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Maroc-Iran, les dessous d'une rupture
Publié dans L'Expression le 05 - 05 - 2018


Inconstance. C'est la deuxième fois que le Maroc rompt ses relations diplomatiques avec l'Iran. La première fois c'était en 2009. Rabat avait accusé Téhéran «d'activisme religieux dans le royaume». Les relations entre les deux pays ont repris en 2014. Cette deuxième rupture avec l'Iran décidée, le 1er mai dernier, par le Maroc a surpris par ce qu'il est convenu d'appeler «la jurisprudence Colin Powell». Avec ses «preuves irréfutables» qu'il se garde bien de rendre publiques. Tout comme Benyamin Netanyahu d'ailleurs qui le même jour (1er mai) déclarait à la télévision israélienne qu'il disposait de «preuves concluantes» contre l'Iran et son programme nucléaire secret. Plus personne n'est dupe. Même les médias occidentaux n'accordent plus de crédit à ce genre de «preuves». Le but de Netanyahu est de faire pression sur la décision de retrait attendu du président américain sur l'accord du nucléaire iranien signé par les grandes puissances à Vienne. Le Premier ministre israélien poursuit dans le même temps un autre objectif qui est de diviser autant que faire se peut le monde arabo-musulman. Ce qui lui facilitera la tâche contre l'Iran. Il a réussi dans un premier temps à dresser une partie des monarchies du Golfe contre Téhéran. Il espère plus et mieux si cette division pouvait s'élargir jusqu'au Maghreb. C'est ce rôle que joue malheureusement le Maroc. Et là, nous l'affirmons avec des preuves. De vraies preuves. Pourquoi le Maroc n'a-t-il pas rompu ses relations avec le Koweit quand son délégué à l'ONU a affirmé, le 29 avril dernier, le soutien de son pays «au droit à l'autodétermination du peuple sahraoui»? Pourquoi le Maroc a-t-il rétabli, l'année dernière, ses relations diplomatiques rompues avec Cuba depuis 1980? Le roi Mohammed IV s'est même ensuite rendu en visite privée à La Havane. Cuba, comme chacun le sait, est l'un des principaux soutiens historiques du Polisario. Pourquoi le Maroc a-t-il rétabli ses relations diplomatiques avec l'Afrique du Sud en décembre dernier sachant que ce pays est au même titre que Cuba un soutien historique du Polisario? Le raisonnement à la marocaine serait de se réconcilier avec ses adversaires politiques déclarés sur la question du Sahara occidental tout en s'inventant un nouveau adversaire sur des «preuves irréfutables» qu'il est seul à voir. Reste «la mise en cause indirecte de l'Algérie» dans cette rupture des relations du Maroc avec l'Iran et qui a fait réagir notre ministère des Affaires étrangères, mercredi dernier. En effet, en accusant l'Iran de fournir des armes au Polisario via son ambassade à Alger, le Maroc suggère du même coup que notre pays est également responsable de ce qui se passe sur son sol. Il y a lieu de rappeler au Maroc que notre pays est tellement vigilant qu'il jouit d'une stabilité et d'une paix au milieu d'une région en proie à de dangereuses convulsions. Même le Maroc profite de cette vigilance puisqu'il est géographiquement protégé par l'Algérie. De plus et si le Polisario défend sa cause depuis 1975 sans les armes de l'Iran pourquoi en aurait-il subitement besoin 43 ans après? Tenu de surcroît par un cessez- le-feu depuis 1991. A l'évidence cette «sortie» marocaine répond à un agenda qui n'est ni musulman ni maghrébin!

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