Ahmed Ouyahia reçu par le président Macron Porteur de ce message, le Premier ministre Ahmed Ouyahia désigné par le Président Bouteflika pour le représenter à la Conférence internationale sur la Libye qui se tient à Paris, a été reçu à l'Elysée, par le Président Macron. Court, mais très dense. Le message envoyé par le Président Bouteflika à son homologue français, Emmanuel Macron résume, on ne peut plus clair, l'essentiel des dossiers cruciaux partagés entre les deux pays. Ils ont été synthétisés au nombre de trois: les relations économiques, la lancinante question mémorielle et l'épineux dossier du Sahel. Porteur de ce message, le Premier ministre Ahmed Ouyahia désigné par le Président Bouteflika pour le représenter à la Conférence internationale sur la Libye qui se tient à Paris, a été reçu à l'Elysée, par le Président Macron. «J'ai eu le privilège d'être reçu par le président Macron auquel j'ai porté un message verbal de Monsieur le président de la République, dans lequel il a réitéré la satisfaction de l'Algérie par rapport au rythme actuel de la coopération bilatérale, ainsi que pour la question de la récupération des restes de nos martyrs du XIXe siècle», a précisé le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Décidée officiellement et assumée publiquement, le 6 décembre 2017, lors de la visite du président français Emmanuel Macron à Alger, la restitution des restes des combattants algériens conservés au Musée de l'Homme à Paris, tarde à venir. Mais l'Algérie semble en faire, en plus des archives, une question essentielle pour préserver la cadence importante avec laquelle avance la coopération entre les deux pays. S'exprimant sur ce dossier, dimanche dernier, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a affirmé la détermination de l'Algérie à régler les dossiers des crânes des chouhada et des archives de la Révolution détenus par la France, insistant que «sans le règlement de ces dossiers, il ne peut y avoir de bonnes relations avec la France». Le second message envoyé par Bouteflika à son homologue français traitait de la question économique. «Sur le plan économique, nous avons un dossier de programme d'investissements qui est en train d'avancer et d'autres dossiers de coopération. C'était le premier volet du message dont j'étais porteur», a affirmé Ahmed Ouyahia se disant «heureux» de dire au président de la République que «le même sentiment de satisfaction et la totale disponibilité existent chez le président français et que la coopération entre les deux pays reste au niveau de ce qualificatif d'exception qu'elle a eu et qui se confirme concrètement d'année en année, même de semestre en semestre». Entre Alger et Paris, les relations économiques ont connu un réel essor, particulièrement depuis l'année 2012. Si les parts françaises du marché Algérie se sont érodées depuis ces 15 dernières années en raison de l'offensive, notamment des Chinois, des Italiens, Espagnols et des Turcs, il n'en demeure pas moins que la France reste toujours le premier investisseur hors hydrocarbures et premier employeur étranger en Algérie. Avoisinant le nombre de 500, les entreprises francaises emploient près de 40.000 salariés et créent près de 100.000 emplois indirects. Le montage automobile avec l'installation de l'usine Renault et prochainement de Peugeot a donné un nouveau souffle à cette dynamique économique. Sans compter que le principal secteur porteur d'emplois et d'activité est celui des services financiers grâce à la présence de Société Générale et BNP Paribas, les transports avec Air France. Enfin, le dernier dossier du message présidentiel a évoqué les question sous-régionales. Ahmed Ouyahia a, en effet, indiqué que l'occasion lui a été donnée pour «faire part du point de vue du président de la République sur les questions de la sous-région sur lesquelles l'Algérie et la France sont impliquées», citant la Libye, qui était le sujet de la conférence de Paris. Cependant, le Président Bouteflika n'a pas manqué de préciser, dans son message, que pour le Mali, le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, «est en train de présider le Comité de suivi de la mise en oeuvre de l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger». Une précision de taille quand on sait que la France, embourbée dans le conflit malien, est à la recherche d'une alternative. Dans un rapport rédigé par des sénateurs français, ayant effectué une mission d'audit de l'opération militaire française au Sahel et au Mali qui dure depuis 5 ans, a fait état d'une dégradation accrue de la situation sécuritaire dans la région en concluant qu'il ne peut y avoir de paix sans la participation de l'Algérie. «Lors de nos entretiens politiques au Niger et au Mali, nous avons abordé la question de l'Algérie. Il suffit de regarder une carte pour comprendre que rien ne se règlera au Sahel sans l'Algérie. On ne peut pas concevoir la paix et la stabilité de cette immense région sans l'Algérie», a souligné le rapport. L' on comprend alors la portée intrinsèque de la précision de Bouteflika sur le dossier malien. A quelques mois de l'élection présidentielle au Mali, la France est dans une impasse politique tout comme elle subit une méfiance locale grandissante. Cette méfiance s'exprime à travers les déclarations de certains députés maliens n'hésitant pas à accuser la France d'avoir pour motivation principale la mainmise sur les ressources naturelles. Un véritable casse-tête dont hérite le Président Macron.