Il a eu des propos très lourds à l'égard de la presse. En dépit d'un «oui» qui pèse d'ores et déjà lourd, des voix s'élèvent parmi ceux qui sont opposés au projet présidentiel, qualifiant le référendum du 29 septembre prochain de «consultation à sens unique». C'est là la lecture du Comité des citoyens pour la défense de la République (Ccdr). Dans un communiqué transmis hier à notre rédaction, ladite organisation qui a vu le jour en 1998 pour proposer un candidat unique du camp des démocrates à l'élection présidentielle de l'année suivante, rejette en bloc le projet de charte pour la paix et la réconciliation. Elle en veut pour motif que le «pouvoir a concocté un texte à huis clos, sans consultation ni débat». Le Ccdr a également eu des propos très lourds à l'égard de la presse qui, en référence à la même déclaration, «s'est transformée en agence de campagne électorale», omettant le fait que c'est grâce à cette presse que les avis des uns et des autres sont diffusés. Ce qui est gênant dans le contenu de la charte, explique le communiqué, c'est le fait que la paix proposée «suggère au criminel la non-reconnaissance de ses crimes et au peuple d'accorder le pardon». Une sentence qui, loin de toute polémique, va dans le sens inverse que ce que stipule la charte qui prive toute main entachée de sang de la grâce du peuple. Dans le même ordre d'idées, le Comité citoyen pour la défense de la République explique «qu'on ne peut gommer par un oui le devoir de mémoire, de vérité et de justice». Cette même conception, faut-il le souligner, ne cesse d'être réclamée par l'initiateur de la charte qui, sans se lasser, a prôné à maintes reprises le devoir de mémoire et le rétablissement moral pour les victimes de la «tragédie nationale». Par ailleurs, le Ccdr propose une autre version de la réconciliation. «Si une réconciliation doit se faire, c'est celle de l'Etat et de ses institutions avec le peuple pour une justice sociale réelle», suggère aussi la déclaration. Plus explicite que jamais, ce modèle de réconciliation réclamé par le Ccdr constitue aux yeux des rédacteurs du communiqué «une reconnaissance aux familles des victimes du terrorisme et à celles des disparus, quoique le projet du président, qui sera remis le 29 septembre à l'approbation du peuple, ne laisse pas de côté les «victimes de la tragédie nationale». Une fois la charte approuvée par le peuple, un ensemble de textes et de mesures seront élaborés par les pouvoirs publics afin d'assurer une prise en charge meilleure de toutes les victimes, avait déclaré le ministre de la Solidarité nationale, M.Djamel Ould Abbès dans un entretien accordé à l'Expression. Le Ccdr appréhende que les mesures inscrites dans la charte pour la paix risquent de déboucher sur une amnistie générale, chose que ne cesse d'exclure le président Bouteflika. La même organisation, qui se veut le pôle des républicains, opte plutôt pour une «alternative démocratique», tournant le dos au projet de réconciliation.