Le jour le plus long pour le patron de la FAF L'AG ordinaire de l'instance fédérale, programmée pour ce lundi, n'aura, à coup sûr, rien d' «ordinaire». La sentence risque de dégénérer avec une éventuelle montée au créneau des «anti-Zetchi». Le président de la FAF, Kheïreddine Zetchi, qui vient de boucler sa première année de règne, se trouve dans l'oeil du cyclone, puisque son bilan est jugé mi-figue mi-raisin, avec une gestion hasardeuse de différents dossiers concernant la sélection nationale, les compétitions locales ainsi que le choix des équipes devant participer à la Coupe arabe des clubs, pour ne citer que ces dossiers, tant ils sont plusieurs. Cela fait que le bilan moral qui sera présenté aux membres de l'AG risque de ne pas être adopté, mettant Zetchi dans une situation inconfortable, lui qui vient de perdre un soutien de poids, en la personne du ministre sortant de la Jeunesse et des Sports, El Hadi Ould Ali. La désignation d'un technicien inconnu au bataillon, l'Espagnol Lucas Alcaraz en l'occurrence, à la tête de l'EN, dont il s'agissait de la première expérience avec une sélection nationale, suivie d'une autre d'un technicien sorti du frigo, après plus de 10 ans, à savoir Rabah Madjer, a fait que l'ancien président du club de Paradou AC a ouvert une brèche à ses «détracteurs». Car les deux entraîneurs n'ont pas fait l'unanimité, et les résultats sont là pour donner raison à ceux qui s'y opposaient. Cela, sans omettre l'aspect financier et l'indemnité que la FAF doit verser à Alcaraz, estimée selon certaines sources, à 600.000 euros. Avec «deux erreurs de casting», les Verts ne font désormais plus peur et dégringolent au classement FIFA, avec une peu reluisante 62e place. On reproche, de plus, à Zetchi et aux membres de son bureau le fait de rester «impuissants» devant les écarts disciplinaires enregistrés au sein de l'EN. Mieux, le patron de la FAF a descendu en flammes certains médias, lesquels, selon lui, «ne cherchent qu'à faire le buzz». Le dossier de candidature de Bachir Ould Zmirli au Bureau exécutif de la CAF, rejeté pour le fait d'être envoyé tardivement, ainsi que la désignation, puis le limogeage quelques temps après, du désormais ex-DTN, Fodil Tikanouine, sont deux dossiers qui risquent de jouer un mauvais tour à Zetchi. La maladie «Raouraoua» «Pour que Zetchi et les membres de son bureau réussissent, ils doivent se débarrasser de cette maladie qu'ils ont, qui s'appelle Raouraoua», avait déclaré Mahfoud Kerbadj dans une récente intervention. C'est que les actuels décideurs au sein de la FAF vivent dans l'ombre de l'ancien président, et affirment que tout ce qu'ils endurent vient du clan de Raouraoua. Ils se sont mis à la chasse de tout ce qui a un lien avec lui, ce qui a fait, par la force des choses, qu'ils avancent à reculons et le «projet» promis avant les élections du 20 mars 2017 n'a, jusqu'au jour d'aujourd'hui, pas vu le jour. Les réalisations à mettre au profit de Zetchi et de ses compères se comptent sur le bout des doits d'une seule main. Pour lundi, Raouraoua n'a pas confirmé sa présence officiellement, mais plusieurs sources laissent entendre qu'il sera de la «fête». Même Kerbadj, son «ami proche» a confirmé que l'actuel vice-président de l'Union arabe de football (UAFA) sera bel et bien présent, et personne ne pourra lui interdire d'y assister et de poser ses questions. Sur ce dernier point justement, Ammar Bahloul, président du directoire de la LFP, a indiqué que les membres de l'AG doivent, se référant à l'article 28 alinéa-2 des statuts de la FAF, envoyer leurs questions par écrit un mois avant la tenue des travaux de l'AGO. Or, la date de ces travaux a été communiquée moins d'un mois avant sa tenue, ce qui laisse entendre que tout a été programmé d'avance pour qu'il n'y ait ni débats ni questions. Même les représentants des médias devraient quitter la salle où aura lieu cette assemblée, dès le début de ses travaux. LFP, le scandale de trop La chasse aux «hommes» de Raouraoua a commencé très tôt par Zetchi. Avec quelques-uns, cela a bien réussi. Avec d'autres, comme Kerbadj, cela n'a pas été le cas. La surprenante décision de retirer la délégation de gestion des championnats professionnels de la Ligue de football professionnel (LFP) et de son président, Mahfoud Kerbadj, a donné lieu à un feuilleton qui n'est pas près de connaître son épilogue. L'installation d'un directoire pour gérer les affaires courantes de la LFP n'a pas réglé les choses, bien au contraire. Et cela était prévisible pour une équipe qui vient, en cours de route, d'entamer sa «mission», qui est d'effacer toutes les traces de son prédécesseur et repartir de zéro. Ce fut, donc, un scandale dans tous les sens, ce qui donne, une fois de plus, l'occasion aux «détracteurs» de Zetchi de tirer plusieurs flèches contre lui, lundi. Kerbadj, qui a confirmé sa présence, s'attend à ce qu'il intervienne lors de ce rendez-vous afin de, surtout, répondre aux derniers communiqués de la FAF, comme sur le dernier où il était mentionné que «le tribunal administratif d'Alger a débouté Kerbadj, suite à l'action qu'il a engagée contre l'instance fédérale afin d'annuler la convention signée entre les deux parties (FAF et LFP) en 2011». Or, et selon le concerné, «le tribunal administratif d'Alger a rejeté cette affaire pour juridiction incompétente». Mais son intervention risque de ne pas avoir lieu. Mieux, l'homme risque de ne pas y assister carrément. Ammar Bahloul a affirmé que Kerbadj ne fait plus partie des membres de l'AG et ne peut, donc, pas émarger. Répliquant, ce dernier affirme qu'aucun PV de son retrait des membres de l'AG n'a été établi par les 2/3 des membres, comme le stipule la réglementation, pour l'évincer. L'on s'attend, dans le cas échéant, à une intervention musclée. Un symposium sans suite Un des points positifs dans le bilan moral du bureau de Zetchi, c'est surtout l'organisation du Symposium sur le renouveau du football national, au mois de décembre dernier. Un fait important, au vu des huit thématiques abordées, mais aussi les personnalités qui ont animé les différents ateliers. Il y avait, entre autres, la «moralisation du football et la lutte contre la violence», «réformes juridiques et relations avec les médias et les institutions» ou encore «professionnalisme, financement, sponsoring et droits TV». Les conclusions de ces ateliers sont restées lettre morte puisque, mis à part le volet «formation et développement» qui avance doucement, mais sûrement, avec le directeur technique national, Rabah Saâdane, et le directeur des Equipes nationales, Boualem Charef, le point de départ n'a pas été franchi encore pour les autres volets. Retour de la bête immonde Dans les deux championnats professionnels des Ligues 1 et 2, rien n'a changé. L'on assiste aux mêmes scènes de violence, exagérées même, et un arbitrage très contesté, parfois récusé. La FAF reste passive devant tout cela, en l'absence de mesures radicales pour mettre fin à ces comportements irresponsables. Elle s'est contentée de communiqués stériles sur son site Internet, parfois en dénonçant, et d'autres fois pour menacer de frapper d'une main de fer. Quand? Réponse chez Zetchi et les membres de son bureau. Ces derniers sont plus que jamais appelé à trouver rapidement des solutions efficaces et radicales, en dehors de la sanction du huis clos qui a prouvé à plusieurs reprises qu'elle restait de loin un remède temporaire, dans la lutte contre la violence. Un autre point (encore) qui mettra Zetchi dans l'embarras lundi au moment de la présentation de son bilan moral. Un vote à bulletins secrets? Plusieurs membres de l'AG de la FAF comptent procéder par, une première dans les annales, qui est le fait de désapprouver les deux bilans, moral et financier de la FAF, selon plusieurs sources. Et c'est ce qui explique leur revendication de procéder à un vote à bulletin secret, au lieu d'un vote à mains levées. Jusqu'à l'heure, la FAF n'a pas encore donné de réponse à cette demande, laissant planer le doute. Des indiscrétions ont évoqué des tractations dans les coulisses, menées par certains présidents de ligues régionales, ainsi qu'une réunion de coordination qui les aurait regroupées à Alger pour préparer ce «coup d'Etat». Zetchi a répliqué, lors de sa présence à Tlemcen pour le tournoi de l'UNAF des U15, en tentant d'avoir à ses côtés les présidents de Ligues de wilaya et régionales de l'Ouest et du Sud-Ouest. C'est dire que ce lundi sera «le jour le plus long» pour Zetchi et ses alliés. Mohamed Hattab, ministre de la Jeunesse et des Sport «Le MJS ne se mêle pas dans le travail des fédérations» Le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Hattab, ne rate pas une occasion pour se distinguer de son prédécesseur, EL Hadi Ould Ali. En effet, il a déclaré jeudi à l'occasion d'une visite d'inspection à Alger, que ce n'est pas le rôle de son ministère de se mêler des affaires des fédérations. «Notre rôle est de programmer la stratégie du développement du sport et accompagner les programmes qui améliorent le sport algérien. C'est ça le rôle d'un ministère», a-t-il dit. Le premier responsable du secteur du sport en Algérie a indiqué, dans ce sillage que «chaque fédération est régie par ses propres règlements, on ne doit pas prendre l'habitude de se mêler de leurs affaires». Voilà ce qui mérite d'être clair.