Les spécialistes de l'exportation doivent créer les conditions matérielles et techniques en rapport avec le produit qu'est l'objet de l'exportation Le secteur n'a pas eu le mérite d'être classé comme un secteur stratégique. La rente pétrolière s'est substituée à tout, y compris à l'agriculture. Les produits agricoles refoulés renseignent sur «ce marasme... et aussi sur le manque de visibilité quant à ce secteur qui navigue à vue depuis plusieurs années...». L'Association nationale des commerçants et des artisans (Anca, du président Boulenouar El Hadj-Tahar a animé, hier, dans son siège sis à Saïd Hamdine un point de presse portant sur «les défis de l'exportation des produits agricoles». Cette conférence coïncide avec le refoulement des cargaisons de pomme de terre à cause d'une forte contenance en pesticides par la Russie et autres pays étrangers par rapport à d'autres produits agricoles comme c'est le cas pour la tomate. La non-éligibilité aux normes internationales de nos produits agricoles a été le thème central des acteurs et des experts qui ont assisté au point de presse organisé par l'Association nationale des commerçants et des artisans. Dans ce sens, Boulenouar s'est attelé à faire le constat de la production agricole en Algérie et la réalité de l'exportation de ces produits vers l'étranger. Sur ce volet, il a souligné qu' «au moment où beaucoup de gens s'intéressent au segment de la production agricole et à la filière de l'exportation que le marasme vient de se faire ressentir après le refoulement des produits agricoles de notre pays par la Russie, le Canada, la France et le Qatar». La question mérite qu'elle soit expliquée et que les équivoques levées car «cette affaire porte un coup dur à l'image de l'Algérie et son agriculture», déclare El Hadj Tahar Boulenouar. Il estime qu'il y a une urgence de faire un bilan objectif et sans complaisance sur ce sujet. Le président de l'association Anca a soulevé le problème quant à la manière de mettre en place la filière de l'exportation et aussi les acteurs, voire les professionnels concernés par cette filière. Dans le même registre, Boulenouar s'est interrogé sur la démarche entreprise par les pouvoirs publics pour promouvoir l'exportation des produits agricoles du pays en soulignant qu' «il y a des producteurs qui arrivent à un excédent qui pourrait être exporté mais ils ne connaissent ni les conditions ni les critères qui encadrent et régissent la filière de l'exportation», a répondu Boulenouar par rapport à la démarche de l'exportation et les confusions qui caractérisent le secteur agricole et le manque de stratégie avec tout ce que cela entraîne comme chaîne, à commencer par la production pour arriver au dernier maillon, à savoir l'exportation. Pour ainsi dire, les spécialistes de l'exportation doivent créer les conditions matérielles et techniques en rapport avec le produit qu'est l'objet de l'exportation. Cela va de la chaîne de froid, les magasins de stockage jusqu'aux moyens de transport adéquats. Pour l'expert agricole et conseiller pour les questions relatives à l'exportation, Aïssa Mansour, la production agricole «dépasse aujourd'hui dans les pays du monde le défi qui se limite à l'autosuffisance, exporter des produits vers un autre pays, c'est concevoir une démarche fondée sur la production strictement orientée vers l'exportation, on ne laisse pas le secteur de l'agriculture au hasard et quand il y a un excédent dans les produits on crie à la crise». Pour lui, «c'est toute une stratégie et une volonté politique en matière de promotion de l'agriculture et par ricochet l'exportation qui font un grand défaut», a asséné l'expert agricole, Aïssa Mansour. Dans le même sillage, ce dernier a dressé un constat amer du secteur de l'agriculture avec cette dernière «bérézina» du commerce extérieur algérien et son manque à atteindre le niveau escompté en ce qui concerne l'exportation de ces produits agricoles. Il est allé jusqu'à dire «que nous sommes le seul pays où le producteur a peur d'exporter ses produits», a-t-il mentionné. Les produits agricoles refoulés renseignent sur «ce marasme de notre agriculture et aussi sur le manque de visibilité quant à ce secteur qui navigue à vue depuis plusieurs années, malgré quelques colmatages qui ont été introduits sans pour autant booster le secteur et lui donner l'importance qui lui sied», a expliqué Aïssa Mansour, expert agricole et conseiller des questions en rapport avec l'exportation. Aïssa Mansour a indiqué qu' «il est temps de faire le nettoyage dans le secteur de l'agriculture et faire appel aux ingénieurs et experts en agronomie et dans le domaine du commerce extérieur et la promotion de l'exportation selon les normes requises et aux standards internationaux», et d'ajouter:«Le problème des pesticides qui ont été derrière le refoulement des produits agricoles, ce ne sont que l'arbre qui cache la forêt.» Certes, le problème pourrait résulter de cette utilisation qui ne respecte pas le dosage et la période requise pour recourir à ce genre de pesticides. Pourquoi on laisse ces pesticides entrer, la responsabilité des pouvoirs publics est de mise et d'ajouter qu' «il est temps que le secteur de l'agriculture se dote des agropoles pour organiser l'activité agricole et rendre efficiente la chaîne de production agricole et les autres segments inhérents, à savoir la filière de l'exportation et les moyens du transport adéquats à ce genre de produits pour conquérir les marchés internationaux et faire connaître le label algérien à l'étranger», a rétorqué Aïssa Mansour, expert agricole et conseiller en matière d'exportation. Un Conseil interministériel pour rectifier le tir L'affaire des produits agricoles refoulés par plusieurs pays étrangers ces derniers jours fera l'objet d'une réunion du Conseil interministériel qui englobera le ministère de l'Agriculture, du Commerce et des Transports. Ce Conseil interministériel se veut comme une démarche urgente pour répondre à la crise que connaît la filière de l'exportation nationale après le rejet de produits agricoles manifestés par plusieurs pays. C'est une manière de mettre le doigt sur les vraies raisons de cette situation le moins que l'on puisse dire, dramatique de notre commerce extérieur. Il est à rappeler que le secteur de l'exportation est envahi par des amateurs qui n'ont rien à voir avec la filière de l'exportation et ce que cela exige comme professionnalisme et maîtrise. La réunion va permettre de mettre un terme à cet amateurisme et assainir le secteur des rentiers qui font de ce secteur une aubaine et un marché juteux pour leurs propres intérêts au détriment de l'image du pays et de son économie. Le Conseil interministériel sera l'occasion pour exiger une coordination entre tous les opérateurs dans la filière de l'exportation et la promotion du commerce extérieur en sollicitant les professionnels et les experts pour éviter qu'il y ait d'autres situations telles celles qui viennent de frapper de plein fouet la crédibilité du pays dans le domaine de l'exportation hors hydrocarbures.