L'opéra «Madame Butterfly», tragédie japonaise en deux actes du compositeur italien Giacomo Puccini, a été présenté en version scénique vendredi soir à Alger par l'Orchestre symphonique de l'opéra d'Alger, dirigé par le maestro Amine Kouider, devant un public nombreux. La fosse scénique de l'opéra d'Alger Boualem-Bessaïh a accueilli, près de deux heures durant, une cinquantaine de musiciens de l'Orchestre de l'opéra d'Alger qui ont exécuté une oeuvre faisant partie du grand répertoire des oeuvres les plus jouées au monde, écrite par Giacomo Puccini (1858 -1924), sur un livret en italien de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa. Mis en scène par Olivier Tousis dans une conception subtilement menée dans les quatre pupitres (soprano, alto, ténor et basse) par des voix lyriques algériennes et de plusieurs pays, le spectacle a embarqué l'assistance, dans une série de romances à rebondissements, explorant les travers de l'être, sujet à la tentation et l'infidélité, dans un dialogue entre les civilisations, orientale et occidentale. «Madame Butterfly», spectacle servi par une dizaine de comédiens et autant de figurants, raconte l'attente et le désespoir de Cio-Cio-San, dite «Madame Butterfly», fiancée à un officier américain, «Benjamin Franklin Piknerton», de passage à Nagazaki (Japon) qui repart à son pays sans avertir et sans plus donner le moindre signe de vie. Après avoir vécu le grand amour avec Piknerton, qui, lui, voyait en sa relation «un simple passe-temps», Butterfly va se noyer dans son chagrin, tenant au secret l'existence d'un enfant qu'elle avait eu avec lui. Elle se jura alors, si son fiancé ne revenait pas, de se donner la mort avec le couteau que son père avait lui aussi utilisé pour mettre fin à ses jours sur ordre de l'empereur. De retour après trois ans avec sa nouvelle campagne américaine, l'officier américain découvre l'existence de son fils qu'il décide de prendre avec lui, ne laissant aucun choix à Butterfly qui finit par mettre à exécution sa promesse macabre. Les comédiens, incarnant des personnages aux caractères épais, ont su porter le texte de cette oeuvre lyrique gigantesque, conduisant la trame avec assurance et professionnalisme. Avec des voix puissantes et limpides, Catherine Manandaza (Madame Butterfly), Jean Goyetche (Pikneton), Marc Souchet (le consul américain, Sharpless), Elena Rakova (Suzuki), Hadj Aissa Amara (Goro), Anissa Hadjarsi (Kate pikneton), Olivier Tousis (Yamadori / Lo Zio Banzo) et Adel Brahim (imperial comissario), se sont donné la réplique dans des échanges intenses. Sur une scène presque nue, agrémentée d'un éclairage concluant et servie par un décor, signé Kristof Tsiolle, l'espace, suggéré par quelques accessoires, se prolonge dans des projections d'images, de l'intérieur d'une maison japonaise, permettant un bon contexte aux comédiens-vocalistes. En présence du ministre des Travaux publics et des Transports, Abdelghani Zalène, le maestro Amine Kouider a dirigé ses musiciens, brillants de technique et de maîtrise, avec une baguette de maître, riche d'une expérience qui n'est désormais plus à prouver. Emanant de l'Orchestre symphonique national, créé en 1992 et lancé en 1997 sous la direction du regretté maestro Abdelwahab Salim (1931-1999), l'Orchestre de l'opéra d'Alger oeuvre entre autres, à la promotion de la musique symphonique en multipliant les tournées régionales et les concerts éducatifs dédiés aux enfants. Organisé par l'opéra d'Alger Boualem-Bessaïh sous l'égide du ministère de la Culture, l'opéra lyrique «Madame Butterfly» a été reconduit hier, sur la même scène, pour une deuxième représentation.