Le secteur risque d'être perturbé à la veille du Ramadhan La polémique sur les produits interdits à l'importation ne cesse d'enfler de semaine en semaine. Les producteurs de boissons et dérivés du lait sont très inquiets sur l'avenir de leur activité. Des producteurs nationaux de boissons, de lait et dérivés ainsi que des fromagers ont mis à l'arrêt partiel, ces derniers jours, leur outil de production. «Une décision rendue inévitable suite à la rupture de leurs stocks d'intrants de base indispensables pour pouvoir fabriquer des produits de qualité et non renouvelés car interdits d'importation depuis le 1er janvier dernier», ont-ils fait savoir lors d'un point de presse organisé hier au siège de l'Association des producteurs algériens de boissons (Apab). Ces derniers, qui étaient réunis sous la présidence de Ali Hamani, président de l'Apab, n'ont pas caché leur inquiétude si les arômes et intrants, qui leur sont nécessaires, allaient continuer de faire l'objet de cette interdiction d'importation. «Depuis, nous disposons plus d'intrants en quantité suffisante et lorsque nos stocks seront épuisés, dans quelques jours, il ne nous restera plus qu'à mettre à l'arrêt nos unités de production avec toutes les fâcheuses conséquences qui s'ensuivront. Je parle ici de centaines de personnes qui vont se retrouver au chômage technique», a averti Ali Hamani. Ce dernier a, par ailleurs tenu à souligner au parterre de journalistes que «si cette interdiction d'importation d'intrants indispensables à l'industrie agroalimentaire venait à perdurer, cela mettrait en péril beaucoup de filières». Le président de l'Apab a en outre indiqué que «c'est maintenant et pas plus tard, que le gouvernement doit décider de lever l'interdiction d'importation d'intrants qui n'ont pas leurs équivalents locaux car nous sommes à la veille d'une période sensible, celle du mois de Ramadhan, durant laquelle toute pénurie est à exclure». Comme il a tenu à préciser que «la situation est devenue plus tendue lorsque l'Apab a appris, le 19 février dernier, que le consortium des fabricants d'arômes a annoncé qu'il n'était pas en mesure, dans l'immédiat, de fournir notre industrie dont les besoins sont spécifiques et variés». Un aveu qui, selon Hamani «n'a nullement fait réagir le ministère du Commerce et cela à notre grand désarroi». De son côté le patron des Nouvelles conserveries algériennes (NCA, Rouïba) Slim Othmani c'est dit outré par le fait «que le ministère de tutelle prenne des décisions sans une large consultation des concernés». Donc pour Othmani, «ne pas écouter les producteurs ce n'est autre que de la pure inconscience». Ce dernier a en outre dévoilé qu'il ne comprenait plus nos décideurs. Et d'expliquer dans ce sens que «d'un côté on nous demande de produire plus et en qualité pour à la fois répondre à la demande locale et exporter, et de l'autre on nous prive d'intrants. C'est à n'y rien comprendre». Toujours dans ce même ordre d'idées, il considère que «notre industrie agroalimentaire ne doit pas subir l'interdiction d'importation d'intrants pour la simple raison que cette décision va en contresens de l'économie de marché. Autre filière qui se sent pénalisée par l'interdiction d'importation de produits, celle du lait. En effet le patron de l'entreprise de production de lait UHT au nom commercial, Candia qui est également intervenu, a fait savoir qu'il est à deux doigts de fermer son unité de production «car le peroxyde, produit chimique indispensable pour la stérilisation du pack d'emballage, se retrouve dans la liste des produits interdits d'importation» a-t-il expliqué. Comme il a tenue dire que «les inputs importés sans problème auparavant sont soumis depuis le 1er janvier dernier soit à des quotas, soit à des mesures de restriction. Des mesures qui mettent en difficulté les producteurs nationaux des dérivés du lait, notamment le segment des yaourts et des fromages. Soulignons que ce point de presse organisé en urgence selon Othmani, n'est pas moins une sorte de SOS lancé par les producteurs concernés par les interdictions d'importation. Le parton de l'Apab ira jusqu'à dire que «le ministère assume sa part de responsabilité dans le cas où la pénurie de certains produits devenait effective sur le terrain». Un scénario qu'il faudra éviter à tout prix. On peut le croire dès lorsque que le ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi, a annoncé tout dernièrement que la liste des 851 produits interdits d'importation va être revue dans les deux sens, c'est-à-dire que de nouveaux produits seront introduits et d'autres retirés. Une nouvelle liste qui, selon le ministre, sera rendue publique d'ici la fin du mois de mars. Les producteurs vont donc l'attendre avec impatience.