Selon un recensement établi par la Ligue algérienne pour la défense des droit de l'homme (Laddh), il y a environ 20.000 disparus, enlevés par les forces de sécurité. C'est ce qu'a déclaré le président de la ligue, maître Ali Yahia Abdenour lors d'une conférence de presse qu'il a animée hier au siège de la ligue. Ce bilan a été fait sous la base des plaintes déposées par les familles des disparus auprès de la ligue. S'expliquant sur ce point, Maître Ali Yahia a déclaré que seule une personne sur trois a osé déposer plainte. «Aucun disparu n'a réapparu à ce jour», a-t- il dit avant d'ajouter que «l'ordre de neutraliser les disparus a été donné par le commandement militaire». Le conférencier n' a pas hésité à évoquer le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale. Le militant pour les droits de l'homme ne rejette pas catégoriquement le projet de la charte, mais il réclame d'abord que justice soit rendue. Il reste convaincu qu'il est impossible d'instaurer la paix sans rendre justice aux familles des victimes. Cela dit, la charte pour la paix et la réconciliation ne doit pas s'adresser seulement aux groupes islamistes armés, mais également aux responsables militaires qui ont une part de responsabilité dans cette crise. Afin d'écarter une mauvaise interprétation des choses, le président de la ligue a souligné que la Laddh a toujours dénoncé tout acte de violation. «Nous ne défendons pas l'idéologie d'une partie ou d'une autre, nous défendons les droits de l'homme»,a-t-il clairement prononcé. Au sujet de l'arrestation des militants du MDS, le maître a fortement dénoncé cet acte, qu'il qualifie de scandaleux. Il expliquera dans ce sens, que ceux qui boycottent le référendum ne sont pas contre la charte, mais sont convaincus que la paix ne sera pas établie. «Interdire aux gens de s'exprimer sur leur opinion, c'est de la pure humiliation pour le peuple algérien», a t-il énoncé avant de dire que ce référendum est absurde. Le président est allé loin dans ses visions en craignant le pire après le 29 septembre. Le président de la République sera autorisé par décret de prendre des mesures qui relèvent des libertés individuelles et collectives. Il résumera ses propos en une phrase: «On revient à l'époque stalinienne». Par ailleurs, maître Ali Yahia a donné les grandes lignes du programme du 2e congrès national qui se tiendra aujourd'hui et demain à Boumerdès. A noter que, la ligue a reçu mardi matin l'autorisation de tenir le congrès. Réagissant sur ce point, le président s'est directement attaqué au ministre de l'Intérieur, lequel, affirme t-il, sous prétexte de l'état d'urgence se permet de museler les libertés publiques. Durant ce congrès, il sera question de l'élection de nouveaux responsables de la ligue et de l'élaboration d'une charte nationale des droits de l'homme.