Une année nous sépare de l'échéance électorale A l'approche, à grandes enjambées de l'élection présidentielle, la scène politique nationale s'active et les partis politiques, qui tenaient en haleine la société en maintenant un certain suspense, offrent une meilleure visibilité sur leurs intentions. La scène politique algérienne s'agite. A moins d'une année de l'échéance électorale, la course à la présidentielle de 2019 a commencé. Timidement pour certains, audacieusement pour d'autres. Chacun s'y prépare à sa manière et construit son scénario pour la présidentielle, du plus probable au plus hypothétique. Et si l'opposition ne laisse rien filtrer sur les potentiels candidats à la course au palais d'El Mouradia, les partis majoritaires et proches du pouvoir, eux, ont décidé de jouer franc jeu et d'abattre toutes leurs cartes. Ils n'ont pas hésité à appeler où à soutenir la candidature du président Bouteflika pour un nouveau mandat. C'est le cas, bien évidemment, du vieux parti, le Front de Libération nationale (FLN) et de son frère jumeau le Rassemblement national démocratique (RND). Si au FLN, Djamel Ould Abbès a ouvertement appelé le chef de l'Etat à se présenter à la prochaine élection présidentielle, Ahmed Ouyahia, a, quant à lui, choisi d'afficher son soutien indéfectible à Abdelaziz Bouteflika en faisant état de son souhait et celui de l'ensemble du gouvernement, de le voir «continuer son oeuvre». Après la proclamation de leur choix, les deux formations politiques se préparent à se lancer dans une large précampagne électorale pour défendre les réalisations du chef de l'Etat et son programme à venir. Mais pour réussir cette mission, les deux partis doivent s'organiser à même de faire fonctionner la machine électorale. Or, les manoeuvres en sourdine pour déshabiller la direction actuelle du FLN, retardent ce parti qui s'attelle à préparer activement le double rendez-vous de son prochain comité central et de la présentation du bilan de 20 ans de gouvernance du pays par le président Bouteflika. Annoncé pour mars dernier, le comité central du FLN se «tiendra prochainement» a déclaré le secrétaire général non sans narguer ses adversaires en lançant «l'ère des pétitions est révolue». Ahmed Ouyahia qui a choisi de présenter le bilan du président de la République en sa qualité de Premier ministre, a opté, sous la casquette de secrétaire général du RDN, d'instruire ses élus et militants pour répondre aux préoccupations citoyennes afin de mieux réussir la mobilisation lors du prochain rendez-vous électoral. Car, c'est le travail de proximité qui assure à un parti politique son ancrage dans la société, estime le RND. Outre ces deux grands partis, d'autres formations politiques se préparent au prochain rendez-vous électoral. A l'exemple du FFS qui vient de clôturer les travaux de son congrès national extraordinaire avec l'élection de la nouvelle instance présidentielle. En fait, en tenant son congrès de la décantation, le FFS n'est pas sorti totalement de sa crise et il n'est pas attendu que ce parti présente un candidat lors de la prochaine élection présidentielle. Cependant, son orientation aura un poids. Du côté des islamistes, les choses bougent aussi et les partis préparent leurs congrès. C'est le cas notamment du MSP dont la session de son conseil consultatif s'est clôturée hier en adoptant le programme politique, sans grand changement d'ailleurs, qui sera présenté au septième congrès. Un congrès à l'issue duquel le parti pourra se prononcer sur sa participation en solo ou pas lors de la prochaine présidentielle. Il se prononcera également sur son candidat. La seule certitude pour le moment reste la déclaration de Abderrezak Makri qui a assuré dernièrement que «le candidat du MSP ne jouera jamais le rôle d'un candidat-lièvre pour conférer de la crédibilité à cette compétition». Il faut dire qu'il est peu probable de voir les islamistes présenter un candidat unique. Car ces derniers, perdus sur les sentiers escarpés de la démocratie, tentent en vain de s'orienter vers la création d'un bloc qui dépasserait les rivalités et mettrait fin à l'effritement actuel. Et autant les partis islamistes connaissent l'effritement, autant les partis de l'opposition restent divisés. Ils n'ont d'ailleurs pas réussi à mener à bon port la plate-forme de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (Cltd) ni l'Instance de concertation de suivi de l'opposition (Icso), deux initiatives qui se sont désagrégées sous l'effet des tiraillements entre leurs membres. Il n'empêche qu'individuellement, chaque parti se prépare. Comme le FNA dont le président Moussa Touati vient d'être plébiscité pour un nouveau mandat lors du 4e congrès et qui n'a pas manqué d'assurer que sa formation «se tiendra, à l'occasion de la présidentielle prévue pour l'année 2019, aux côtés de celui qui sert l'intérêt de l'Algérie et qui oeuvre à redonner à l'Algérie l'image qui lui sied dans les fora internationaux». Moussa Touati n'entretient pas le suspense sur son soutien au candidat du «pouvoir» en affirmant «il est vrai qu'au sein du FNA, nous étions des opposants au pouvoir, mais aujourd'hui et après réflexion, nous nous sommes rendus compte que le problème réside dans les assemblées élues qui ne servent pas l'intérêt du peuple (...)». D'autres partis et après la sortie fracassante de Ould Abbès pour appeler le président Bouteflika à se présenter pour un nouveau mandat, commencent à rallier le rang. Même si les responsables de ces formations politiques n'ont pas encore affiché leur soutien à la candidature du chef de l'Etat, attendant sûrement que ce dernier se positionne, ils ont choisi, pour certains de rappeler leur soutien au président par le passé et ses réalisations qui ont permis de «faire sortir le pays de la crise». Il faut dire qu'à l'approche à grandes enjambées de cette échéance, la scène politique nationale s'active et les partis politiques qui tenaient en haleine la société en maintenant un certain suspense, offrent une meilleure visibilité sur leurs intentions. Reste à espérer que la prochaine élection présidentielle va permettre réellement une confrontation des programmes dans le respect du jeu démocratique, comme l'a soutenu, dans son message le chef de l'Etat qui n'a pas manqué d'affirmer que la seule condition qui distinguera les «sprinters» au pouvoir sera leur capacité à rassembler et à susciter l'adhésion à leur projet.