«L'Organisation des pays exportateurs de pétrole cherche à parvenir avant la fin 2018 à un accord sur une coopération à long terme avec les pays non membres du cartel.» Il n'est pas exclu que l'Opep et ses 11 alliés serrent un peu plus les vannes. La guerre des prix bat son plein. La bataille sera rude. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses partenaires, dont la Russie, savent que les Américains qui ont repris de plus belle leur extraction de pétrole de schiste après que les prix ont rebondi, ne leur feront pas de cadeau. Le déséquilibre du marché c'est leur affaire! A travers cet objectif inavoué, ce sont des pays ciblés qui en font les frais. L'exemple du Venezuela est édifiant. Ce sera donc à la guerre comme à la guerre. Lorsque le devenir d'une nation est menacé, il n'y a pas d'autre alternative que de riposter vigoureusement. Les pays producteurs (Opep et non-Opep) qui risquent de souffrir si les cours de l'or noir venaient à subir une dégringolade, ne se laisseront pas faire. Il y a fort à parier que l'accord de la baisse de 1,8 million de barils par jour, décidée par les «24» (13 pays Opep et leurs 11 alliés hors organisation) qui court jusqu'à la fin de l'année 2018, sera durci davantage si la conjoncture actuelle venait à persister. La riposte se prépare. «L'Opep cherche à parvenir avant la fin 2018 à un accord sur une coopération à long terme avec les pays non membres du cartel», a indiqué le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, Souhail al-Mazrouei, dont le pays assure la présidence en exercice de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, a précisé dans le journal local The National dans une déclaration publiée jeudi dernier. C'était dans l'air. L'offensive a été dévoilée à partir de la capitale du Sultanat d'Oman, Mascate, à l'occasion de la tenue, au mois de janvier, de la 7ème réunion du comité ministériel conjoint de suivi de l'accord des «24». L'Opep veut en effet aller plus loin que la baisse de la production de 1,8 million de barils par jour dans sa coopération avec les pays producteurs de pétrole hors cartel. Son chef de file appelle à une collaboration Opep-non-Opep durable. L'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, avait appelé le 21 janvier 2018 à une coopération à long terme entre les pays de l'Opep et ceux non-membres de l'organisation comme la Russie, après un premier accord ayant permis de faire remonter les prix du brut. «Nous ne devons pas limiter nos efforts (à des quotas de production) en 2018. Nous devons parler d'un cadre pour notre coopération à plus long terme», avait plaidé le ministre saoudien de l'Energie, Khaled al-Faleh, juste avant le début de la réunion. Il s'agit de «prolonger au-delà de 2018 le cadre que nous avons établi, c'est-à-dire la déclaration de coopération» entre pays producteurs de l'Opep et pays non membres du cartel comme la Russie, avait-il indiqué tout en soulignant que la baisse de la production décidée par le cartel et ses 11 partenaires se poursuivra en principe toute l'année. Entre les Etats-Unis et l'alliance Opep-non-Opep c'est désormais à couteaux tirés. «La baisse des prix de la semaine dernière a poussé l'Opep à dévoiler ses cartes. Mais si le cartel peut empêcher les prix de creuser leurs pertes, la production américaine risque de les empêcher de décoller», a prévenu Stephen Brennock, analyste chez PVM. Les prix du pétrole qui ont sérieusement accusé le coup, sous la déferlante de la production américaine n'ont pas flanché. Ils ont mieux fait que résister. Les cours de l'or noir ont clôturé la semaine, en hausse, à près de 65 dollars à Londres et plus de 61 dollars à New York. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mars, référence américaine du brut, a gagné 34 cents pour clôturer à 61,68 dollars sur le New York Mercantile Exchange. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a fini à 64,88 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 55 cents par rapport à la clôture de jeudi dernier. «Le marché en revient aux fondamentaux, entre la hausse de la production américaine et l'engagement renouvelé de l'Opep et de ses partenaires à respecter, voire prolonger, leur accord de limitation de production», a fait remarquer Matt Smith de Clipper Data. Le «match» USA-Opep-non-Opep se poursuit. Qui en sortira vainqueur? Les paris sont ouverts.