Les médecins résidents savent que s'ils ne sont pas dispensés du Service national c'est parce que justement, le pays qui les a formés pendant 12 ans a besoin d'eux Les médecins résidents qui n'ont pas forcément tort sur certaines questions, veulent cependant avoir raison à tous les coups. Le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) a dans un long communiqué, rendu public hier, asséné ses vérités. Et quelles vérités! Les médecins résidents qui n'ont pas forcément tort sur certaines questions, veulent cependant avoir raison à tous les coups. A tel point que les arguments présentés sur certaines questions, laissent pantois. En effet, il n'est pas compréhensible que de reprocher à la tutelle l'installation d'une commission mixte chargée de la révision du statut des résidents, que deux mois après l'éclatement du mouvement de grève. Tout le monde sera d'accord pour dire que le plus important est que cette commission ait été installée. De l'aveu même du Camra, cette commission a tenu sa première réunion le 23 avril dernier, mais déjà il est fait état de «son incapacité à répondre» aux revendications des grévistes étant «sans pouvoir décisionnel». N'est-ce pas là aller très vite en besogne? Revenant sur la proposition faite par le ministère de la Santé relative à la revendication phare des médecins résidents, à savoir la modulation de la durée du service civil, le Camra a tenu à expliquer les raisons de son rejet de ladite proposition. Il souligne ainsi que le ministère propose la modulation de la durée du service civil «en classant 34 wilayas dans la zone II (deux années), 12 wilayas dans la zone I (une année) et seulement deux wilayas dans la zone IV (Alger et Oran) et a laissé la zone III uniquement pour les établissements publics de santé agréés qui assurent une activité hospitalo-universitaire des wilayas de: Batna, Béjaïa, Blida, Tlemcen, Tizi Ouzou, Sétif, Annaba, Constantine, Mostaganem et Tipasa». Il note ensuite que «la durée du service civil est toujours de 4 ans, alors que notre revendication initiale était l'abrogation de son caractère obligatoire. Nous avons même élaboré et proposé des solutions à même de maintenir un service civil tout en retirant l'obligation». Le Camra ironise ensuite en se posant la question «est-il nécessaire de maintenir un service civil de 4 ans dans les CHU du nord, alors que sa vocation première est de lutter contre les déserts médicaux?» Et la question qui s'impose: les médecins résidents sont-ils prêts à passer quatre années au Sud? Non et ils le disent clairement en poursuivant leur mouvement de protestation qui dure depuis six mois. Et tout en refusant d'accomplir le service civil, ils affirment avoir la solution miracle de le maintenir sans le caractère obligatoire! Le Camra ne souffle pas un mot sur cette solution miracle et il est à se demander pour quelle raison un médecin va accepter de se rendre dans une zone isolée s'il n'est pas tenu de le faire? Il ne faut pas être un érudit pour trouver. Vraisemblablement, il ne peut s'agir que d'une forte compensation financière. Une compensation qui devra être bien plus importante que la prime proposée actuellement par le ministère et qui varie de 20.000 à 60.000 DA, selon la zone. Et à ce propos, le Camra cherche à généraliser cette prime aux wilayas du nord mais pas seulement! Prévoyant, le syndicat demande à ce que la prime soit exprimée en pourcentage car, comme il l'écrit dans son communiqué «que se passera-t-il dans quelques années, lorsque ces montants ne vaudront plus rien!? Faudra-t-il une nouvelle grève afin de les revaloriser?». Dans sa réponse, le Camra va ensuite rappeler à la tutelle que la satisfaction de certaines revendications n'est en fait qu'une application d'anciens décrets et lois. Il cite entre autres la garantie d'un logement, le droit à une prime de location en cas d'indisponibilité de logement ou encore l'avancement de carrière. Certes, cela démontre que la tutelle était «hors la loi», mais heureusement que les erreurs ont été corrigées. Cependant, malgré les promesses du ministère d'assurer actuellement le logement de fonction, le Camra estime que cela n'est pas évident. Raison pour laquelle «cette proposition ne nous satisfait aucunement. Ce que nous demandons ce sont des mécanismes de recours légaux face aux manquements des administrations locales. Nous avons par exemple suggéré une prime de location, qui nous a été refusée! Nous imaginons également une réduction de durée du service civil ou un acquittement quand la période sans logement dépasse un certain seuil». A bien voir, pour le Camra tout tourne autour de l'acquittement du service civil. Enfin, une dernière chose mérite d'être relevée dans le communiqué du Camra, à savoir sa satisfaction de l'annonce de la déductibilité de l'année du Service national de la durée du service civil. Cependant, même dans cette satisfaction, il y a un mais chez les médecins résidents qui s'interrogent. «Est-ce normal que tous les jeunes Algériens de plus de 30 ans soient graciés des obligations du Service national, sauf les médecins, les paramédicaux et les insoumis!?». Et c'est de leur droit de poser une telle question. Cependant cette question va être dénuée de tout son sens par cette deuxième question «sommes- nous donc considérés, après 12 ans d'études, comme de vulgaires insoumis!?». Impertinente remarque des médecins résidents qui savent en fait que s'ils ne sont pas dispensés du Service national c'est parce que justement, le pays qui les a formés pendant 12 ans a besoin d'eux.