Le projet de loi sur la santé est enfin présenté au niveau de l'APN Selon le Syndicat des praticiens de la santé publique (Snpsp), des insuffisances et des contradictions caractérisent ce texte de loi. Au moment où le dossier du très sensible projet de loi sur la santé est enfin présenté au niveau de l'APN, le Syndicat national des praticiens de santé publique émet ses réserves quant à l'adoption prochaine de la loi sanitaire. «Son adoption dans ce contexte précis n'est pas appropriée», a estimé hier, à Alger, le président du Snpsp, Lyes Merabet, en marge d'une conférence de presse. Selon lui, bien des insuffisances et des contradictions caractérisent ces textes de loi. «Par conséquent, il faut plus de temps pour traiter ces lacunes», a-t-il avancé. Lyes Merabet a déploré dans ce sens, la non-prise en compte par le gouvernement du Snpsp entre autres, en tant que partenaire social, dans l'élaboration de l'avant-projet inhérent à la loi sanitaire avant sa soumission à débat. Par ailleurs, l'intervenant a décliné la lecture de son organisation syndicale quand après lecture des textes contenus dans ce projet. Lyes Merabet a préalablement mis en relief une incohérence liée à la question de la gratuité des soins en Algérie. D'après ses affirmations; dans la copie du projet transcrite en arabe, le principe de la «gratuité des soins» a été mentionné à plusieurs reprises. En français en revanche, ces mots n'ont été notifiés qu'une seule fois, a-t-il assuré. Cette petite contradiction relevée laisse ainsi le syndicaliste perplexe: «Cela nous mène à nous poser maintes interrogations, sachant que la Constitution a bien déterminé le concept de la gratuité des soins et son champ d'applications.» Poursuivant sur cette ligne, Lyes Merabet a tenu à attirer l'attention sur l'orientation dangereuse des tenants du pouvoir, portant sur la privatisation de façon progressive du secteur de la santé, sous couvert de «la complémentarité entre le secteur privé et public dans les prestations de santé offertes au citoyen». Le syndicaliste a appuyé en ce sens le fait qu'on ne peut mettre ces deux secteurs sur le même pied d'égalité. Il a encore pointé du doigt l'abandon par la tutelle des structures de santé publiques au profit des collectivités locales. Le porte- voix du Syndicat des praticiens de la santé publique a en outre fait remarquer que d'après l'énoncé des textes relatifs à cette même loi «il y a clairement une tentative de transformer la loi de la santé en une sorte de Code pénal». Il argumente à ce titre que plusieurs textes de loi évoquent l'incrimination du médecin, en statuant sur des sanctions à l'encontre du personnel médical et paramédical qui sera du ressort de la justice. D'un autre côté, Lyes Merabet a énuméré, question d'équilibrer les choses, les propositions positives que comprend ce nouveau projet sur la santé. Ainsi, il a insisté sur la nécessité de promouvoir davantage la médecine de famille. Demandant à ce qu'il y ait une révision de la formation du médecin généraliste en le promulguant au rang de spécialiste comme c'est le cas dans plusieurs pays. Le Snpsp met encore en évidence l'article 91-92 et qui porte sur la protection des personnes âgées. Le syndicat appelle ainsi à créer une spécialité de gériatrie permettant de prendre en charge cette catégorie de citoyens. Par ailleurs, évoquant l'abrogation du service civil, Lyes Merabet soutient qu'il peut être supprimé, mais de manière progressive. «Il est évident que cela ne peut se réaliser du jour au lendemain.» Cela dit, poursuit-il «il faut penser à trouver des mesures incitatives de substitution aussi bien pour le secteur privé que pour le public. Pour sa part, Noureddine Bouderba, expert en questions sociales ayant pris part à cette conférence, a insisté lui aussi sur la nécessité de se concerter avec toutes les parties concernées par les prestations de santé publique, pour l'élaboration de la loi sanitaire y compris le malade lui-même étant l'un des principaux concernés. «Tous les acteurs sociaux devraient impérativement êtres invités au débat», a-t-il fait comprendre. Il explicite le fait que des changements drastiques interviendront avec l'adoption de ce projet de loi. Par conséquent, l'engagement de toute la société est très important, a-t-il relevé.