Empirisme. Rien n'oblige les élus locaux à avoir des capacités de gestion avant de prendre leurs fonctions. Il leur suffit d'être élus. On compte dans leurs rangs des universitaires mais pas seulement. Sauf qu'à la tête d'un territoire de la République, il leur faut «se frotter» quotidiennement avec la gestion. Une filière qui s'enseigne et s'apprend. Conscient de cette exigence, le ministre de l'Intérieur, Nouredine Bedoui, avait dès janvier dernier réuni les maires et présidents d'APW, pour leur annoncer des programmes de formation à leur intention. Ce qui est visé par ces programmes de formation n'est rien d'autre que la gestion locale à des élus venus d'horizons divers. La démarche est la même que partout ailleurs dans le monde. Sauf que chez nous, elle revêt un caractère plus urgent. Un exemple: le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni, nous a appris, jeudi dernier, que «80% de l'énergie produite dans le pays était consommée par les collectivités locales». Dans une autre intervention, Nahla Kheddadj, sous-directrice au ministère de l'Intérieur, va plus loin et précise que «la facture de l'éclairage public des collectivités locales est estimée annuellement à 13 milliards de dinars». C'est-à-dire que 1541 communes dépensent chaque année, pour s'éclairer seulement, 1 300 milliards de centimes. Presque un milliard de centimes par commune. Le problème est dans le règlement de cette facture. Les créances impayées par les collectivités locales au chapitre de ces dépenses s'élèvent à 480 milliards de centimes nous ap-prend Mme Kheddadj. Evidemment que ces chiffres frappent l'esprit. Evidemment qu'il faille trouver des solutions pour stopper l'incurie. Certains suggèrent l'utilisation des lampes à basse consommation comme les lampes LED. D'autres proposent de s'orienter vers les énergies renouvelables (solaire notamment) pour l'éclairage public. Les gestionnaires locaux écoutent sans broncher. Ils semblent attendre le projet de loi qui consoliderait davantage leurs prérogatives. Projet de loi qui a été annoncé en juillet dernier et que vient de rappeler Bedoui il y a quelques jours. Ceci dit, il est vrai qu'il y a fort à faire au chapitre de la rationalisation des dépenses publiques. Comme se départir de l'idée qu'un budget est fait pour être consommé quitte à refaire tous les trottoirs de la commune autant de fois qu'il faudra. Vous l'aurez remarqué, nous n'en sommes pas encore au développement local et à l'attractivité que peuvent créer les territoires de la République. On en est loin. On ne peut que rejoindre Guitouni lorsqu'il affirme que «ce coût exorbitant est dû en premier lieu à la mauvaise gestion». Car et si la formation des élus locaux est nécessaire pour une plus grande performance, elle n'est vraiment pas indispensable contre le gaspillage. La gestion «en bon père de famille» ne s'enseigne pas à Oxford. Changer de lampes et payer ses factures, comme on le ferait chez soi, est-il hors de portée d'un P/APC?