Des gerbes de fleurs seront déposées en souvenir du massacre. Par une chaude matinée d'été, il y a 60 ans, un « boum », puis une chaleur de 4000 degrés s'abat sur Hiroshima tuant instantanément des dizaines de milliers de personnes et détruisant la ville. Le 6 août 1945, à 8h 14, le B-29 Enola Gay a largué la bombe surnommée «Little Boy» qui explose cinquante-trois secondes plus tard, à 580 m au-dessus d'Hiroshima. Au sol, 140.000 personnes avaient été tuées. Il y eut 51.000 blessés qui, pour bon nombre, ne survivront pas. Une seule bombe avait rayé une ville de la carte. En comptant les personnes initialement portées disparues et celles mortes ultérieurement de maladies liées à l'explosion, le nombre total de victimes à Hiroshima s'élève à 237.000. Le 9 août 1945, «Fat Man» allait répandre à son tour le feu nucléaire sur Nagasaki. Le B-29 «Bockscar» se dirigea alors vers Nagasaki le temps de larguer «Fat Man» et le scénario d'Hiroshima se reproduisait. Bilan de la deuxième attaque: 80.000 morts. La seconde importante ville du Japon venait d'être rasée en quelques secondes par le feu nucléaire. Et le 15 août 1945, le Japon capitulait. Ce sont les bribes de quelques secondes d'une histoire effroyable vécue par le pays du Soleil Levant durant la Seconde Guerre mondiale. L'ordre du président américain, Harry Truman, de lancer la bombe atomique sur les villes d'Hiroshima et de Nagasaki constitue l'une des décisions les plus controversées de la Seconde Guerre mondiale. «Le monde apprendra que la première bombe atomique a été lancée sur Hiroshima, une base militaire. Nous avons gagné la course à sa découverte contre les Allemands. Nous l'avons utilisée dans le but d'abréger les souffrances de la guerre, afin d'épargner la vie de milliers et de milliers de jeunes Américains. Nous continuerons à l'utiliser jusqu'à ce que nous détruisions totalement le potentiel du Japon à faire la guerre», avait déclaré alors, Truman. L'opinion publique américaine n'en a pas voulu à Harry Truman d'avoir ordonné la destruction atomique des villes japonaises. Il a été plus critiqué pour son programme social et ses projets de loi en faveur des noirs que pour l'utilisation de la bombe. Les équipages des B-29 ont été traités en héros. La raison la plus souvent invoquée est que le président américain voulait mettre fin à la guerre avec le Japon. On a aussi prétendu qu'il désirait empêcher les Soviétiques de saisir un maximum de territoires en Asie, voire qu'il aurait voulu impressionner ceux-ci en leur faisant la démonstration de la puissance militaro-scientifique américaine. Mais l'objectif principal était d'effacer «l'infamie» de Pearl Harbor le 7 décembre 1941. En cette date, un raid surprise lancé par l'aviation nipponne contre l'île de Hawaï, à plus de 6000 km des côtes japonaises, massacre les forces navales américaines. Sans déclaration de guerre, l'oncle Sam se lance dans la mêlée sanglante de la Seconde Guerre mondiale et répond par l'arme nucléaire. 60 ans plus tard, les Japonais se rappellent toujours de cette effroyable tragédie. 60 ans plus tard, le débat sur l'utilisation du nucléaire n'est pas clos. Des milliers de personnes seront réunies aujourd'hui, au Parc du mémorial de la paix à Hiroshima. Des gerbes de fleurs seront déposées, un millier de colombes seront lâchées et le glas sonnera. Hiroshima est aujourd'hui une ville prospère de près de trois millions d'habitants qui est surtout connue au Japon pour son équipe de base-ball, les Carp, mais le souvenir reste vivace...