Revirement. Hier, un communiqué du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) est venu marquer la fin d'un entêtement qui dure depuis novembre dernier. Sept longs mois de grève au cours desquels le Camra n'a épargné ni les médecins résidents ni les citoyens malades ni la République. On sait qu'il y a eu le boycott des épreuves du Dems (diplôme d'études médicales spécialisées), ce qui repousse d'autant la fin du cursus universitaire et l'entrée de ces résidents dans la vie active. Pur masochisme. Ensuite, ces mêmes étudiants en médecine, déjà en grève, ont ajouté le refus d'assurer leur garde. Injuste décision envers les malades qui considèrent que le Camra ne voit en eux que de parfaits otages. L'effet boomerang de ce «lâchage» ne s'est pas fait attendre. L'opinion publique passe de l'empathie avec le mouvement du début à la condamnation pure et simple des grévistes devant la souffrance des malades laissés sans soins. Ce qui n'est rien d'autre que de «la non-assistance à personne en danger» que les autorités, dans le souci de ne pas envenimer la situation, n'ont pas voulu saisir la justice. Et puis, il y a eu ce caprice de vouloir supprimer coûte que coûte le service civil. C'est-à-dire ne pas aller soigner nos compatriotes dans les régions reculées du pays. L'incivisme, l'égoïsme et l'ingratitude réunis en un seul «package» par des Algériens qui ont eu la chance de se faire payer l'ensemble de leurs études, depuis l'année préparatoire jusqu'au résidanat, par leurs compatriotes à qui ils refusent des soins pour l'unique raison de ne pas quitter les villes et rejoindre, pour un temps seulement, les «déserts médicaux». C'est un peu fort de café quand on sait que cette activité est lucrative. Il est vrai que se posait le problème du plateau technique (paramédical, équipements médicaux, etc.), mais une fois résolu par le ministère, cela n'a eu aucune incidence sur la position du Camra qui poursuivait sa montée en cadence dans la radicalisation. Au point où plus personne ne savait ce que voulaient réellement les dirigeants de ce mouvement. Même parmi les résidents eux-mêmes puisque beaucoup commençaient à se désolidariser de cette action du Camra qui ne comptait que des perdants. Aucun gagnant. Il ne faut pas se tromper, c'est la conjugaison des répercussions négatives de cette grève, dans l'opinion publique et parmi les résidents eux-mêmes, que peut se comprendre le communiqué publié hier. Ceci dit, la page que semblent vouloir tourner les dirigeants de cette longue grève est une nouvelle à prendre en considération. Dans un souci d'apaisement et de dialogue. Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Après s'être égarés, nos médecins résidents veulent retrouver le chemin de la raison. Tant mieux pour eux. Pour les malades. Pour le pays tout entier. Il faut s'en féliciter et leur tendre la main!