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Comme des châteaux de cartes?
DESINTEGRATION DES RESEAUX ISLAMISTES
Publié dans L'Expression le 24 - 12 - 2001

Il y a une chose qui a fait grincer les dents de beaucoup de connaisseurs de l'immense nébuleuse islamiste. C'est la facilité déconcertante avec laquelle ont sauté les uns après les autres, ses fiefs, ses réseaux et ses filières islamistes, aussi bien politiques que militaires.
Comme dans un jeu de dominos, où les pièces sont liées les unes aux autres dans leur chute, la désintégration des taliban a entraîné celle d'Al-Qaîda, qui, à son tour, a précipité la chute des réseaux islamistes à travers l'Europe et l'Amérique du Nord.
Cette mystérieuse chute des réseaux islamistes a réagi comme un château de cartes, auquel on enlève à la base, une carte-pilier. Le restant chute de lui-même. La rapidité et la facilité avec lesquelles tombent les réseaux euroaméricains de l'islamisme fondamentaliste renseignent au moins sur le fait déjà établi que ces réseaux autant ils sont performants à l'extérieur, autant ils sont friables lorsqu'on les attaque de front et de l'intérieur.
Londres, qui était la capitale mondiale de l'activisme islamiste, resserre l'étau autour de ces réseaux. Des centaines d'activistes sont quotidiennement convoqués par Scotland Yard et la police anti-terroriste. Le «vénérable» Abou Qantada est contraint de faire appel pour percevoir le «minimum vital» pour lui, sa femme et ses quatre enfants. La déchéance à l'état brut pour ce référent doctrinal des groupes armés. Sarajevo, qui avait représentée une autre région du djihad, dès 1994-95 et le conflit bosniaque, tombe à son tour. Des dizaines d'islamistes, dont au moins quinze Algériens, ont été interpellés et mis aux arrêts. La Bosnie, après l'Afghanistan, est la deuxième grande région à tomber. La France, plus performante en matière d'islamisme maghrébin, a procédé à une véritable opération de neutralisation des ex-réseaux du GIA. Le gang de Roubaix, les cellules actives ou dormantes du GIA et les activistes de divers horizons sont en train d'être totalement maîtrisés.
La Suède, qui est restée jusqu'à une date récente dans une neutralité complaisante, se met de la partie. Il y a quelques jours, un avocat égyptien a déclaré que ce pays a remis deux militants islamistes égyptiens aux autorités de leur pays après les avoir accusés s'appartenir à un mouvement interdit, en l'occurrence le Jihad.
L'Allemagne et l'Italie ont passé au peigne fin le fichier de tous les Arabes vivant dans ces deux pays. Les arrestations faites à Francfort, avec l'aide de la DST française, ont permis d'arrêter des activistes connus et d'autres qui l'étaient beaucoup moins.
La police belge, après des années de renseignement et d'investigation a neutralisé plusieurs réseaux de l'internationale islamiste qui activaient entre Bruxelles, Gand et Bruges. En termes clairs, l'islamisme est dans l'oeil du cyclone né au lendemain du 11 septembre 2001. Ce qui a été constitué en dix ans est tombé en trois mois. Les restrictions auxquelles font face les activistes islamistes dans le monde sont draconiennes. Cela mène allègrement à des excès. C'est le prix à payer dans chaque opération qui prend des allures de chasse aux sorcières.
Mais attention: comme pour le dernier quart du vingtième siècle, le début de ce millénaire marque encore l'incandescence des mouvements islamistes radicaux, qui seront - hélas - le contrepoids des hégémonies occidentales. Hélas parce qu'ils posent de vrais questions avec de fausses méthodes d'expression.
Depuis sa création en 1927, dans la périphérie cairote, l'islamisme politique a évolué, et passé d'une étape à une autre. De la revendication culturelle, sociale puis politique, il est passé au bioterrorisme, en faisant des haltes dans un radicalisme extrême ou en faisant dans l'hyperterrorisme des années quatre-vingt-dix.
Les mêmes causes engendreront les mêmes effets, et demain, ou dans une année d'autres Al-Qaîda, d'autres Ben Laden, d'autres kamikazes, ces véritables bombes humaines, viendront écraser leurs avions ou leurs tonnes de nitroglycérine sur d'autres villes et feront d'autres victimes.
On pose aujourd'hui des questions par le feu et par le sang. Les profondes disparités du monde actuel ne feront qu'exacerber cette tendance à l'autodestruction.


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