La modernisation du secteur financier est en marche. L'ère de dépenser sans compter mais surtout sans rendre compte est en voie d'être révolue. Le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, a passé au peigne fin le secteur des finances dans le cadre des auditions des membres du gouvernement. Il en a résulté l'ouverture de deux gigantesques chantiers pour mettre fin à la gestion obsolète d'un secteur devenu par la force des choses inopérant et archaïque. Un des deux projets concerne la réforme du système financier qui devrait connaître une plus grande efficacité de l'emploi des ressources publiques. Ce qui devrait entraîner dans son sillage les politiques publiques sectorielles qui bénéficieront d'une meilleure traduction sur le terrain. Le second chantier est celui de la réforme du système bancaire et financier sur lequel devrait s'adosser l'économie algérienne ainsi que l'entreprise. Les actions de modernisation qui seront engagées en matière d'exécution de la dépense publique serviront à améliorer et à simplifier le circuit de son exécution. Les méthodes de contrôle qui doivent accompagner ce type d'opérations se verront quant à elles, renforcées. Des mesures qui seront initiées par le gouvernement porteront sur la mise en place d'un comité interne coordonné par l'Inspection générale des finances, l'IGF. Cette dernière devrait voir ses missions et ses moyens d'intervention agir de façon plus efficace et draconienne La simplification du système fiscal à travers l'institution du dossier fiscal unique et de l'impôt forfaitaire unique, a conduit à une nouvelle organisation de la gestion de l'impôt par «clientèle». Cela s'est traduit par la création de trois nouvelles structures: la DGE, direction générale des grandes entreprises, interlocuteur fiscal unique de 860 entreprises, le centre de proximité des impôts (CPI), le centre des impôts (CDI). Toutes ces nouveautés devraient permettre une meilleure relation entre le contribuable et son administration fiscale. L'intérêt de ces réformes est cependant axé sur les répercussions qu'elles devraient avoir sur l'émergence d'une éventuelle économie productive. En effet, l'économie algérienne qui repose quasiment sur les recettes générées par les exportations en hydrocarbures, a besoin d'un souffle nouveau. C'est ainsi qu'il est prévu l'assainissement financier des entreprises publiques économiques. Il a comme objectif principal la relance de leurs biens d'activités. Une sélection sera opérée et ne seront retenues que les entreprises avérées viables. Elles seront traitées donc au cas par cas sur la base de critères bien déterminés. C'est ainsi que 407 entreprises sur un total de 1002 entreprises ont été sélectionnées afin d'être assainies financièrement. Le coût de cette opération est estimé à 306,8 milliards de dinars. En contrepartie de leur assainissement financier, ces entreprises s'engageront, sur la base d'un contrat avec l'Etat portant sur plusieurs années, à redresser leur situation économique. La volonté de l'Etat à vouloir coûte que coûte atteindre des objectifs notoires qui témoignent de la bonne santé économique de l'Algérie, se traduit aussi dans la réduction sensible de sa dette publique. Fin 2006, l'encours de la dette publique s'élevait à 1779 milliards de dinars, ce qui représente 21,3% du PIB. Il était de 32,6% en 1999. Le reliquat de la dette extérieure commerciale (entreprises publiques et privées) se chiffre à quelque 4,18 milliards de dollars. Son remboursement est prévu soit par conversion en prêts bancaires et/ou par remboursement par anticipation. Une autre défaillance qui a été observée lors de l'audition du ministre des Finances, M.Karim Djoudi, est le déficit en compétences qualifiées du ministère de tutelle. Un renforcement des effectifs par des recrutements ciblés mais aussi par l'instauration d'un dispositif de formation continue, est prévu pour y faire face. Le programme ambitieux qui vise à moderniser le secteur des finances en Algérie, est une étape incontournable et nécessaire pour rendre plus attractif le marché algérien. Il pourrait marquer aussi ce qui manque le plus à son économie, un secteur productif de qualité.