Idlib, un havre de guerre «Parce qu'Idlib est le nouveau grand défi: 2,5 millions de personnes», a expliqué l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura... «Et on ne peut évidemment pas croire qu'elles sont toutes des terroristes. Il y a des femmes, des enfants, des civils», a-t-il souligné. Les Nations unies ont mis en garde, hier, contre un nouveau désastre humanitaire en Syrie, à Idlib, lors d'une conférence des donateurs à Bruxelles en faveur des 5 millions de Syriens réfugiés dans les pays voisins et des 6,1 millions de déplacés internes. «Nous sommes préoccupés d'un point de vue humanitaire par Idlib. Parce qu'Idlib est le nouveau grand défi: 2,5 millions de personnes», a expliqué l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, au cours d'une conférence de presse avec la représentante de la diplomatie de l'UE Federica Mogherini. «Et on ne peut évidemment pas croire qu'elles sont toutes des terroristes. Il y a des femmes, des enfants, des civils», a souligné l'émissaire onusien. La province d'Idlib, frontalière de la Turquie, où vivent plus de 2,5 millions de personnes dont une moitié de déplacés, est en partie contrôlée par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham, où prédomine l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda. De nombreux rebelles et leurs familles récemment évacués de la poche insurgée dans la Ghouta orientale, aux portes de Damas, sont partis dans cette province. M. de Mistura a souhaité qu'«Idlib ne devienne pas le nouvel Alep, la nouvelle Ghouta orientale, parce que les dimensions sont complètement différentes» du fait de la taille de la province. La conférence des donateurs de Bruxelles, qui s'est ouverte hier, a non seulement pour objectif de mobiliser des fonds mais également d'encourager la relance des négociations à Genève, conduites sous l'égide de l'ONU, jusqu'à présent infructueuses. Mme Mogherini et l'émissaire de l'ONU ont exhorté la Russie, l'Iran et la Turquie - impliqués de leur côté dans le processus de pourparlers d'Astana - à faire davantage pour parvenir à un cessez-le-feu en Syrie. L'accord d'Astana, signé le 4 mai 2017 par la Russie, l'Iran et la Turquie, prévoit la création de quatre zones de cessez-le-feu en Syrie. «Le message principal est que la Syrie n'est pas un échiquier, ce n'est pas un jeu géopolitique», a plaidé Mme Mogherini. «Nous assistons à l'un des plus grands échecs politiques du début du 21e siècle», avait auparavant déploré le Haut Commissaire des Nations unies pour les Réfugiés (HCR) Filippo Grandi à l'ouverture de la conférence. «Les Nations unies ont épuisé leurs ressources», a averti de son côté Mark Lowcock, responsable des affaires humanitaires et des secours d'urgence à l'ONU. Les organisateurs de la conférence espèrent recueillir au total 9 milliards de dollars (7,3 milliards d'euros). Quelque 3,5 milliards de dollars (2,8 mds euros) sont nécessaires pour l'aide humanitaire en Syrie et 5,6 (4,5 mds d'euros) pour soutenir les réfugiés dans les pays voisins, a précisé M. Lowcock. «Les promesses de dons seront un indicateur de l'engagement international», veulent croire les responsables européens à Bruxelles. «Mais nous constatons qu'une certaine lassitude s'installe et la Syrie n'est pas le seul pays auquel il est nécessaire d'apporter une aide humanitaire», déplorent les représentants de l'UE. Environ 6,1 millions de personnes sont maintenant déplacées à l'intérieur de la Syrie. Plus de 5 millions de Syriens ont fui leur pays et 13 millions de personnes ont besoin d'aide, souligne l'UE. Quelque 85 délégations participent à cette conférence, mais les regards sont tournés vers les représentants de la Russie et de l'Iran, les deux soutiens politique et militaire du régime syrien, grand absent à Bruxelles, tout comme son opposition. La journée d'aujourd'hui sera plus politique avec l'entrée en lice des ministres. L'UE sera représentée par douze ministres des Affaires étrangères, six ministres chargés du Développement et 12 secrétaires d'Etat. Il s'agit de la septième conférence annuelle sur l'avenir de la Syrie, mobilisant pays donateurs, ONG humanitaires et agences de l'ONU. Déclenché en 2011 avec la répression par le régime de manifestations pacifiques, le conflit en Syrie a fait plus de 350.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.