Il est bien évident que les plats de la région aux saveurs d'antan ne sont plus d'actualité. La saison estivale a été pour beaucoup de gens la période la plus appropriée pour découvrir ou déguster les bons plats d'une région. Et la culture d'une ville touristique se mesure souvent à sa gastronomie, à son art culinaire et aux saveurs de ses plats, qui constituent souvent sa carte de visite. Si Béjaïa séduit par son littoral, ses montagnes, ses forêts et ses sites historiques, il n'en n'est pas de même pour sa gastronomie. Il y a comme cela des signes qui ne trompent pas. Que ce soit dans un restaurant classé ou dans un autre tout simple, le choix n'est guère riche. La carte est pratiquement partout la même à travers nos restaurants, les plats qui atterrissent sur nos tables ne sont pas du tout différents, et ils ne le sont qu'à travers leurs accompagnements ou leurs sauces épaisses, légères ou relevées. «Les mêmes plats nous sont proposés partout», soulignait un client. Les entrées sont limitées aux omelettes ou aux hors-d'oeuvre «à la riche» et les plats de résistance sont les mêmes. Le filet de viande, la caille, la côte de veau ou le foie ne sont servis qu'en grillade. L'escalope et le carré d'agneau ou le tournedos chasseur, accompagnés le plus souvent de courgettes ou de pommes de terre cuites à la vapeur, inondent les tables des clients. La friture des poissons n'est guère variée (rougets et merlans), fines tranches de citron et quelques frites agrémentent le décor. Certains restaurants se targuent d'être les meilleurs, pendant que d'autres se vantent d'être des «spécialistes». En fait, la réalité est tout autre, les spécialités ne relèvent que de simple reprise de recettes, avec plus ou moins de succès. Mais dans tout cela, le plat propre à la région n'existe pas à Béjaïa, ville côtière dont la façade maritime s'étend sur 100 km; un restaurant qui vous propose des homards, des langoustes, des écrevisses, des crabes ou même des crevettes fraîches n'existe pas. Pis encore, la publicité mensongère qui a fini par attirer les plus naïfs d'entre nous. «poisson frais du jour» ne peut être que celui congelé d'importation qui vous sera facturé souvent aux prix exorbitants du marché. Quant au gibier, il ne faut même pas en parler, car c'est le grand absent de nos restaurants. Il est bien évident que les plats de la région aux saveurs d'antan ne sont plus d'actualité.