«Nous querellons les miséreux pour mieux nous dispenser de les plaindre ». Vauvenargues L'attaque de Pearl Harbour le 7 décembre 1941 par l'aviation japonaise visait à freiner les Américains dans le Pacifique. Il y eut plus d'un millier de morts et la flotte du Pacifique presque totalement détruite. Il est regrettable de constater qu'une fois de plus les médias occidentaux présentent d'une façon partielle et partiale l'information. On nous informe dans le reportage de la F2 que la bombe Enola gay a été larguée le 6 août 1945, mais que 15 jours auparavant, les Etats-Unis avaient fait exploser une bombe atomique dans le Nouveau Mexique. La mise au point de la bombe fut confiée à l'armée américaine qui organisa le travail de 150.000 personnes: savants physiciens, ingénieurs, personnels technique et de sécurité. Aucune mention n'est faite du pourquoi de l'attaque japonaise, à savoir que l'armée américaine avait bloqué les routes vitales pour l'approvisionnement du Japon en pétrole à partir de l'Indonésie. Einstein qui a quitté l'Allemagne nazi et qui une fois installé aux Etats-Unis incita expressément Franklin Delano Roosevelt - décédé par la suite avant le lancement de la bombe - à activer la mise au point de la bombe atomique avant les Allemands. Ces derniers avaient à la fois une avance dans les lanceurs et dans la mise au point ; on connaît comment la bataille de l'eau lourde fut perdue par les Allemands qui eurent leurs usines finlandaises bombardées (des films ont été faits sur cette guerre secrète). Plusieurs physiciens de renom participèrent au projet du nom de code Manhattan . Edward Teller, fut des pères avec Oppenheimer de la mise au point de la bombe atomique. Ce dernier fut exclu par la suite pour ses sympathies communistes. Pendant un court moment, les tramways se sont immobilisés et toute la ville s'est recueillie dans le silence, avant que des fleurs et de l'eau soient ensuite déposées en hommage aux morts. Hiroshima a choisi de commémorer simplement samedi la première attaque nucléaire de l'histoire, il y 60 ans, qui a fait plus de 140.000 victimes et marqué un tournant dans la Seconde Guerre mondiale. Plus de 55.000 personnes se sont réunies dans le parc du Mémorial de la paix à Hiroshima soixante ans après que les Américains eurent lâché la bombe-A sur la ville au cours d'une cérémonie austère. Une minute de silence a été observée à 8h15, heure précise de l'explosion de la bombe, marquée par le son d'une cloche de bronze, la cloche de la paix. Des gerbes de fleurs et de l'eau - symbolisant la souffrance des victimes du feu atomique - ont été déposées sur le cénotaphe au centre du parc. Devant le Dôme de la Bombe-A, l'un des rares bâtiments qui n'a pas été rasé par la déflagration, des militants pacifistes ont organisé un «die-in» en se couchant sur le sol. Des milliers de lanternes en papier, symbole des âmes des morts ont également été livrées au fil de l'eau d'une rivière proche du parc. Dans une «Déclaration de la paix», le maire Tadatoshi Akiba a lancé un appel aux puissances nucléaires pour qu'elles abandonnent leur arsenal mortel et a affirmé que les Etats-Unis, la Russie et les autres membres du club nucléaire «remettaient en cause la survie des humains». Le Premier ministre Junichiro Koïzumi a présenté ses condoléances aux morts. «J'adresse de sincères prières du fond de mon coeur aux personnes tuées», a-t-il déclaré, promettant que le Japon mènerait le combat contre la prolifération nucléaire. Si Hiroshima a surmonté la tragédie pour devenir une ville prospère de trois millions, la commémoration souligne la persistance du drame. «Pour les habitants d'Hiroshima, c'est un jour de prière», a raconté Takaomi Tahara, qui a perdu plusieurs proches, dont son grand-père. «A ce jour, les restes de ce dernier n'ont pas été trouvés, affirme-t-il. Pour nous, il n'y a pas de fin». Fumie Yoshida avait 16 ans. Elle a survécu au feu atomique qui lui a ravi son père, son frère et sa soeur et n'a pas voulu assister à la cérémonie officielle, se retrouvant avec un groupe d'amis dans un coin du parc. «Les restes de mon père n'ont jamais été retrouvés. Ceux d'entre nous qui ont vécu tout ça savent qu'il faut que jamais la tragédie ne se répète», a-t-elle souligné. «Mais je crois que beaucoup de Japonais aujourd'hui sont en train d'oublier».