Assassinat des diplomates, poussée du Gspc et emprisonnement d'Ali Benhadj. Couacs dans la démarche. Coup sur coup, trois événements majeurs sont venus se superposer pour mettre un ralentisseur à la réconciliation nationale, dont le projet d'amnistie générale, prévue pour la prochaine rentrée sociale, traduisait toute l'ambition du président de la République de mettre un terme à plusieurs années de débats sur la décennie du terrorisme en Algérie. Prévues initialement pour le mois de septembre ou octobre, les premières consultations sur l'amnistie devront observer un temps d'arrêt. L'exécution des deux diplomates algériens, Ali Belaroussi et Azedine Belkadi a profondément choqué les Algériens, par son aspect cruel et, somme toute, totalement inattendu. A cela, nous assistons à une poussée du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc), notamment dans la région comprise entre Béjaïa et Boumerdès. L'embuscade de Tidjelabine avait été trop brutale et extrêmement violente, non pas uniquement par le nombre important des morts- deux- et des blessés -quatre-au sein de la gendarmerie, mais aussi parce qu'elle a été opérée cette fois-ci à Tidjelabine, et non dans les contrebas des maquis habituels des terroristes. La poussée du Gspc peut être interprétée comme une réactivation de la violence après avoir été mise sur orbite par le groupe d'Al Zarkaoui. Après cette brusque incursion dans le monde des grands groupes terroristes, il y a réellement à s'attendre à ce que le Gspc opère d'autres attentats là où il lui est possible d'opérer. Selon un officier de la gendarmerie, la région est infestée de terroristes, et semble connaître «un regain d'activité». A rappeler que le Gspc connaît une phase de remise en question, et il est question au sein des structures dirigeantes de l'organisation de permettre un débat sur la trêve, bien que les radicaux qui mènent les actes de violence soient hostiles à toute idée de déposer les armes. Autre événement d'importance: l'arrestation et la mise aux arrêts de Ali Benhadj, n°2 de l'ex-FIS et figure emblématique de l'islamisme radical. L'ancien gourou de la jeunesse islamiste urbaine a encore trop d'impact sur ses anciens compagnons du parti et les chefs des organisations armées autodissoutes après avoir observé la trêve de 1997, tel l'AIS, pour que son emprisonnement soit sans effet. La mauvaise chose pour les autorités est qu'il faille convaincre ses pairs, partie prenante de la réconciliation nationale et qui ont déjà commencé à activer pour le projet d'amnistie, tels Madani Mezrag et Ahmed Benaïcha de se démarquer de l'inénarrable Benhadj, dont l'inflexibilité et le radicalisme se vérifient au quotidien. La bonne chose pour elles est que l'emprisonnement de Benhadj s'est fait dans le calme sans qu'aucun attroupement, qu'aucune émeute ne viennent perturber les choses. Si cela devait renseigner sur la baisse de popularité, cela reflète la stratégie de présence perpétuelle de la mouvance islamiste radicale à la périphérie immédiate des enjeux politiques actuels. La réconciliation perturbée, oui, mais non oubliée. Cela va marquer un temps d'arrêt, certes, mais rien, absolument rien, ne peut détourner le président de la République de ce qui semble être l'axe central de toute sa politique intérieure depuis le début du premier mandat. Convaincu que la réconciliation nationale constitue la seule issue possible à une décennie qu'on n'arrive ni à oublier ni à dépasser, tant les conséquences sont actuelles et importantes, le président de la République marquera certainement, le temps d'arrêt qu'il faut, engagera la réfléxion qu'il juge nécessaire, mais repartira encore à la conquête d'un appui populaire très large en faveur de la réconciliation.