Il a enchaîné les ministères dans les gouvernements de droite de José Maria Aznar (1996-2004), encaissant en première ligne les déluges de critiques sur la marée noire du Prestige et l'engagement dans la guerre en Irak. Le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy, coulé par un scandale de corruption, a été renversé hier par le Parlement, après plus de six ans au pouvoir en Espagne, et remplacé par le socialiste Pedro Sanchez. La motion de censure contre le dirigeant conservateur a été adoptée à une majorité de 180 députés sur 350. Le sort de M. Rajoy s'est donc joué en à peine une semaine depuis le dépôt par le Parti Socialiste (PSOE) de M. Sanchez de cette motion, au lendemain de l'annonce de la condamnation du Parti Populaire du chef du gouvernement dans un méga-procès pour corruption, baptisé Gürtel. Peu de temps avant le vote, M. Rajoy, premier chef de l'exécutif renversé par une motion de censure en Espagne depuis le retour à la démocratie, avait reconnu sa défaite. Un chapitre de l'histoire politique espagnole s'est donc refermé à Madrid. Au pouvoir depuis décembre 2011, M. Rajoy, 63 ans, avait survécu à plusieurs crises majeures, de la récession, dont il est sorti au prix d'une sévère cure d'austérité, des mois de blocage politique en 2016 jusqu'à la tentative de sécession de la Catalogne l'an dernier. Renversé hier après plus de six ans au pouvoir en Espagne, le conservateur Mariano Rajoy avait jusqu'ici survécu à chaque crise en battant, patiemment, ses adversaires à l'usure. Une majorité des 350 députés ont voté une motion de censure présentée par le chef de l'opposition socialiste Pedro Sanchez, l'évinçant du pouvoir. Sa patience l'avait pourtant jusqu'ici toujours sauvé, reconnaissent ses partisans, qui voient en lui un stratège hors pair, comme ses adversaires, qui le décrivent comme un immobiliste rigide et sans charisme. C'est ainsi que malgré une série de scandales de corruption et un plan d'austérité très impopulaire pendant son premier mandat, le PP a remporté les élections législatives de décembre 2015, même s'il a perdu la majorité absolue à la chambre. En mauvaise posture pour être reconduit chef du gouvernement, Mariano Rajoy a alors regardé ses adversaires, socialistes, radicaux de gauche Podemos et libéraux de Ciudadanos, échouer à s'entendre pour le remplacer. Au bout de dix mois de blocage, marqués par de nouvelles législatives qui ont vu le PP progresser, il était à nouveau investi, à la tête cette fois d'un gouvernement minoritaire. Ressuscité mais fragilisé, il a affronté de nouvelles crises, dont la tentative de sécession de la Catalogne en octobre 2017. Malgré les critiques envers sa gestion de la pire crise qu'ait connu l'Espagne en quatre décennies de démocratie, il est parvenu à placer sous tutelle, sans les troubles redoutés, cette région pourtant très attachée à son autonomie. Les humoristes moquent ses lapalissades: «L'Espagne est une grande nation, et les Espagnols, très espagnols», lançait-il en 2015. Ce fils de président de tribunal provincial est très discret sur sa vie privée: sa femme Elvira Fernandez et ses deux enfants apparaissent très rarement en public. Il répète à l'envi qu'il a débuté comme colleur d'affiches pour l'Alliance populaire, parti fondé par des ministres du dictateur Franco, et a gravi les échelons un par un.»Quand on ne court pas, on a moins de chances de trébucher», disait-il dans une vidéo de campagne. Il a enchaîné les ministères dans les gouvernements de droite de José Maria Aznar (1996-2004), encaissant en première ligne les déluges de critiques sur la marée noire du Prestige et l'engagement dans la guerre en Irak. Puis il a essuyé, en 2004 et 2008, deux défaites aux élections législatives face au socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, avant d'être finalement porté au pouvoir dans une Espagne ravagée par la crise économique.