agissait d'une pandémie dont il ne fallait pas se rapprocher au risque de se voir emporter par ses conséquences ravageuses. Tamazight ne fait que reprendre ses droits historiques, cela ne veut pas dire que cette variante n'a pas été réhabilitée, mais les enjeux de la situation dans sa globalité nécessitent une approche souple et conséquente et non pas des attitudes qui ne font que dans la réaction. C'est comme cela que les problématiques quelle que soit leur nature, doivent être gérées.