L'époque de la chasse aux terroristes est finie, l'heure est à la réconciliation. L'ex-membre dirigeant du parti dissous à l'étranger (FIS), M.Anouar Haddam est désormais le bienvenu dans son pays. Invité hier à la Chaîne III, le représentant personnel du président et secrétaire général du FLN, M.Abdelaziz Belkhadem, a déclaré, sans gêne, que non seulement il soutient son retour, mais il travaille là-dessus. «Nous sommes en contact avec Anouar Haddam pour le faire revenir au pays», a formellement annoncé Belkhadem. Cette déclaration traduit clairement l'engagement de l'Etat et son attachement à faire passer, à tout prix, le projet de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Elle annonce également la fin de l'époque de la traque et le début d'une nouvelle ère sous le slogan de la réconciliation nationale. Pourtant, il est nécessaire de rappeler qu'Anouar Haddam, chef de file de la direction de l'ex-FIS, a revendiqué, à partir des Etats-Unis, où il réside actuellement, l'attentat meurtrier du boulevard Amirouche en 1995. Ce qui a laissé dire au président de la République qu'il est même prêt à fermer les yeux sur le passé et accueillir à bras ouverts l'un des membres les plus actifs du parti dissous. Même s'il n'y a pas eu de convention d'extradition entre l'Algérie et la Maison-Blanche, le gouvernement tente par la voie du dialogue de convaincre Haddam de rejoindre son pays. La question qui se pose actuellement, est de savoir si l'Etat a l'intention d'acquitter cet homme de tous ses actes? Une chose est certaine, ce dernier ne mettra jamais les pieds en Algérie, si le gouvernement ne lui promet pas des garanties solides et une prise en charge totale. En développant le concept de la réconciliation nationale, le représentant personnel du président avait réitéré que celle-ci ne concernera pas les personnes impliquées directement dans des attentats, des actes de viol. Or, il est quasiment impossible pour l'Etat de reconnaître les personnes impliquées dans ces attentats. Belkhadem veut aller loin dans ce processus de réconciliation avec les terroristes en ouvrant les portes de son parti devant ces derniers. «Les militants de l'ex- parti dissous peuvent regagner le FLN», a-t-il dit. Au sujet de l'amnistie fiscale et du retour des pieds-noirs et des harkis, le représentant a brièvement dit qu'«il est hors de question d'aborder ce sujet». Interrogé sur les opposants à la charte qui sont au centre des décisions, l'invité a préféré répondre en tant que secrétaire général du FLN pour dire: «Au sein du parti je tiens à affirmer qu'il n'y a aucun militant qui est contre ce projet». Confiant et à la fois sûr de la fidélité de ses militants, il ajoutera: «Ce n'est pas au FLN qu'il faut chercher ceux qui sont contre la charte». Pour lui, la charte reste le seul moyen pour sortir le pays de la crise. «Si les personnes continuent à se venger, on ne sortira jamais du cercle de la violence et de la haine», a-t-il conclu. Par ailleurs, et au moment où l'Etat tend la main aux islamistes armés, le président du FIS dissous, M.Abassi Madani, a déclaré dans communiqué que la charte est un «projet belliqueux». L'exclusion de son parti du traitement de la crise algérienne, indique-t-il, veut dire qu'il n'y a pas de volonté de résoudre ce problème chronique et que cette réconciliation est vidée de sa substance.