La fusillade survenue mercredi soir dans un lycée à Parkland en Floride qui a fait 17 morts a relancé le débat aux Etats-Unis sur l'urgence d'encadrer l'usage des armes par le Congrès. Juste après la fusillade, des élus du Congrès sont montés au créneau pour critiquer l'inaction du Parlement américain face à ce fléau. Le sénateur du Connecticut, Chris Murphy, qui représente également New Town où a eu lieu en 2012 l'une des fusillades les plus meurtrières de l'histoire des Etats-Unis, a déclaré que ces tueries étaient «la conséquence de l'inaction» des législateurs. «Nous sommes responsables de ces atrocités de masse qui se produisent dans ce pays et qui sont sans précédent dans le monde», a indiqué le sénateur démocrate. La réaction des républicains aux déclarations de Murphy ne s'est pas fait attendre. Le sénateur de Floride Marco Rubio a demandé aux personnes qui se sont lancées dans le débat sur le contrôle d'armes après cette tuerie de «réserver leur jugement». «Les gens ne savent pas comment cela s'est produit: qui est cette personne, qu'est-ce qui il a motivé, Je pense qu'il est important de connaitre tout ça avant de tirer des conclusions que nous aurions pu adopter une loi qui aurait pu empêcher» la fusillade, s'est-il défendu dans une série de tweets. Les tueries de masse aux Etats-Unis ont pris de l'ampleur depuis le début de l'année. En moins de deux mois, 18 écoles américaines ont enregistré un usage d'armes à feu, selon l'organisation «Everytown for Gun Safety» qui milite pour le renforcement du contrôle des armes dans le pays. «Aucun enfant, enseignant ou tout autre (personne) ne doit se sentir en danger dans une école américaine», a déclaré le président Donald Trump, juste après la fusillade. Donald Trump qui a résisté à l'appel à l'encadrement des ventes d'armes, lancé après les tueries de Las Vegas et du Texas, a évité de se lancer dans le débat sur l'usage des armes à feu. Malgré ses promesses de combler les lacunes de la législation et les réglementations régissant cet usage, Trump a bloqué en 2017 une loi finalisée par l'ancienne administration Obama qui aurait interdit l'acquisition et la détention des armes pour les personnes souffrant de troubles mentaux. Cette réglementation a été proposée en réponse au massacre de New Town, survenu également en milieu scolaire qui a fait 26 morts, dont 20 enfants.Au total, ce sont 75 000 personnes qui auraient pu être ajoutées au fichier du système américain de vérification des antécédents judiciaires criminels (Nics) si la loi a été mise en oeuvre. La National Rifle Association (NRA), le puissant lobby des armes aux Etats-Unis, a considéré que ce projet de loi violait le deuxième amendement de la Constitution qui reconnaît à tout citoyen américain le droit de porter des armes, poussant au blocage de la proposition au niveau du Congrès. Depuis, le président Trump a continué d'orienter le débat sur ce fléau typiquement américain vers un simple «problème de santé mentale» et non pas vers «un problème de port d'armes». Jeudi le président américain a tweeté que «tant de signes» laissent confirmer que le tireur en Floride «expulsé de l'école pour son comportement mauvais et erratique» est «perturbé mentalement». «Les voisins et les camarades de classe savaient qu'il était un grand problème. On doit toujours signaler de tels cas aux autorités, encore et encore», s'est-t-il limité à dire sans souffler mot sur l'encadrement de l'usage d'armes à feu. En refusant d'apporter des solutions à ce fléau, les républicains sont considérés actuellement comme responsables en partie de ces tueries. Après la fusillade de Las Vegas qui a fait 59 morts et 500 blessés en octobre dernier, Paul Ryan, le chef de la majorité républicaine à la Chambre des représentants, a refusé de répondre à l'appel des démocrates de créer un comité spécial au Congrès qui sera chargé de proposer des mesures législatives pour venir à bout de ce problème. Le chef de la Maison-Blanche a, par ailleurs, proposé dans son projet de budget 2019, de réduire les financements octroyés au Nics de 16% à 61 millions de dollars contre 73 millions de dollars en 2018. Cette coupe budgétaire est susceptible d'affecter négativement le travail de vérification menée par cet organisme fédéral.