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Le marché noir s'effondre
APRÈS LA PUBLICATION DES PRIX «SORTIE D'USINE» DES VOITURES MONTEES EN ALGERIE
Publié dans L'Expression le 19 - 03 - 2018

Le marché noir de l'automobile engrange des milliards
Même les voitures d'occasion ne trouvent plus preneur. Boostés par la pénurie et la cherté du neuf, leurs prix ont chuté de manière significative avec cette nouvelle donne...
Pschitt! Depuis mercredi dernier, la bulle spéculative de l'automobile commence à crever... Ce jour-là, le ministère de l'Industrie et des Mines a rendu publiques les listes des prix de sortie d'usine des véhicules légers montés ou fabriqués en Algérie.
Des écarts surprenants qui ont de suite fait réagir les consommateurs, mais surtout la nouvelle «mafia» de l'automobile que sont les revendeurs. Quelques heures à peine après la surprenante publication de cette liste, ils ont baissé les prix de certaines voitures qui avaient déjà du mal à se vendre à cause de leur disponibilité encore sur le marché. On cite entre autres, la Seat Ibiza Style, la Hyundai I10 et le KIA Picanto. «Mes Ibiza, je les vendais déjà au prix d'achat ou au maximum avec 10.000 dinars de bénéfice. Et encore, j'avais du mal à les écouler. Alors, dès que la liste des prix est tombée, je n'ai pas hésité à les vendre 40.000 dinars de plus que leur prix d'achat», assure un revendeur de la capitale. «Je préfère perdre 40.000 dinars que «tmoutli fi yeddi kima double six».
«Les pertes seront encore plus grandes», assure-t-il en anticipant l'effondrement du marché du neuf chez les concessionnaires qui risqueraient de les ruiner. «La plupart des revendeurs ont choisi cette option en liquidant les trois modèles qui ont du mal à se vendre au marché noir, à savoir la Seat Ibiza Style, la Hyundai I10 et le KIA Picanto», indique-t-il. Les appréhensions de ce revendeur et de ses amis se sont vite confirmées! Samedi dernier, jour de marché hebdomadaire de Tidjelabine pour les véhicules d'occasion qui avec les temps qui courent s'est transformé surtout en marché de véhicules neufs. Une ambiance morose régnait dans ce marché qui habituellement grouille de monde. Il y avait plus de journalistes présents pour s'enquérir de l'état du marché que d'acheteurs. Les revendeurs qui, les semaines précédentes, imposaient leur loi avec leur fameux «mafihache» (ce n'est pas possible à ce prix, Ndlr), étaient presque en train de supplier les rares clients qui ont fait le déplacement. Après les 30.000 DA du premier jour, on a pu voir des rabais qui allaient jusqu'à plus de 100.000 DA. Cela n'a pas suffi à convaincre les clients! «Le ministère a publié les prix. On ne sait pas si ce seront les prix auxquels seront vendues les voitures prochainement. On est toutefois sûr d'une chose: les prix vont baisser, et nous allons perdre beaucoup d'argent...», s'alarme un autre revendeur. Son inquiétude est d'autant plus grande que même les voitures d'occasion ne trouvaient pas preneur. Boostés par la pénurie et la cherté du neuf, leur prix ont chuté de manière significative avec cette nouvelle donne. «Il y a eu des diminutions qui ont frôlé les 200.000 dinars sur certains modèles», confie Mustapha, un spécialiste de l'automobile. En fait, il assure que le marché automobile est complètement paralysé au moins jusqu'à samedi prochain. «Le marché de Tidjelabine est véritablement la Bourse de l'automobile, comme le square Port Saïd pour la devise. C'est lui qui définit les prix qui seront appliqués sur tout le territoire national»,explique-t-il en soutenant que le signal a donc été donné pour une «révolte» des prix pour qu'ils puissent revenir à la normale. Néanmoins, Mustapha avertit que les revendeurs ne se laisseront pas faire. «C'est une vraie mafia. Ils sont bien organisés, ils vont être solidaires afin de protéger leurs affaires!», met-il en garde en se montrant toutefois optimiste. «Il y a une volonté politique de remettre de l'ordre dans le marché puisque c'est le ministère de l'Industrie qui a rendu publics les prix. Il y a une volonté populaire de boycott pour mettre fin à ce diktat», poursuit celui qui est connu dans le milieu sous le surnom de «Mus». Effectivement, des campagnes de boycott ont été lancées sur les réseaux sociaux. Ils appellent au «bannissement» des véhicules «Made in bladi», qualifiés d'«arnaques». Relayés des milliers de fois, ces appels sont, d'après leurs instigateurs, le seul moyen d'un «retour à la réalité des prix». Entre le boycott virtuel et le boycott réel, il y a certes un monde qui les sépare. Mais une chose est sûre, les choses commencent à bouger...


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