Les leaders irakiens ont encore vingt-quatre heures pour finaliser le projet de Constitution du pays. Des progrès ont été réalisés dans le débat sur la future loi fondamentale irakienne, annonçait hier, le président Jalal Talabani, selon lequel il est probable que tout sera ficelé «dimanche» (aujourd'hui). Il est vrai que la date butoir du 15 août est arrivée et responsables et dignitaires irakiens n'ont plus le temps de finasser et doivent sans délai remettre leur copie. En fait, la discussion a beaucoup avancé et il ne resterait, selon les dires de participants aux discussions, que des points de détail à régler, notamment sur le fédéralisme, sur lequel un accord aurait été trouvé, et sur la place de l'islam au centre des discussions hier encore. Toutefois, au cas où les choses n'avancent pas sur ce point, ou sur d'autres, l'une des solutions envisagées, selon l'un des participants, le député kurde Mahmoud Osmane, est de présenter à temps un projet de Constitution au Parlement tout en s'engageant à régler les derniers points de litige avant le référendum prévu d'ici la mi-octobre. Une manière comme une autre de gagner du temps. Et c'est le temps qui manque le plus aux négociateurs irakiens. De fait, sur les 18 points litigieux recensés, seuls quatre ont trouvé une solution (jusqu'à hier) et concernent la ville de Kirkouk, arabisée sous le régime baasiste, et revendiquée par les Kurdes, le partage des ressources pétrolières, la question des peshmergas, (milices armées kurdes) et le nom officiel de l'Etat. Pour ce qui est des peshmergas, ils deviendraient, selon des sources proches des négociateurs, les «forces de sécurité» officielles du Kurdistan autonome. La situation dans la ville de Kirkouk, stipule le texte constitutionnel, doit être normalisée au plus tard le 15 décembre prochain, reprenant en fait l'article 58 de la Constitution provisoire, lequel ne donnait pas cependant de date quant à la mise en conformité de la situation de la métropole du Nord. L'autre point sur lequel un accord aurait été trouvé est le nom officiel de l'Etat qui serait, -selon le texte préconisé par les leaders irakiens- la «République fédérale d'Irak». Reste à solutionner en fait le point récurrent et crucial ayant trait à la place de l'islam dans la nouvelle mouture républicaine irakienne. La situation est ici un peu plus compliquée entre les tenants d'un islam source unique de l'Etat, et ceux estimant qu'il doit être seulement «l'une des sources» de l'Etat. En fait, il s'agit de trouver le juste milieu entre les positions (radicales) défendues par les Kurdes, notamment, qui s'opposent à ce que la première formule soit retenue, et les autres composantes, chiites et sunnites plus enclines à ce que l'islam soit la source de l'Etat irakien. Vendredi, la réunion a été perturbée par les déclarations d'Abdel Aziz Hakim, chef du puissant parti chiite du Conseil suprême de la Révolution islamique en Irak (Csrii, tête de file de l'Alliance de l'Irak uni -AIU- au Parlement) qui a jeté un froid sur les débats en cours. Les sunnites, déjà minorés dans le Parlement irakien, dans le gouvernement et dans les débats sur la future Constitution de l'Etat, ont très mal pris la sortie du numéro un (politique) chiite. C'est ainsi que le Comité des oulémas musulmans, principal organe représentatif des sunnites irakiens, a réagi avec violence en déclarant carrément que l'appel du chef chiite était un «complot visant à démembrer l'Irak». «Nous sommes choqués et apeurés par le discours de M.Hakim (...) Le moment choisi est mauvais, à quelques jours de la date butoir pour la Constitution», a déclaré pour sa part le sunnite Saleh Al-Motlak, -invité à titre individuel (car les sunnites étaient sous-représentés au débat en cours) par les leaders chiites et kurdes (en surnombre) à participer à leurs réunions marathon sur la Constitution. Dans une déclaration faite hier devant la presse, le président Talabani s'est voulu optimiste affirmant que le texte constitutionnel serait prêt à temps, sans doute aujourd'hui, indiquant «les réunions se poursuivent. Aujourd'hui (hier), il y en a une et demain (aujourd'hui) nous tiendrons une réunion aussi», a déclaré M.Talabani ajoutant «si Dieu le veut, le texte sera prêt demain (aujourd'hui)», soulignant que «plusieurs points (de litige) ont déjà été réglés et il ne reste plus qu'une petite partie». Jalal Talabani indiqua ainsi que les derniers points en suspens portent selon lui sur la question «du fédéralisme du Sud et du rôle de la religion».