Abdelkader Bengrina--Abderezzak Makri Les tractations que vient d'entamer le mouvement El Binaa, visent à retrouver l'ambiance partisane et politique d'antan. La mouvance islamiste opère sa mue de façon timorée, mais avec détermination pour sauver les meubles et rebondir sur la scène politique nationale de manière officielle dans la perspective d'engranger des «butins» et essayer tant bien que mal de donner l'impression d'une existence politique. Cela même si les raisons qui motivent ce redéploiement sont plus utilitariste, relevant d'un pragmatisme des plus manifestes, même si cela devrait contredire les ambitions propres de cette mouvance en quête d'une mainmise sur la société et l'Etat à travers une «déferlante» alors que le contexte régional et international n'est plus favorable à l'islam politique qui a montré son inféodation organique aux forces de déstabilisation des pays sur fond d'enjeux et d'intérêts géostratégiques. Les tractations que vient d'entamer le mouvement El Binaa, une formation politique créée par les transfuges du Mouvement de la société pour la paix (MSP) et à leur tête le nouveau président, Abdelkader Bengrina et son adjoint Ahmed Dane, vise à retrouver l'ambiance partisane et politique d'antan. Une ambiance d'un seul bloc politique au temps d'un Nahnah «rassembleur» de la famille islamiste dite «modérée» sous le même toit et sous la même démarche politique à l'égard du pouvoir consistant à faire prévaloir la participation et l'entrisme dans les rouages et les institutions du système. L'ex-ministre Abdelkader Bengrina cherche à rééditer ce scénario qui obéissait à un contexte politique de l'époque où l'Algérie vivait une situation des plus dramatiques dans les années 90 et ses retombées sur le plan sécuritaire. Après avoir mené une expérience somme toute éphémère dans un cadre qui manquait d'homogénéité et d'harmonie, à savoir l'alliance avec Ennahda et le Front pour la justice et le développement (FJD) de Abdallah Djaballah qui a essuyé des échecs cuisants lors des deux rendez-vous électoraux de l'année 2017, les législatives et les locales respectivement. Cette alliance a tourné à la désaffection et la mésentente dépassant les critères objectifs en sombrant dans des facteurs subjectifs d'ordre de leadership et d'accaparement. Depuis, cette partie qui a déserté les rangs du MSP, El Binaa en l'occurrence, est à la recherche d'un mécanisme qui précipitera la fusion du mouvement dans son ancienne structure et historique cadre partisan, à savoir le Mouvement de la société pour la paix. Bengrina veut en découdre avec ce statu quo qui taraude son mouvement qui n'arrive pas à avoir une place confortable sur la scène politique nationale. El Binaa active au double plan, le premier vise à réaliser l'unité le plus rapidement possible avec le MSP, l'ancienne demeure des transfuges. Le deuxième consiste à accélérer la démarche faisant de l'aile «modérée» de l'islamisme un potentiel politique au sein des institutions de l'Etat en affichant vertement la réintégration à nouveau dans les sphères de l'Exécutif. En ce qui concerne l'unité et la fusion, elles sont en voie d'être réalisées avec un Makri qui a le vent en poupe ces derniers temps après avoir été reconduit pour la deuxième fois à la tête du MSP en barrant la route a Bouguerra Soltani qui voulait coûte que coûte postuler à ce poste. Makri a réussi la réunification avec le Front du changement, un autre mouvement constitué de transfuges du parti de Nahnah, à leur tête Abdelmadjid Menasra. Cette fois, Makri veut réussir cette démarche avec le mouvement El Binaa en perspective de négocier et pourquoi pas ne pas conforter la position du MSP en entrant dans le gouvernement en rangs unis, constituant un bloc baptisé «islamisme modéré». Les contacts qui ont eu lieu entre Makri et Bengrina d'El Binaa se sont soldés par la mise en branle du mécanisme de la réunification et la fusion d'El Binaa et entamer l'autre étape déterminante consistant à se consacrer aux négociations avec les partis de la majorité pour constituer une alliance présidentielle plus compacte et plus «homogène» dans la mesure où le MSP et ses anciens transfuges croient que la solution à la crise politique que traverse le pays ne peut être résolue que par la consolidation de l'alliance entre les nationalistes et les islamistes, c'est-à-dire les nationalo-conservateurs. Le MSP a toujours joué ce jeu scabreux d'une alliance avec les représentants du pouvoir avec l'idée que cette dernière n'est que l'expression d'une tactique et d'une alliance conjoncturelle qui n'hypothèque pas la stratégie de la mouvance islamiste consistant à conquérir le pouvoir.