Le projet de la nouvelle loi sanitaire n'est toujours pas adopté par les deux Chambres du Parlement. Annoncée pour la session d'automne dernier, puis celle du printemps, sa présentation aux parlementaires n'a toujours pas eu lieu. Les décideurs songeraient-ils, encore une fois, à le mettre dans le tiroir ? Il semble que le projet ne fait pas l'unanimité au sein même du gouvernement, plutôt du pouvoir en place, même s'il a fait l'objet d'une deuxième lecture en août 2015. Ce ne sont pas donc que les syndicats et les travailleurs du secteur qui le rejettent mais aussi une partie des décideurs. C'est parce qu'il remet en cause la gratuité des soins, entre autres, affirment des proches du secteur. Pourtant, le ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, plusieurs fois dans ses sorties de travail à travers le pays, a affirmé qu'il n'est jamais question de remettre en cause la gratuité des soins en Algérie. Boudiaf assurait que «le projet de nouvelle loi sanitaire qui est actuellement au niveau du secrétariat général du gouvernement porte sur plusieurs aspects qui répondent aux besoins socio-économique et culturel du peuple algérien». Paradoxalement, le ministre n'en parle plus depuis quelques mois. Le nouveau projet de loi est un amendement de la loi 85-05 du 16 février 1985 (relative à la protection et à la promotion de la santé). Depuis des années, les syndicats du secteur, à leur tête le Snpssp (Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique) et le Snpsp (Syndicat national des praticiens de la santé publique), appellent à apporter «les correctifs» nécessaires à l'ancienne loi et remédier aux nombreux dysfonctionnements dans le secteur. En 2011, des assises nationales sur la santé ont été organisées à Alger, en présence et sur instruction de l'ancien ministre, Djamel Ould Abbès. A peine ouvertes, les syndicats autonomes ont quitté la salle. «Les recommandations ont été élaborées et finalisées à l'avance. Nous soupçonnions même que le projet de loi était déjà remis à la chefferie du gouvernement», affirmait le Dr Merabet, conforté dans ses propos et sa démarche par d'autres. C'était donc l'échec et le projet a été retiré de la chefferie du gouvernement. De nouvelles assises sur la santé ont eu lieu en 2014, avec la participation d'un grand nombre de syndicats, en plus de l'Ugta. De ces assises, sont ressorties des recommandations transformées en des dispositions contenues dans le projet de loi sanitaire. En réalité, il ne s'agit que d'une partie de ces recommandations, voire une partie infime. Les syndicats ont en fait le constat quand ils ont pris connaissance du contenu du nouveau texte. Ce qui a attisé davantage leur mécontentement et, par conséquent, le retard pour son adoption en Conseil des ministres et par la suite les deux Chambres du Parlement. «Si la nouvelle loi vient à être adoptée, cela suscitera des réactions négatives de la part du partenaire social. Et ce n'est pas du tout le moment, maintenant que les caisses de l'Etat sont en train de se vider et qu'en parallèle les syndicats affûtent leurs armes contre le nouveau code du travail et la suppression de la retraite anticipée. Ce sera plusieurs dossiers et actions de protestation à gérer à la fois… Et ce n'est pas facile», prévient un proche du secteur. Les personnels de la santé, tous corps confondus, demeurent sceptiques quant à l'aboutissement du nouveau texte. «Cette nouvelle loi sanitaire doit donc – aux regards des moeurs prévalant dans la gouvernance de notre pays – être au fond d'un des nombreux tiroirs du premier responsable du secteur de la santé… à moins qu'elle ne soit dans un de ceux du Premier ministre. Personnellement, je doute que cette loi fasse consensus au sein du pouvoir qui dirige l'Algérie, au moins parce qu'elle remet en cause une option idéologique que celui ci – le pouvoir algérien – n'est pas prêt d'abandonner. La médecine gratuite. Or, cette nouvelle loi sanitaire a évacué cette donnée fondamentale sur laquelle notre politique de santé a été bâtie», soutient Mustapha Teffahi, membre actif au sein du Snapap. Et le même syndicaliste de poursuivre : «Faut-il rappeler, qu'au moment où notre système de santé était en débat, le premier ministre a claironné à cor et à cri – à qui veut l'entendre, et lors de toutes ses sorties publiques – que la gratuité des soins est un acquis social irréversible. Il savait très bien que la loi sanitaire en proposition était en contradiction avec ses propos. Pour l'instant, les choses sont en l'état. Notre système de santé continue sa descente aux enfers. Nos concitoyens malades et leurs familles sont de plus en plus révoltés par l'accueil qui leur est réservé dans les structures de santé publique». Aussi, «les personnels de santé, médecins et paramédicaux – qui sont les boucs émissaires du mécontentement de la population et servent d'exutoire à la colère de cette dernière – sont, quant à eux, devenus les victimes expiatoires des nombreux passages à l'acte violent qui surviennent dans les structures de santé publique. Un véritable cauchemar pour les citoyens. Pour les privilégiés, il reste toujours la prise en charge à l'étranger, billet d'avion y compris». K. M. ormal style='text-align:justify'K. M.